Comment démarrer la soirée avec un peu de retard, déviation sur le parcours, les aléas des feux tricolores dans Clermont. Pour une première….
20h30 la Coopé, vu la file d’attente, on sent que la grande salle sera vite investie. Rentré, je vois Cultural SolJa au comptoir, son premier set fini, ayant démarré plus tôt dans la soirée et la seconde partie de la soirée City Kay est déjà à sa 3ème chanson.
City Kay, groupe rennais, nous joue un reggae progressif, oscillant entre roots, dub, électro dub voir flirtant avec l’électro tout court par moment. Leur album Daystar est à écouter plusieurs fois pour se l’approprier mais il se veut ouvert à un large public. La salle ne s’y trompe pas et apprécie le jeu de scène et la musicalité du groupe, leur "city in the jungle" est magistral.
Quand arrive la fin du set, la salle se désemplit un peu et au loin, côté petite salle on peut entendre Cultural Solja poser son son Roots & Culture. L’entre 2 scènes dure une demie heure, l’occasion d’une pause boisson, clope ou autre mais le retentissement annoncé avec un mix rapide des grands titres de Monsieur Alpha Blondy avant l’arrivée du Solar System, et des 2 choristes pour un instrumental / voix donne la note pour tout le concert : puissance et douceur à la fois. Du bon gros son comme on aime quand les basses résonnent encore et encore dans nos têtes.
L’arrivée d’Alpha Blondy, pantalon et grande chemise bleu nuit satiné, veste blanche et casquette avec l’Afrique sonne l’heure des vraies festivités : Si le démarrage ne change pas depuis déjà des années, il a fait ses preuves : on écoute religieusement le Psaume 23 "l’éternel est mon Berger" , il passe une onde mystique dans toute la salle. Finissant par "Je ne crains aucun mal, car VOUS êtes avec moi !", il entame le célèbre "Jérusalem", emprunt d’espérance de paix. La foule commence à chalouper, sautiller, la messe est dite. Le grand Alpha a encore frappé.
De son dernier album nous aurons "Rainbow in the sky" où le bassiste, Veron Dinnall reprend avec bonheur (très belle voix d’ailleurs) la partie chantée de mon artiste préféré, I Jah Man, et le "No brain no headache" avec ses riffs de guitares tout droit tiré du "who knows"de Jimmy Hendrix, morceau qui percute bien dans tous les sens. On sent que le dernier album a fait mouche.
Son "Multi partisme" (médiocratie) nous fait bien ressentir qu’il est faché et qu’il y a encore beaucoup de travail encore à faire avant la paix sociale et la paix tout court. Les cuivres donnent une dimension particulière à ce morceau et il faut bien reconnaitre que les synthés ne sonneront jamais comme de tels instruments.
Sur "Crime Spirituel", il nous entache d’un très beau discours sur l’amour de Dieu et le commandement "tu ne tueras point" que l’on retrouve dans les 3 grandes religions monothéistes en fustigeant les terroristes qui tuent au nom d’Allah ou de son prophete Mahomet. Tonnerre d’applaudissements mérités.
Le classique "Cocody Rock"fait s’enflammer la Coopé. La chanson est reprise en chœur par la foule. On sent l’osmose dans la grande salle pleine (1500 personnes), où tous les âges sont représentés . Musique universelle et intemporelle.
Viennent ensuite "Politiqui" et "Sweet Sweet Fanta Dialo", 2 classiques de son répertoire et "Peace in Libéria" sera le moment fort du concert, ascenceur émotionnel garanti.
Avec un discours sur le Général De Gaulle, la création des Nations Unis à l’aube de la seconde guerre mondiale pour dire "plus jamais çà", il le dit lui-même, "aujourd’hui, je demande la paix au Libéria, en Sierre Leone, au Mali, en Somalie, en Lybie, en Syrie, en Irak, au Soudan, au Congo, en Ukraine, au Yemen, en Centrafrique, au Nigéria, en Afghanistan et surtout entre la Palestine et Israel. Je demande une décision politique courageuse de la part des 5 membres permanents des Nations Unis à savoir la paix sur la Terre de Dieu, Israel/Palestine". Il tombe la veste pour un des titres les plus prenants de ce concert. Le guitariste, Djul Lacharme, coupe à la Kurt Cobain, nous assène un solo de guitare magistral qui montre que le reggae puise aussi ses influences dans le Rock.
Pour le titre suivant Alpha Blondy pose sur le "Heathen" riddim du grand Bob Marley pour nous dire "tu n’adoreras Dieu que Dieu" et nous raconter le 1er jour de la création suivant la Genèse avec la Création de la terre, puis la séparation de la lumière et des ténèbres qu’il appellera le jour et la nuit.
Il quittera ensuite la scène avant le rappel obligé.
Exit la casquette, il revient coiffé d’un bonnet pour entamer "Sebe allah Ye" et "I wish you were here", reprise magnifique du titre des Pink Floyd de 1975, où le synthé, dread en chignon et t-Shirt Flash Gordon s’en donne à cœur joie sur des solos endiablés.
La fin, somme toute classique mais combien efficace par son titre certainement le plus connu "Brigadier Sabary / Opération coup de poing" où il fait reprendre en chœur "Brigadier Sabaryyyyyyy !". La foule explose. Il reste l’un des grands du reggae africain et communique son énergie du haut de ses 62 printemps ! Energy Tour !
Rappels timides mais on sait déjà qu’il n’y aura pas de retour. Direction la buvette tant la température est montée à la Coopé.
Dans la petite salle, on s’installe, boisson fraiche, et on se plait à écouter Cultural SolJa, activiste Dub de la région auvergnate, créateur du Version Dubzine, fanzine hautement recommandé, bassiste hors pair et selecta pour ce soir. A l’ancienne, 2 platines, le casque vissé sur la tête pour le choix du prochain vinyl, choisi méticuleusement dans la boite de pandore. Un vrai qui aime le craquement des 45 tours et qui nous a offert une très bonne sélection : parmi celle-ci OBF sur le "mandela version" ou encore le succulent "hypocrit" de Sizzla Kalonji !
Toute bonne chose ayant une fin, retour home sweet home, avec dans la voiture…. Alpha Blondy ! Quand on aime on ne compte pas .
Un grand merci à Magcat de La Grosse Radio et à Léa de la Coopé d’avoir rendu cette aventure possible et à Kaya pour mettre des images sur ces mots.
Toutes photos droits réservés : Christine « Kaya »Pinto pour LGR et Chris Photo ( city Kay , Alpha Blondy)
Sauf Cultural SolJah