Rast’art Festival 7 – Sannerville – 10 au 12 juin 2016


Le Collectif Rast'art organisait pour la 7ème année consécutive le festival du même nom, du vendredi 10 au dimanche 12 juin 2016 dans la commune de Sannerville, à 10 minutes de Caen. 7 ans donc que les normands profitent de leur unique festival dédié au reggae dans une ambiance chaleureuse, conviviale et très bon enfant.

Comme chaque année, un thème était proposé avec de nombreuses animations et activités ludiques disponibles sur le site, sur le camping mais aussi à divers endroits de la ville. Cette fois, l'association nous invitait à "Traverser les frontières", sans passeport ni visa et sans rencontrer de douaniers.

La grande nouveauté de cette édition, c'est la présence d'une deuxième scène, la scène B, qui permet aux chanteurs sans backing band de s'exprimer. Bien sûr, la scène principale est toujours là (avec une sono plus performante) ainsi que l'espace sound system. La fluidité dans l'organisation m'empêchera de prendre part à chacune des prestations, mais voici un petit aperçu des moments que j'ai choisi de vous faire partager.

Site festival Rast'art

Site festival Rast'art

Sound System Rast'art

Vendredi 10 juin 2016

La météo annoncée depuis quelques jours laissait place à peu d'espoirs. Orages le vendredi, averses le samedi... De mémoire de rast'artien, cela aurait été une première. Mais bon, il faut croire que Sannerville est guidé par une bonne étoile comme chaque année à la même période, car la bonne humeur générale et les grosses vibrations à venir ont fait leur effet : il n'y aura pas d'orage ce soir là, seulement quelques gouttes au cours de la soirée justes bonnes pour rafraîchir les âmes un peu trop réchauffées.

A 18h, c'est Barlem B qui a eu la lourde tâche d'ouvrir le festival et d'inaugurer la scène B. Il est toujours difficile d'accueillir les premiers festivaliers, peu nombreux il faut le dire à cette heure de la soirée. Néanmoins, l'artiste caennais aura défendu son EP Here We Come avec une grande envie et avec son style dub-raggamuffin si singulier. Par chance, les retardataires auront l'occasion de le recroiser durant le week-end. Car le charme d'un festival comme le Rast'art, c'est de pouvoir rencontrer les artistes pendant 2 jours, sur le site du festival ou à plusieurs reprises sur scène invités par d'autres copains. Je ne sais pas pour vous, mais selon moi c'est un signe que d'une part les artistes sont contents d'être présents (et le font ressentir), et d'autre part que le festival est vraiment familial et chaleureux.

C'est ensuite Mos-B qui lancera les hostilités sur la grande scène. L'artiste originaire de Sierra Leone flirte entre la soul et le R&B. Mais nous aurons vu ce soir là beaucoup de reprises de classiques du reggae et du rocksteady (Ken Boothe, Alton Ellis, ...). Autre preuve de l'attachement que porte Rast'art aux artistes locaux, Mos-B est accompagné par des musiciens bien connus des scènes normandes (Positive Radical Sound, Sound Aka, Electrik Griots, ...).

Mos B

Mos B

L'arrivée de Tomawok coïncide avec une première vague d'arrivée de festivaliers. L'apéro bat son plein, il est vrai. En tout cas, l'ambiance et l'audience montent clairement d'un cran devant l'énergie débordante de l'original apache. Comme souvent, de nombreux fans auront fait le déplacement avec lui pour suivre son évolution. Et quand on entend en live des tunes comme "La Bonne Solution", "Pull Up Selecta" ou "La Lutte Finale", on les comprend !

Tomawok

Tomawok

Sitôt les calumets mis de côté, les connaisseurs se sont vite retrouvés devant la grande scène pour profiter de la sortie attendue de Joe Pilgrim & The Ligerians. Ces derniers ont fait sensation lors de la sortie de l'opus Intuitions qui a été acclamé par les fans de roots. Il ne restait plus qu'à finir de les convaincre grâce à une prestation live de haute volée, et ce fut le cas ! Joe Pilgrim est apparu très en forme, guidé par ses convictions et emportant avec lui un public conquis ! The Ligerians, fidèles à leur réputation, ont joué leur partition sans fausse note. Une bonne partie des morceaux de l'album, "Travel In a Babylon", "Lion", l'anthologique "Burn Faya" ont été sublimé. Mais le final en ébullition sur "Holy Light", remixé en version Mayd Hubb (avec qui Joe Pilgrim a collaboré) restera très longtemps dans les mémoires et fut selon moi l'un des meilleurs moments du week-end.

Joe Pilgrim & The Ligerians

Joe Pilgrim & The Ligerians

Joe Pilgrim & The Ligerians

Joe Pilgrim & The Ligerians

Pouvait alors débuter le show Irie Ites. D'abord sur la petite scène, où était attendu le Jamaïcain Perfect Giddimani. L'occasion pour lui de reprendre ses plus grands hits, ainsi que de nombreux morceaux extraits de son dernier album Reggae Farm Work ("Marcus Fi Us", "On My Corner", "Back To Black"). Ensuite à l'espace sound system, qui n'a rarement été aussi chaud qu'à cette occasion. Et là, Irie Ites a envoyé du lourd comme on dit ! De grosses tunes, des dubplates énormes, bref du grand Irie Ites !

Perfect Giddimani

Perfect Giddimani

On en avait déjà pris plein les oreilles au moment où Anthony B se lançait à son tour dans le grand bain. C'est toujours un événement d'assister à un concert de cet artiste pour lequel une majorité du public était venu. Le début du spectacle fut tout bonnement monstrueux, avec un enchaînement de ses plus grands classiques tels que "Reggae Gone Pon Top", "World A Reggae Music", "Higher Meditation", "Freedom Fighter" et j'en passe. Dans la seconde partie du concert, Anthony B a laissé un peu plus de places à ses musiciens en laissant durer les morceaux. Nous avons eu droit à quelques reprises dont certaines issues de son album Tribute To The Legends ("Imagine" de John Lennon, "There's A Reward For Me" de Joe Higgs). En guise de rappel, Anthony B ne pouvait pas partir sans interpréter son hit "Police", ni sans rendre hommage à Bob Marley en achevant sa prestation sur "One Love". Du grand art.

Anthony B

Anthony B

Anthony B

Anthony B

A peine remis de mes émotions, je (re)découvrais l'univers de Marina P dans une ambiance tout à fait différente. Son reggae-dub planant fut un régal pour les oreilles, à commencer par le titre "Already Midnight" que l'on peut retrouver sur le Digital Lab Vol. 3 ou le plus récent Digital Pixel de Manudigital.

La soirée se concluait sur un show qui ne pouvait que détonner. Retrouver ensemble Tiwony, Straïka D et Féfé Typical ne pouvait que faire rappeler de nombreux souvenirs et faire bouger les foules. Qui a oublié le méga hit "Faut qu'on soit fort" ? Les massives présents ce soir là l'avaient tous en tête. Finalement, chacun pouvait rentrer heureux en attendant le lendemain.

Marina P

Tiwony

Tiwony

Samedi 11 juin

Cette fois, c'est sûr. Le son du reggae a réussi à prendre définitivement le dessus sur les nuages, laissant la place à un soleil radieux et un temps estival qui ne nous quitteront pas en ce samedi. Résultat des comptes : Rast'art 7 - pluie 0. Un joli score pour la Normandie...

Natanja est le premier artiste à défiler sur scène, et visiblement le soleil lui a donné beaucoup de plaisir. Il n'y avait qu'à voir son visage très souriant pour comprendre que cet artiste reggae-dancehall vivait lui aussi un bon moment.

Natanja

Natanja

Natanja

On entendait déjà les échos des balances du groupe qui s'annonçait juste après, Ouzin et Fady Mélo accompagnés de Bass Boussa et Becaye. Leur musique métissée et engagée, aux influences plurielles nous avait déjà enthousiasmé il y a quelques semaines en première partie de Tiken Jah Fakoly. Leur simplicité s'est de nouveau révélée et s'est ajoutée à de nombreuses autres qualités humaines et artistiques. Il est toujours agréable de voir ces artistes profiter autant de l'ambiance du festival en se promenant sur le site et en jouant au ballon, et ce quelques secondes avant même de monter sur scène. Musicalement, ce mélange multi-culturel et multi-genre nous a une nouvelle fois séduit.

DJ Bass Boussa

Ouzin

Fady Mélo

Fady Mélo

Fady Melo et Becaye

Tribuman se plaît aussi dans différents univers. Si certains le connaissent en tant que toaster, d'autres le connaissent mieux en tant que trompettiste ayant accompagné de nombreux artistes (Earl 16, Apple Gabriel, ou plus récemment Naâman). Toujours est-il que sur scène, l'homme aborde ses 2 facettes pour la plus grande joie du public, qui se fait plaisir aussi bien sur "Underground International" (un mythique duo avec Solo Banton) que sur une délicieuse reprise de "Chase The Devil" de Max Romeo à la trompette, bien plus roots. Pour les plus observateurs, il était rejoint aux platines par Junior Lanka, chef d'orchestre aussi bien du Collectif Rast'art que de la scène B.

Tribuman

Tribuman

Tribuman

Les festivaliers ne le savaient pas encore, mais s'apprêtaient à vivre l'une des plus belles expériences que Rast'art eut l'occasion de donner ces dernières années. Cette expérience, c'est Jahneration qui nous l'a donné. Ce jeune groupe parisien de la génération de Naâman et Biga Ranx est lui aussi en train de perforer les clichés du reggae en France. Inspirés par Dub Inc, le duo de chanteurs Théo et Ogach nous ravit par leur énergie, dirigée par des riddims dansants et un flow reggae-hip-hop. A voir la foule sauter et reprendre en choeur les refrains entêtants, on se dit que ces petits gars là vont aller loin. En plus, le groupe ne stagne pas dans la facilité, et tente de repousser les limites (en considérant qu'il y ait des limites en musique...) en flirtant vers l'électro, le rock, ... Jahneration a cassé la baraque, et c'est amplement mérité. Les normands vont pouvoir s'en rendre compte une nouvelle fois lors de la Grosse Soirée du Rouen Reggae Town XXL qui approche à grands pas. Un conseil, accrochez-vous car plusieurs jours ont passé depuis la grande fête de Sannerville, et mes oreilles résonnent encore !

Jahneration

Jahneration

Jahneration

Jahneration

Difficile d'enchaîner après cela, mais c'est pourtant ce que Steppa Style s'est apprêté à faire ensuite. Le chanteur russe porte bien son nom, et propose un raggamuffin des plus efficaces. Néanmoins, il était temps pour moi de reprendre des forces, car il y avait encore du lourd à venir !

Steppa Style

Je ne parle pas de l'intervention du maire de la commune, quoique son discours habituel à ce moment du festival nous ait donné beaucoup d'espoir quant à l'avenir à Sannerville. Il s'était également juré de ne pas chantonner sur scène. C'est bien là la seule promesse qu'il ne tiendra pas, allant jusqu'à reprendre "La Marseillaise" dans une nouvelle version reggae !

Cette petite introduction sympathique a permis au Handcart Band de se mettre tranquillement en place. Ce groupe de musiciens originaire de Marseille accompagne depuis une bonne dizaine d'années des légendes comme Linval Thompson, The Abyssinians, The Mighty Diamonds... C'est aussi eux que l'on retrouve sous le nom de Young Lords, un album magnifique sorti en début d'année que je ne peux que vous conseiller d'écouter... 

The Handcart Band

Mais ce soir, c'est le grand Pablo Moses qui foule la scène en leur compagnie. L'auteur des tubes "Give I Fi I Name", "Music Is My Desire", "A Song"... interprète avec génie ses plus grands succès. Quelle joie aussi de réentendre "Dubbing Is A Must" à la sauce marseillaise ! La complicité entre le chanteur et les musiciens saute aux yeux. Parés dans leurs plus beaux vêtements à mi-chemin entre les Blues Brothers et Madness, le Handcart Band s'amuse avec brio. Et nous emporte avec le grand Pablo dans leur douce folie.

Pablo Moses

Pablo Moses

Pablo Moses & The Handcart

Pablo Moses & The Handcart

Il a aussi été question de folie dans la dernière ligne droite entamée par Big Red. L'artiste, de retour avec un nouvel album Vapor, a reçu un accueil magique. Tout comme Manudigital qui, comme à son habitude, nous a servi un spectacle fascinant pour les yeux et les oreilles. Mais que dire du final en apothéose ? Accompagné de ses 2 compères Bazil et George Palmer, « Manu » a rapidement été rejoint sur scène par Natanja, Tribuman, Imanytree, Barlem B et Theo de Jahneration ! Une bien belle famille !

Comme toujours, le Collectif Rast'art ne s'est pas contenté de proposer une succession d'artistes tous très talentueux. Cela n'est presque qu'un prétexte pour rassembler un maximum d'amoureux de reggae autour d'un but commun : partager, s'éveiller culturellement et intellectuellement tout en s'amusant et en faisant la fête. Pour cette édition 2016, le Collectif Rast'art a encore une fois touché juste en proposant un festival éthique, éco-responsable et, forcément, engagé. Et parfaitement organisé. Alors un grand bravo à tous les bénévoles, et un gros big up à Elisa et Aurélien.
 



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