On ne présente plus Sizzla Kalonji, artiste ultra prolifique qui est une figure emblématique du dancehall et du ragga jamaïcain. Il fait partie des fers de lance à l’export de cette famille du reggae tout comme Capleton et Anthony B qui sont de la même génération et du même mouvement.
Voici donc un énième album au titre évocateur et sans fioriture : The Chant sur le label Afro Jam Music. De prime abord tout semble indiquer un retour à l’essentiel avec un Sizzla en pleine forme planant sur la pochette de l’album. Au final, celle-ci est un condensé de ce que l’on trouvera dans les 13 titres de ce dernier opus : de la légèreté.
Les thèmes abordés, chers à l’auteur et récurrents dans son œuvre passée sont tantôt conscients ("put away the weapons", "hungry children" ), plus lover ("a she mi love" ), ou revendicatifs de la culture rasta ( "chanting rastaman", "jah made it possible", "smoke marijuana" ). Sur le fond donc, rien de nouveau au pays du Bobo.
En effet, la clé de l’album se trouve dans la forme. Dans The chant, Sizzla ne se cantonne pas à un flow insipide et indifférencié mais joue sans cesse sur des variations, avec des effets plus ou moins réussis.
Dans "chanting rastaman", les premières mesures donnent le ton : un son très roots qui rappelle méchamment un bon vieux riddim de the Congos. La voix de Sizzla, pas forcément stable, est accompagné de chœurs tout en finesse.
"Jah made it possible" est une jolie ballade, bien orchestrée, où les voix féminines prennent le pas sur un Sizzla qui semble encore chercher la sienne.
Dans "how come", morceau très dance hall, ça se complique un peu. On retrouve un chanteur robotisé qui abuse un peu trop à mon goût des effets à la Black eyes peas.
"Put away the weapons" est plutôt réussi et joue sur la complémentarité des voix. Le refrain est scandé de façon très ciselé mais pas réellement originale. Dommage que la voix aigüe soit aussi forcée.
"Zimbabwe" débute avec une voix en réverbération. Le morceau, assez sympa, me ferait presque penser à "everyday" de Patrice.
Et voilà "Hungry Children". C’est le morceau que l’on retiendra dans cet album. Etrangement, c’est celui dont le style se rapproche le plus de la variété. L’intro aurait très bien pu aller à Yannick Noah. A coup sûr c’est un gage de réussite, commercialement parlant bien sûr.
Dans "system crash", Sizzla joue encore sur les effets pour un morceau qui m’a laissé un peu indifférent.
"what’s happening" est un morceau assez court et très énergique où l’on retrouve un Sizzla au flow rapide, sans concession. On retrouvera cette énergie dans "smoke marijuana" et "a she mi love", très ragga.
"Love Sélassié I more" et "Something Spécial" sont assez roots. Dans le premier les choristes accompagnent bien Sizzla et donnent à ce morceau un brin de sérénité.
Le dernier morceau " The chant " (qui est aussi le titre de l’album) est clairement un retour aux sources et aux fondamentaux . Accompagné uniquement par des instruments acoustiques, Sizzla nous propose une jolie berceuse que l’on se voit écouter au coin du feu.
En un album, l’artiste a réussi à nous proposer un tour de chant qui nous montre les différentes facettes de sa créativité. Il en reste un album pas forcément abouti. A force d’abuser d’effets et de variations, Sizzla m’a perdu un peu en route. Connaissant sa capacité à produire, je ne doute pas que très prochainement il nous proposera une autre galette à déguster. Garçon, la suite….