Nous avons rencontré Skydone lors de sa première partie d’Admiral T à Lille le 29 mai 2015 (retrouvez le live report du concert ici).
Cette étoile montante du dancehall francophone est de retour avec un clip et un ep à venir.
Il nous a reçu en toute simplicité pour nous parler de sa vision de la musique et de ses projets en cours. Interview avec un artiste dont on reparlera.
La Grosse Radio : D’abord un grand merci d’accorder du temps à la Grosse Radio après ton show. Peux-tu te présenter pour les personnes qui ne te connaitraient pas ?
Skydone : Déjà merci à la Grosse Radio pour l’interview. Donc moi c’est Skydone. Artiste dancehall, reggae, hip-hop. Je joue sur plusieurs terrains entre le chant et le toast donc entre le raggamuffin et le chant pur. On peut me retrouver sur beaucoup de supports différents.
LGR : Quelles sont tes impressions après ton show en première partie d’Admiral T ?
Skydone : C’était big ! J’ai trouvé le public très réceptif avec une bonne vibe. Big up à tous les massives de Lille, c’était au top.
LGR : Peux-tu nous parler de tes projets en cours ?
Skydone : Je travaille actuellement sur un ep avec différentes compos. Il y aura une base très dansante et une autre très consciente. A la fois des titres ragga comme le morceau « Bouge » mais aussi des morceaux plus conscients comme le titre « J’écoute » que j’ai posé il n’y a pas longtemps. Ça parle des gens qui se tirent dessus et des attitudes inutiles que certains peuvent avoir. Donc un mix dansant mais conscient à la fois.
LGR : Comment ça se passe pour la production de cet ep ?
Skydone : J’ai différents compositeurs pour avoir différentes couleurs sur les morceaux. Un dans le reggae, un dans le dancehall, un dans le hip-hop. Cela permet d’avoir des personnes qui excellent dans leur branche et de récupérer des bonnes prod et surtout celles qui me conviennent le mieux dans chaque style.
Pour l’instant j’ai 7-8 titres que je suis en train de préparer mais je n’ai pas encore de date de sortie. Je me laisse le temps de bien travailler le produit. Il faut savoir que l’ep s’appelle « Musiqualité ». On travaille déjà sur la musicalité tout court donc : écouter, s’imprégner de la musique, être dedans. Ensuite « qualité » parce qu’on essaie d’avoir de la recherche, de la profondeur sur nos morceaux et de ne pas tomber dans la facilité.
Le prochain ep de Skydone s'intitulera "Musiqualité"
LGR : Tu as un registre vocal très large, tu sembles à l’aise sur tous les styles, quelles sont tes influences musicales et comment les intègres-tu dans ta musique ?
Skydone : En fait tu ne peux pas faire un album que toasté, toujours rapide où tu débites. C’est bien, ça fait bouger les gens, mais j’aime bien chanter aussi, donner une vibe au morceau. Le but c’est de donner des frissons parce que je pense vraiment ce que je dis. La musique ce n’est pas un rôle, certains peuvent jouer des rôles, mais moi je préfère passer des messages. Quand le message vient du cœur, les gens le ressentent. Mon public me connait, mon identité c’est le chant et le toast, c’est Skydone.
LGR : Justement tes lyrics sont très conscients même sur des instrus dancehall qui sont en général des morceaux plus festifs.
Skydone : Le message peut aussi être conscient sur du dancehall. La plupart des gens ont une image négative du dancehall avec certains sons qui viennent de Jamaïque où c’est très « poumpoum », claque sur les fesses, où les femmes ne sont pas respectées. Mais justement si tu apportes des messages conscients dans le dancehall, ça prend le mouvement à contresens et j’aime bien prendre les choses à contre-courant.
Beaucoup d’artistes veulent copier le style gangsta américain, mais il ne faut pas copier, il faut créer. Je n’aime pas cet effet de mode dancehall time où on jette les femmes dans le public etc. Il faut toujours avoir une démarche de respect. Comme sur le son « Je t’appelle où es tu » que j’ai fait avec Supa John. On se demande où est passé le respect envers les femmes, la famille etc, il n’y en a plus. Le respect c’est la ligne de conduite.
"Dans la musique, il faut toujours avoir une démarche de respect. C'est la ligne de conduite"
LGR : Comment as-tu commencé à faire de la musique ?
Skydone : J’ai toujours été baigné dans la musique, je suis issu d’une famille de musiciens. C’est mon frère (Zaijohn livity) qui m’a mis dans le circuit . D’ailleurs pour revenir sur les lyrics conscients, je me souviens d’une anecdote quand j’avais 12 ans. Je suis venu avec ma feuille sur une instru rap avec des textes où je parlais de drogue etc. Mon frère m’a arrêté tout de suite en me demandant si je faisais tout ce que je chantais. Je lui ai dit non. Il m’a demandé pourquoi je m’inventais une vie au lieu de faire mon propre truc. Depuis je travaille sur ce que j’aime et ce que je suis. Donc quand tu as le soutien des grands frères, ça donne un cadrage et c’est pour ça que je suis un artiste conscient aujourd'hui.
LGR : Parles-nous un peu des différents featurings que tu as pu faire. Va-t-on en retrouver sur ton ep ?
Skydone : J’ai fait pas mal de feat auparavant mais là je vais me concentrer plus sur ma carrière solo. J’ai collaboré avec pas mal d’artistes comme Supa John, des artistes de Martinique comme Nazareken, Sista Jahan ou encore Blacko. J’ai travaillé avec plusieurs artistes mais toujours dans une démarche de vibes communes. Ce n’était pas des choses arrangées à l’avance. La base c’est la rencontre humaine et après on retrouve la vibe musicale mais l’un ne va pas sans l’autre.
Sur mon ep c’est plus Skydone qui va être mis en avant mais sur l’album qui suivra j’inviterai du monde. J’ai déjà plusieurs artistes en tête mais j’en parlerai au moment où ça sortira.
LGR : Tu as des origines martiniquaises, quels sont tes liens avec l’île ?
Skydone : La Martinique c’est les racines c’est très important. C’est pour ça que dans certains textes j’utilise le créole, c’est ma culture et on a besoin de cette connexion. Je suis artiste francophone. Je vis en France, je suis né en métropole. Je suis métisse. Ma musique a été imprégnée par le hip-hop, par le dancehall, le reggae. C’est pour ça que je ne suis pas dancehall à 100% comme certains artistes des caraïbes même si j’en fait. J’ai grandi avec Lord Kossity mais aussi beaucoup de rap NTM, Zoxea, Busta Flex, ça c’était mon époque. Je ne fais pas de rap mais je vais écrire pour qu’il y ait une construction autour de ça. Après j’ai aussi les influences reggae, des artistes jamaïcains, Peter Tosh, Burning Spear, Bob Marley. J’ai des influences de partout. Mon père est Martiniquais donc j’ai baigné dans la musique zouk, socca, salsa. Et avec ma mère qui est blanche métropolitaine, j’ai vécu avec Mike Brant et Cloclo. Donc tout ça dans la tête, on écoute tous les styles.
LGR : Tu as un clip qui est sorti récemment « chante pour les femmes ». Tu peux nous en parler un peu ?
Skydone : C’est un sujet qui me tenait à cœur. Ça parle des femmes qui se prostituent pour nourrir leurs enfants. C’est une réalité aujourd’hui mais beaucoup de gens ont peur de la réalité. Parfois on me dit « tu es trash » mais il y a une réalité qui est là. La pédophilie est une réalité, les femmes battues c’est une réalité. Ce sont des faits mais les gens ne veulent pas forcément l’entendre. C’est la merde partout et ils préfèrent entendre « bouge ton boule ». Il faut le faire aussi parce qu’on a aussi besoin de s’amuser mais il y a des situations difficiles et derrière ça il y a de la souffrance donc il faut aussi le dire. Tous ces sujets me tiennent à cœur donc j’en parle. Je ne réfléchis pas à savoir est-ce que ça va marcher, est-ce que ça plait à untel. Je pense qu’on n’est jamais trop conscient. Après je voulais arriver avec ce premier clip conscient mais le prochain qui va arriver sera beaucoup plus dancehall.
Le nouveau clip de Skydone "Chante pour les femmes"
LGR : Comment tu vois l’évolution de ta carrière ?
Skydone : Pour l’instant il commence à y avoir un bon suivi par les réseaux sociaux. Le clip « Chante pour les femmes » a fait 1800 vues en moins de 3 semaines sans promo, donc pour un artiste indépendant sans promo ça commence à être pas mal.
La difficulté c’est que dans le milieu c’est assez fermé. Il y a beaucoup de concurrence entre les artistes, c’est de la compétition donc même si les autres artistes te complimentent, ils ne vont pas forcément partager ton travail, ce n’est pas si facile.
Avant tout je suis un passionné donc je vois déjà le plaisir que je prends à faire de la musique et à la partager avant de penser carrière. La musique c’est tous les jours, j’ai tout le temps des mélodies en tête. Certains font de la musique pour faire de l’argent. Moi c’est avant tout parce que je suis un passionné, après si les sous rentrent, tant mieux, j’en ferai ma carrière, mais il faut avoir la tête sur les épaules et donner tout ce qu’on a à donner.
Skydone en première partie d'admiral T au Splendid de Lille le 29 mai 2015
LGR : Un petit mot de conclusion ?
Skydone : Un gros big up à la Grosse Radio pour être venu ce soir et pour tout le travail mené. Merci au public lillois pour la vibe pendant le concert et merci à tous ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux et qui me donnent la force.
Skydone sera en concert pour la fête de la musique le 21 juin à Montsoult (95)
Retrouvez Skydone sur Youtube et Facebook
Contacts et booking : hepner@hotmail.fr
Propos recueillis par PapaRoots.
Crédits photos Fabien ORLITA
Un grand merci à Skydone et Remy pour l'accueil et la vibe positive.