Shaman Culture est un groupe né en 2006, composé de 8 membres et originaire du val d'oise. L’album auto - produit sur la label celluloid s’appelle tchimbe raid , traduisez tiens-bon et comprend 12 titres. Ceux-ci ont été enregistrés en 2010 et diffusés de manière assez confidentielle à l’ époque. Shaman Culture, c’est pourtant déjà plus de 200 concerts, des premières parties telles que dub inc , Danakil, Omar Perry pour ne citer qu’eux. La musique de Shaman Culture oscille entre le roots, le dub, quelques pointes de zouk et transmet une bonne énergie indéniable.
Les textes sont chantés en anglais, en français et en créole. On ressent dans cet album que les origines et les influences musicales du chanteur Wallis ne sont jamais très loin... Cela commence par le titre de l’album et la pochette où apparaît l’île de la Guadeloupe aux couleurs revisitées ( c'est aussi le logo du groupe ) . Dans une baie plutôt accueillante sous un ciel vert (couleur de l’espérance ?) , un bateau semble nous attendre. Cette image assez douce est une invitation au voyage. L’esprit du shaman commence là….
Si le chamane est un personnage ambivalent, tantôt sage ou guérisseur, on appréciera dans cet opus ces variations de tempo plutôt bien dosées qu’il nous propose . Et si tous les chemins mènent à Rome, toutes les pensées du shaman mènent à l’homme : à celui qu’il aurait pu être, celui qu’il pourrait devenir et au-delà de tout cela aux actions à conduire pour imaginer un monde meilleur. Une belle leçon d’universalité et de fraternité en somme. Shaman Culture n’oubliera pas non plus de penser à Jah, très présent, qui montre le chemin à travers plusieurs morceaux.
Les 4 featurings de l'album ( Dub inc, Bibzo, Lyricson, Original Tonkar )sont impeccables de justesse et d’énergie et apportent leur dose de puissance et de paroles revendicatives. Bref, le shaman sait s’entourer et en faire profiter les autres. C’est aussi ça le partage.
Le premier morceau "my way", débute par un riff de guitare assez envoûtant. Dans ce titre très roots dédié à Jah, les paroles minimalistes sont chantées en français. Le refrain lui est en anglais. J’ai même cru que Sting avait été invité.( Mes oreilles ont peut être mal vieilli) . Au final c’est une belle entrée en matière, avec un solo de guitare qui assure à la fin.
Le thème du changement est au cœur de la deuxième chanson "les mots" avec Lyricson. Le groupe nous embarque avec un départ très cuivré. Le flow de Wallis en français est rapide et le set de Lyricson en anglais très impressionnant. Un solo de guitare bien puissant accompagne le tout. Un morceau bien amené de bout en bout.
"Tchimbe Raid" ( avec Bibzo )est très roots et part en dub. Le message est clair, il faut tenir bon et réagir. Bibzo apporte avec sa flûte traversière une ambiance toute particulière et originale. Il chante ensuite sur un rythme assez soutenu. On tient le bon cap.
"Protection", chanté en anglais, m’est apparu comme un morceau de transition plutôt tranquille. La grande voile est hissée, on se laisse aller au gré du vent. Le calme avant la tempête ?
Dans "quel monde" ( avec Original Tonkar), l’intro est très rock et donne le ton. Le morceau fait un constat sur l’état de la planète avec des paroles assez directes. (‘arrête tes usines nucléaires ‘ ; ‘ dans quel monde vivons nous ? là où l’homme exploite son semblable ‘). La voix grave et vibrante du featuring est encore une fois de plus bien choisie.
Dans "Mon île" , au rythme très chaloupé, Wallis nous fait découvrir sa Guadeloupe natale. Un petit dépaysement sans prétention et sympathique. Le soleil est revenu.
"Lion" ne pourra pas se dissocier de "Zion" qui arrive en dernier sur l’album. Ce sont des références, vous l’aurez compris, à deux des piliers de l’identité rasta. Une guitare bien musclée accompagne un rythme assez énergique. A vrai dire, je n’ai pas trop accroché avec ce morceau.
"Profiter" débute en acoustique. Le texte répétitif et apaisant met en avant le retour à l’essentiel. ( ‘ il faut en profiter… libérer son esprit de temps en temps’ ) . La sagesse du shaman est bel et bien là. J’ai apprécié ce moment.
Avec "Waya", très dub, Shaman Culture très à l’aise nous emmène sur un autre terrain. Une bonne ligne de basse, des cuivres bien présents pour un morceau un peu plus sombre que les autres et très instrumental.
"Expliquez –moi" ( avec Dub inc ), est un titre emprunt d’incompréhension sur le développement de la violence et de l’injustice. Sur un rythme très emmené les deux chanteurs se font plaisir à lancer les mots et quelques vocalises orientales. C’est puissant et bien ficelé avec une guitare qui envoie du bois. Yes !
Alors là, je suis un peu confus. J’ai bien apprécié "les drapeaux" , morceau assez court et sorte de petite devinette très zouk. Mais quand je vous dis que mes oreilles vieillissent mal, je commence à y croire. J’ai bien compris comment était le fameux étendard mais je suis incapable de vous dire ce qu’il représente. Merci de me donner la réponse.
Et nous voilà déjà arrivés au port. Le bateau va s’amarrer avec un morceau très roots et légèrement dub : "Zion". Nous voilà rendu au paradis. L’accostage se fait en douceur.
Deux mots me sont venus à l’esprit à la première écoute de Tchimbe Raid : simplicité et efficacité. Certes on peut toujours trouver des références avec d’autres groupes, quelques longueurs sur certains morceaux. Il n’empêche que l’album en lui-même est une belle réussite. L’énergie distillée par Shaman Culture et ses acolytes participe à cela. J’ai passé un bon moment. Que demander de plus ?
Tracks List:
1/ My Way
2/ Les mots ( feat. Lyricson )
3/ Tchimbe Raid ( feat. Bibzo )
4/ Protection
5/ Quel monde ( feat. Original Tonkar )
6/ Mon île
7/ Lion
8/ Profiter
9/ Waya
10/ Expliquez-moi ( feat. Dub Inc )
11/ Les drapeaux
12/ Zion
A noter que Shaman Culture sera en concert au New Morning le 13/04/2012 à 19h30.
www.myspace.com/shamanculture
fr-fr.facebook.com/pages/Shaman-Culture/27991759290
