Je vous avais déjà parlé des Grenoblois Yessaï Crew et Soul Crucial Sound il y a quelques temps.
J'avais envie d'approndir le sujet afin que vous les connaissiez un peu plus. Ils ont gentiment répondu à ma demande d'interview. Découvrez ces amoureux du reggae à travers qelques questions.
1/ Pouvez-vous vous présenter succinctement et donner votre rôle au sein de Galang?
Boris : Ok alors, je m'apelle Boris, je suis derrière des platines depuis le début des années 90. Côté musique, disons, pour être succint, que j'ai commencé vers 1993 à jouer "en public" en première partie de concert ou en sound system; j'ai commencé avec mon pote Manu. Ensemble en 94 on a repris Kaleïdomuffin, une émission spécialisée dancehall créée par des "elders" en 1989 (!) sur les ondes d'une radio locale, puis quelques année plus tard Phenomenal Ragga sur une autre antenne de la région. En 1996, on a créé le Stéréo Earthquake Sound, on a organisé beaucoup de soirées sur Grenoble et tourné ensemble jusqu'en 999 puis on a continué chacun de notre côté, lui toujours avec Stéréo Earthquake et moi sous le nom de Soul Crucial Sound. Depuis 2010, Julien (du Yessaï Crew) et moi, on est résidents de La Bobine à Grenoble pour des soirées Soul, Reggae & Dancehall, les Nice and Easy.
A côté de ça, j'ai eu d' autres expériences musicales dans le milieu hip hop grenoblois notamment et dans pas mal d'autres univers musicaux par certains des jobs que j'ai fait. Le label Galang Records c'est un kiff entre Julien et moi donc, on décide ensemble de tout ce qu'on fait.
Julien : Julien, actif dans le milieu des sound systems grenoblois depuis 1998, d’abord avec l’émission de radio “Yessaï” puis à partir de 1999 avec le sound “Yessaï Crew”.
Avec Galang Records, Boris et moi n’avons pas vraiment de rôle prédéfini, on se connait bien, on discute des projets ensemble et on réalise ensemble.
2/ Comment vous êtes-vous rencontrés?
Julien : Vous pouvez aisément imaginer que le milieu des sounds systems à Grenoble avant 2000 ne comptait pas énormément de monde, on s’est donc très vite rencontré. J’allais, à l’époque (1996/1997), aux premières soirées du sound de l’époque “Stereo Earthquake” dont Boris était le sélecta et Manu, que je big up au passage, le MC.
Quand on a commencé à jouer avec Neya (MC du Yessaï Crew), on a naturellement sympathisé avec eux puis nous avons rapidement joué ensemble assez régulièrement.
20 ans plus tard, on est encore là, toujours soudés autour de notre amitié et de notre passion commune !
3/ La musique et vous c'est une longue histoire... Comment avez-vous commencé?
Julien : Bon alors personnellement c’est venu sur le "tard", il a fallu attendre l'adolescence pour moi. Je n’avais pas accès à beaucoup de musique quand j’étais jeune, juste une petite radio perdue dans un fond de vallée, et c’était les années 80, je vous laisse imaginer la prog !!
Mes parents écoutaient quand même bien Nougaro, Brel, les Beatles, Miles Davis, m'emmenaient à des concerts de jazz band mais la musique n'était pas omniprésente à la maison.
Au collège j’ai commencé à écouter du hip hop, un peu plus tard on a monté un groupe avec des potes, je jouais de la batterie... Et finalement c’est en arrivant sur Grenoble en 1995 pour faire mes études que ça a commencé à devenir une passion, jesuis allé à mes premiers sounds, j’ai tout de suite accroché avec l’ambiance, avec les sons qui tournaient sur les platines, et j’ai commencé à acheter des 45 tours très peu de temps après !
Boris : De mon côté, aussi loin que remonte mes souvenirs, la musique est présente. Chez mes parents nous n'avions pas de télé mais on écoutait toujours de la musique, de Brel à Otis Redding, en passant par Mozart ou Bob Marley. Je baignais aussi dans le rock et le punk rock depuis tout petit grâce à mon frère ainé et un de mes oncles dont j'étais très proche qui avait plein de disques. J'ai acheté à mon tour mes premiers disques dans le milieu des années 80, à l'àge de 12 ans.
La team Galang Records avec Soul Crucial Sound à gauche et Yessaï Crew à droite.
4/ Pourquoi avez-vous eu l'envie de créer Galang? C'était un rêve de gosse?
Boris : Pour moi oui c'est clairement un rêve de gosse ! J'ai passé des heures à côté de la platine familiale à bloquer sur la musique, imaginez comme j'ai pu en rêver !! Mes parents étaient entourés d'artistes, peintres, comédiens ou musiciens et il m'ont très tôt emmené à des concerts ou des spectacles, mon oncle jouait dans un groupe de rock, mon cousin faisait du reggae.. difficile pour moi de ne pas m'imaginer être de la partie un jour !
L'idée de créer Galang Records est finalement née en 2013. Après tant d'années on se connaît suffisement bien avec Julien pour se faire confiance, c'était le bon moment pour se lancer dans la production ensemble, "par pur Kiff", c'est notre leïtmotiv !
Julien : Oui c’est un peu un rêve de pouvoir produire sa propre musique ! En 2010 quand on a commencé à faire les soirées Nice and Easy à La Bobine, on y pensait vraiment pas, on voulait juste refaire des danses. J’avais un peu mis les sounds de côté après la naissance de mon fils et le départ de Neya à Toronto, et j’avais envie de retrouver l’ambiance des soirées. On a proposé à la Bobine les soirées Nice and Easy en 2010 et ça a tellement bien marché qu’on continue encore aujourd’hui. En parallélle on a aussi à organisé des dates avec des artistes comme Shinehead, David Hinds, Joggo, Bazil, Patko, Randy Valentine ou Alpheus.
L'idée de "produire" est arrivée assez naturellement finalement et grâce aux rencontres qu’on avait faites, on avait déjà des idées de réalisation communes.
Boris : Oui l'idée c'était de produire la musique qu'on imaginait, notre truc c'est de réunir des talents différents sur un projet pour arriver à sortir des titres tels qu'on a envie de les entendre.
5/ Vous avez beaucoup travailler avec Patko. Pouvez- vous nous dire comment vous vous êtes rencontrés?
Julien : On ne s’est pas croisé pendant assez longtemps avec Patko, on entendait parler de lui, et inversement, et finalement on l’a invité à chanter à l'une de nos soirées, et à partir de là on s’est vu assez régulièrement. C’était un peu avant la sortie de son premier album “Just Take it Easy”, qu’on a vraiment apprécié Boris et moi. On a ensuite décidé de bosser ensemble sur un single, le morceau “Why a Badman”. L’expérience nous a vraiment plu, et on continue aujourd’hui d’échanger autour de sa musique, c’est très stimulant en tant que sélecteur !
6/ Vous avez collaboré avec plusieurs artistes, connus et reconnus, qu'ils soient jamaicains (Charly Black), français (Patko) ou anglais (Gappy Ranks). Comment faites vous votre choix? C'est le hasard des rencontres ou bien des coups de cœurs musicaux?
Julien : Un peu des deux, on a toujours une idée précise au départ, et ensuite vient se greffer le "hasard" des rencontres !
Boris : Sur le Galang Riddim on avait une idée assez précise des artistes qu'on souhaitait approcher, et, pour notre plus grand bonheur, à deux exceptions près on a pu enregistrer vraiment ceux qu'on voulait. On a eu pas mal de demandes pour poser sur le Galang Riddim après la sortie de la première partie, on a dû les décliner parce que l'idée n'était pas de sortir 20 titres sur ce riddim, on avait vraiment une "vision" du line up d'artistes qu'on désirait et des lyrics qu'ils pouvaient poser. Il faut dire aussi que chaque titre demande du travail de mix et de mastering, ça demande du temps et de l'argent donc, pour notre part, on ne peut pas sortir des titres à la chaîne, et ce n'est pas ce qu'on recherche.
7/ Avez-vous des réalisations ou des choses de prévues pour cette année 2016?
Julien : Quand on a commencé Galang Records, on s'est dit que si on arrivait à sortir ne serait-ce qu'un titre qui sonne comme on l'imaginait, ce serait déjà bien, et finalement le résultat nous a encouragés a continuer !
On a jamais eu de plan, ce label reste notre passion, on a fait le Galang riddim en 2014 avec D&H, et les deux single de Patko, “Why a Badman” et “Hard Times” en 2014 et 2015. Pour la suite on a pas mal d’idées et d’envies, reste à les concrétiser, sans se précipiter. Ce qui nous tient le plus à coeur depuis qu’on a commencé cette aventure, c’est avant tout la qualité de la musique qu’on produit… On reste avant tout des sélecteurs, et on prend plaisir à jouer et à entendre de la musique qui sonne bien, qui soit bien mixée et masterisée pour passer sur des grosses sonos !
Boris : Produire un bon titre ne suffit pas, il faut aussi savoir le travailler pour le diffuser de la meilleure façon et donner de la visibilité aux artistes avec qui on travaille. Kirk Diamond du Don Dem qui a posé le titre 'Love Inna We Heart' sur la Galang Riddim, doit sortir son premier EP solo dans quelques mois, on y retrouvera ce titre, qui a bien très bien marché au Canada, où il vit, et un remix qu'on a co-produit avec lui. Pour le reste, comme on dit à yard, soon come..
8/ Un dernier mot pour nos lecteurs de la Grosse Radio Reggae?
Boris : Merci à toi Sana et merci à la Grosse Radio, big up à tous ceux qui nous suivent ou nous découvrent, gardez le contact, peace.
On se quitte avec la dernière production de Galang Records, un titre dancehall à souhait et en prime un clip vintage. Kirk Diamond en feat avec Bob Da Builda, "Love inna we heart". N'hésitez par à retrouvez leur musique sur bandcamp!