Le Grand Bastringue – Cluny – 10 et 11.06.16

VENDREDI 10 JUIN : Partie rédigée par Cousto

Le premier soir du Grand Bastringue de Cluny s’est déroulé dans une ambiance festive. C’est dans les jardins de l’abbaye transformés pour l’occasion que se sont succédés Williams Brutus, Broussaï et Panda Dub.

Le temps est resté plutôt clément une bonne partie de la soirée avant de se déchaîner sur la fin sans venir contrecarrer les envies de danser des massives bien présents.

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Williams Brutus a ouvert le bal vers 20h30, proposant un set explosif tout en maîtrise et en partage. Il a séduit son auditoire par sa voix et son groove unique, faisant bouger un public encore timide mais néanmoins motivé.

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Williams Brutus nous fait voyager jusqu’à Haïti à tous les rythmes avec une coloration musicale unique qui fait tout son charme. Une entrée en matière qui fait du bien. Il sortira à l’automne son premier album solo que l’on ne manquera pas de vous présenter.

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Ce fut ensuite au tour de Broussaï de venir se frotter à un public arrivé en masse. Pas de surprise au niveau du show, carré, rôdé et totalement maîtrisé.

Le combo mâconnais enchaîne les hits de ses albums et communie avec le public, rappelant l’importance du vivre ensemble et de la solidarité.
Un set tout en énergie et en envie.

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Puis Panda Dub et Tetra Hydro K ont fait tomber sur nous des sacs d’eau. Ils attendaient  "du bordel", ils ont été servis. Comme un aimant, il ont attiré vers eux un public survitaminé dont aucun "coquinou" ne voulait laisser filer la moindre étincelle musicale.

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Un pur moment de partage même quand une coupure de courant est venu interrompre le set quelques minutes. "Bamboo Vibration" nous a apporté de la légèreté et nous a donné toute la force du panda.
Un pur moment !!!

Il y avait également lors de ce premier soir des crêpes généreuses préparées par l’association Gasole pour soutenir un projet d’irrigation au Vietnam cet été,  un bar bien rempli, des canapés confortables, des fils d’équilibre, un mur pour tagger,  des papys rigolards, des gamins sur des épaules et…. un journaliste du journal local qui n’a retenu que bagarres, gens alcoolisés et débordements en tout genre. Je lui répondrai ces quelques vers de Verlaine :

"Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
"

Merci à Frédo pour le partage et pour ses photos superbes.

SAMEDI 11 JUIN : Partie rédigée par Charliedub

C'est sous un soleil radieux, contrairement à la veille, qu'a débuté cette deuxième journée de festival. Et la programmation l'était tout autant ! Jah Prince & The Prophets, Papa Style, Joe Pilgrim & The Ligerians et Biga* Ranx.

Jah Prince, accompagné de son band The Prophets, a donc introduit le show. Assez méconnu du public, faisons quelque peu les présentations. Jah Prince, de son vrai nom Prince Serry, est un chanteur originaire de Côte-d'Ivoire. Tiens donc, comme Tiken Jah Fakoly et Alpha Blondy alors ? C'est ça !! Il avait attiré sur lui l'attention du fait qu'il avait été emprisonné dans son pays pour des raisons plus que douteuses mais qui revêtaient selon lui d'un caractère politique ; et c'est le gouvernement français qui avait permis d'obtenir sa libération : "un comité de soutien s'est créé afin d'interpeller le président Hollande sur ma situation" affirmait-il à La Grosse Radio, après son concert.

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Mais ce séjour en prison ne l'a pas affaibli, bien au contraire ! Et c'est survolté, fougueux et débordant d'énergie qu'il apparaît sur la scène du Grand Bastringue afin d'interpréter les titres de son seul album, Prisonniers de Babylone, paru en 2010. En effet, il nous confiait un peu plus tard : "Je suis plutôt concert, je ne suis pas très production".

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On soulignera que les Prophets en question sont des musiciens talentueux, avec une mention toute particulière pour le batteur. Car il en faut justement du talent auprès de Jah Prince, sachant que son concert n'est pas axé exclusivement sur le reggae. Il faut donc pouvoir jongler avec une large palette de styles, de la soul à des riffs rock en passant par le ska. Il le dit lui-même : "Je ne suis pas statique dans la musique ; cette dernière est multidimensionnelle chez moi".

Excellente entrée en matière donc de la part de Jah Prince qui a ensuite laissé la place à Papa Style.

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Ce dernier, à l'instar d'un Jah Prince, est tout aussi suractif sur scène. En témoigne assurément le titre de son album, Turbulent, sorti le 13 mai dernier (la grosse chronique ici) et composé par Massive Boris et Manudigital. Le beatmaker étant officiellement en tournée pour défendre son Digital Pixel, c'est donc accompagné d'Eurosia Sound (du selecta et d'un MC) que Papa Style s'est présenté devant le public du Grand Bastringue. Et il a littéralement mis le feu !!

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"Back in town" et "Solide" sont les deux premiers titres (comme sur l'album d'ailleurs) à avoir retenti. Histoire de montrer aux plus irréductibles, s'il y en a, que Papa Style est bel et bien dans la place et que "[s]on sound est bad, [s]on sound est big, [s]on sound est wicked, dans tous les dances, on dit qu'il est solide". Et "solide", Papa Style l'est en effet. Il sait occuper la scène avec prestance.

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Puis, il a interprété les autres morceaux phares de l'album, à savoir "Tout là-haut" ou encore "Venus d'ailleurs" qui aura été l'occasion de balancer une petite diatribe contre le Front National, puisqu'étant un turbulent, Papa Style ne peut pas rester silencieux, même entre deux tracks.

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C'est ensuite déguisé en gendarme et qu'il aura troqué sa casquette contre un képi qu'il s'est mis à entonner "La France fume" avant d'enchaîner sur le fameux et toujours aussi efficace "Yes Papa", que tout le public reprendra en chœur, en descendant vers la foule.

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Il finira sur "Hors contrôle" à l'occasion d'un petit rappel. Je dis bien petit, car malgré sa requête auprès des organisateurs (Jah Prince avait d'ailleurs fait la même demande), il ne pourra pas jouer plus longtemps. Dure loi des festivals.
Mais ce n'était pas un problème pour lui, car une demi-heure plus tard, on le retrouvait, à la surprise générale, en train de toaster auprès du Woodblocks Sound System, qui occupait le "dub corner" du Grand Bastringue.  Oui, Papa Style ne tient pas en place et demeure définitivement un turbulent.

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Moins nerveux mais tout aussi prodigieux, le son des Ligerians est venu par la suite nous envelopper de sa force roots et mystique. A vrai dire, c'était la deuxième fois que nous les voyions en quelques mois avec mon collègue photographe Frédo (voir le report de Chalon-sur-Saône ici), mais leurs prestations ne cesseront jamais de nous réjouir.

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Là encore, ils ont font montre de leur incroyable maîtrise technique et scénique en balançant en intro leur medley, avant que Joe Pilgrim, toujours coiffé d'un turban, ne surgisse pour nous faire partager le très conscient "Go down the river".

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Ainsi, c'est la majorité des titres de l'album Intuitions qui a été jouée ce soir-là à Cluny. En effet, le chanteur franco-béninois déclarait à ce propos, après un pull up sur "Forward Brothers" : "Nous devons croire à nos intuitions, elles sont là, précieuses et liquides". Qualificatifs qui pourraient tout autant s'appliquer à la musique des Ligerians. On ne peut se lasser de la fluidité avec laquelle le collectif tourangeau arrive à captiver le spectateur. Les lignes de basse, puissantes, lourdes et hypnotiques, interprétées lors de ce festival par une nouvelle recrue cela dit en passant, l'attestent. Si l'on ajoute à cela les quelques finals dub qui ponctuent certains morceaux, alors le reggae roots des Ligerians n'en est que plus transcendant.

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Et je dois bien avouer que j'attends à chaque fois avec impatience ce qui représente pour moi LA quintessence de cette texture toute particulière propre au groupe : le morceau "Night and Day". La mélodie au clavier, les choeurs des deux guitaristes et, bien évidemment, les textes et la voix de Joe Pilgrim ont pleinement conquis le public.

Lors du rappel, c'est un Gabriel Bouillon seul qui a accompagné Joe Pilgrim sur "Holy light" de manière acoustique (comme sur l'album) avant que l'ensemble du groupe ne les rejoigne sur scène.

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C'est un autre artiste de Tours qui est venu clore en beauté cette édition du Grand Bastringue : Biga* Ranx. Lui non plus donc ne pouvait être "backé" par Manudigital, le line-up se composait comme suit : un guitariste, un batteur (électronique)  et un machiniste.

Son Nightbird et ses nouvelles productions issues de Brigante Records, dont l'excellent Dub Champagne, ont quelque peu modifié la donne. Le flow du chanteur est moins incisif et moins jamaïcain mais reste toujours aussi efficace. Il en va de même concernant les instrus : les mélodies se font plus planantes et aériennes. En somme, on ressent maintenant une certaine mélancolie de la part de Biga* Ranx.

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Il a ouvert son show sur "Ordinary Day" puis il a continué sur "Gipsy Rock" avec le fameux sample de "Ready or not" des Fugees.

Ce qui était également captivant pendant ce concert furent les parties purement instrumentales. Sur des rythmes stepper ou parfois plus posés, le guitariste Antoine Duplicki, toujours en mode Jimi Hendrix avec sa guitare à l'envers, livre des solos très "shoegaze" ou orientés Dub Trio, ce qui renforce encore plus l'aspect aérien de la prestation de Biga* Ranx.

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Il a interprété ses deux hymnes : le célèbre "Air France Anthem" et "Anthem" composé par Jukebox Champions, ainsi que les classiques de Nightbird, à savoir "Paris is a bitch" ou encore "Sexy". C'est alors qu'il a également proposé sa version de "Kill kill kill" de Big Red, normal quand on sait qu'il a produit le dernier album du MC.

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Et avant de faire ses adieux au public clunisien, il a réapparu sur scène pendant le rappel pour une véritable démonstration a capella, enfin presque, car était aussi présent le batteur, sur le "Call the police" de John Wayne. Bref, du grand Biga* Ranx.

Crédit photos : Frédo Mat



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