Caen s'était donc passé le mot. Ce mardi 1er décembre, malgré une concurrence féroce et en pleine semaine, la salle du Cargö s'est rapidement remplie. Et pour cause, ce ne sont nul autre que The Wailers qui étaient attendus sur la grande scène, soit tout simplement le plus grand groupe de reggae de tous les temps.
A l'entrée, on remarque quelques signes qui ne trompent pas. La moyenne d'âge est sensiblement plus élevée que d'ordinaire, signalant la présence d'une formation ayant traversé les générations. Ajoutons à cela une diversité culturelle parfaitement représentée au sein de l'assistance et un répertoire que tout le monde connaît par cœur, et nous avons là tous les ingrédients pour passer une bonne soirée.
Aston Barrett, bassiste de la grande période de Bob Marley & The Wailers (depuis 1969), est bien présent. A 69 ans, "Family Man" apparaît physiquement usé, mais musicalement toujours très affuté. A la batterie, c'est l'un de ses (nombreux) fils qui le soutient. Son physique et son talent ne sont pas sans rappeler son défunt oncle Carlton Barrett (frère d'Aston), lui aussi membre historique du groupe. Les autres musiciens, au clavier et guitares, ne souffrent aucunement de la comparaison qui pourraient être faites avec leurs illustres prédécesseurs.
Certains auraient peut-être espéré voir des compositions originales, mais c'est bien les plus grands classiques du maître Bob Marley qui seront passés en revue. La majorité du public étant venue pour chanter, danser et faire la fête, la foule n'aura donc pas été déçue.
Après s'être rapidement mis dans l'ambiance, "Is This Love" est le premier titre à mettre tout le monde sur le même pied. Vous savez, ce pied qui vous fait bouger sans que vous n'ayez rien commandé, et qui vous rend heureux sans trop savoir pourquoi.
Lorsque retentit "One Love", c'est tout la salle gradins compris qui se lève d'un seul homme, les bras et doigts levés et chantant à l'unisson.
Les musiciens produisent une prestation de haute volée, reprenant avec une précision remarquable les titres originaux. On aurait presque pu regretter l'absence d'improvisations à certains moments, mais c'était sans compter sur un solo magistral de guitare sur un mémorable "Jamming".
Les morceaux s'enchaînent, faisant la part belle à la compilation Legend sortie 3 ans après la mort de Bob, et vendue à près de 25 millions (!) d'exemplaires. "I Shot The Sheriff", "No Woman No Cry", "Buffalo Soldier", "Exodus"... Les 2 heures de show n'auront pas suffi pour interpréter tous les tubes, mais qu'importe.
Tout le monde donc, sans exception, s'est retrouvé sur un pied d'égalité. De fraternité. D'amour. C'est tout cela que véhiculent The Wailers. Lorsque vous vous surprenez à prendre autant de plaisir (et même plus) à voir un millier de gens heureux plutôt qu'à voir des phénomènes en live (ce pour quoi vous étiez venus à la base), alors vous avez gagné. The Wailers ont tout gagné. Et en ce 1er décembre, c'était jour de grande victoire au Cargö.
Setlist :
Running Away / Crazy Baldhead
Lively Up Yourself
Is This Love
Stir It Up
Positive Vibration
I Shot The Sheriff
No Woman No Cry
Buffalo Soldier
Could You Be Loved
Jamming
War / No More Trouble
One Love
- rappel -
Redemption Song
Hypocrites
Simmer Down
Exodus / Punky Reggae Party / Get Up Stand Up
Report & photos : Benustus