Il est 19h30, il fait nuit et je passe en scooter le long du boulevard de Rochechouart. Ce célèbre boulevard du XVIIIe arrondissement de Paris nous offre pas mal de salles parisiennes dont le Trianon où je vais ce soir, la Cigale, la Boule Noire, le Divan du Monde et l’Elysée Montmartre qui rouvrira ses portes dans quelques mois. J’avoue, la nuit, l’hiver, je trouve ce boulevard bien glauque et je n’aime pas du tout les vibrations de ce quartier.
Trop de saleté, de misère humaine, trop de monde, un quartier qui s’est bien dégradé au fil des années. Heureusement, au milieu de ce fameux boulevard, des salles de concerts qui font que je suis très souvent dans les parages. Depuis le 13 novembre, l’air de Paris s’est électrisé. J’ai besoin plus que d’habitude d’amour, de chaleur, d’ondes positives et de bonnes vibrations. J’ai besoin de retourner à l’essentiel de la vie et ce soir, je suis servi. C’est un concert de Jehro qui m’attend et cela me réjouit.
Jérôme Cotta alias Jehro, le Marseillais va nous réchauffer le coeur ce soir. Pas très connu du grand public, Jehro mene son petit bout de chemin depuis longtemps et il dispose d’un public fidèle qui le suit.
J’ai découvert l’artiste en 2006 avec son 1er disque solo qui porte son nom de scène et un morceau "Everything". J’étais tombé littéralement sous le charme de son univers et de sa voix.
Après quelques années où je l’avais un peu oublié, j’ai repris du service avec son dernier disque Bohemian Soul Songs sorti cette année.
Si j’ai tenu tant à le voir ce soir, c’est que j’ai adoré ce dernier et que sa voix me fait toujours autant d’effets. Il porte le même prénom que moi mais lui, il sait chanter et plutôt très bien.
Il est 20 heures, je passe les contrôles qui se sont renforcés et même mon sac avec mon appareil photo y passe puis on terminera par le détecteur de métaux. C’est bien normal et rassurant mais je me fais la réflexion ce soir qu’on vit une drôle d’époque, que la violence d’une manière générale est bien plus forte qu’avant, ce qui en découle une tension plus palpable. J’essaie toujours de voir la vie en rose, de prendre du recul mais c’est de plus en plus difficile. Il nous reste la musique et l’amour et puis ce soir, on va être servi. Gardons espoir et restons positif.
Dans la salle, Jon Morris fait la première partie. J’arrive à la fin et je ne me permettrai pas de donner un avis. Il chante en français et je l’ai trouvé seul avec sa guitare acoustique.
La salle est correctement remplie et je me glisse facilement tout devant sans gêner personne.
Avant les festivités, j’observe le public qui rassemble plus de femmes que d’hommes et des gens d’un âge très varié, entre 20 et 70 ans.
Il est 20h30, les lumières s’éteignent et les musiciens de Jehro débarquent au nombre de quatre suivis par le chanteur-guitariste.
Sur scène, on retrouve donc un clavier, un bassiste, un batteur/percussionniste, un guitariste et l’ami Jehro.
On plonge d’entrée dans son joli univers fait de douceur, de profondeur, de soleil, de partage, d’exotisme, de sensualité et de voyages.
En live, sa voix me fait le même effet que sur disque. Je me sens bien et j’oublie l’air ambiant décrit tout à l’heure. Je bouge mon petit corps comme tout le monde car avec la musique de Jehro, on a envie de partir loin, de danser, de s’aimer.
La musique de Jehro, ce n’est pas vraiment du reggae, c’est du reggae dans l’esprit mais c’est de la musique pop-rock version reggae et calypso.
On vit et ressent l’esprit du carnaval, des Antilles, de la Jamaique, de l’Afrique, une forme de musique du monde en quelque sorte.
On aura le plaisir d’entendre les meilleurs morceaux de ses trois albums solo.
Les titres qui m’ont bien marqué sont "Life", "How Long", "Almost There", "Era Nova", "Without Love" qui sont extraits de son brillant et dernier album Bohemian Soul Songs. Je n’oublie pas pour autant les classiques tels que "Tonight, Tonight", "Last Too Long", "Eveything", "i want love", "All I Want" et j’en passe.
Sur scène, il est accompagné de son fidèle guitariste qui chante également et l’accompagne parfois vocalement.
J’offre une mention spéciale à Julien Tekeyan son batteur/percussionniste. Il m’a bluffé et je suis resté scotché en le voyant et en l’écoutant. Ce Julien m’a impressionné par un jeu riche, varié, subtil, bien senti, je dis merci Julien car sa technique est remarquable.
Il nous aura offert au cours de la soirée un solo à tomber par terre et dès qu’il se met à frapper, à cogner, à mettre de la vitesse, wouah, c’est énorme. Si vous vous intéressez à son parcours, vous comprendrez encore mieux.
Pour le rappel, on aura le plaisir de voir arriver pour un titre Natacha Atlas. C’est pour moi, un joli pied de nez à certains qui pensent qu’en France, on ne vit pas bien ensemble.
La France, c’est à la base du vivre ensemble, du métissage, une culture variée et riche comme ce soir.
Après ce long rappel de quatre chansons, on terminera le concert dans la joie, le plaisir et un soleil au beau fixe.
Jehro salue son public, sert quelques mains et a l’air ravi.
Nous aussi, nous sommes ravis voire bien plus encore. Je suis, nous sommes enchantés par ce qu’on a vécu ce soir et ces 1h50 de bonheur.
Remerciements: Jehro et son équipe
Crédits photos: Lebonair