Dormir et ne plus jamais se réveiller… Une légende jamaicaine est partie pour Zion. La voix du Peuple s’en est allée mais dans nos cœurs et souvenirs, elle reste à jamais.
Prince Buster a tiré sa référence après 78 ans de vie terrestre. Né Cecil Campbell en 1938 à Kingston, il démarre sa carrière de chanteur et danseur à l’âge de 9 ans dans un quatuor. Tout en continuant la musique, il entame dès 10 ans une carrière de boxeur, ce qui l’amènera plus tard à devenir agent de sécurité pour Coxsone et le Studio One. ( il sauvera même pendant cette période la vie de Lee Perry lors d’une altercation entre le clan Coxsone et celui de Duke Reid de Treasure Isle).
Il obtient le nom de Prince lors de batailles/Clash dans des sounds systems. Il fréquente dès son adolescence le sound Tom the Great Sebastian qui jouait à l’époque du rythm’n’blues américain et il s’impliquera encore d’avantage dans le Sound et le label de Studio One. Cette expérience lui donne envie de monter sa propre sono « Voice of people » qui, il faut bien le reconnaitre fera concurrence à celle de Coxsone et Duke Reid. Les imports de musique US étant hors de prix pour le Prince, il décide de faire ses propres enregistrements et a l’appui de Drumbago, batteur de haute réputation qui a joué avec Don Drummond, the Skatalites et Justin Hinds. D’ailleurs le blue beat, appelé par la suite Ska serait à l’origine une demande Prince Buster, de nombreuses versions existant sur la naissance de cette rythmique. Dumbrago, Jah Jerry (Guitare) et Dennis Campbell (sax) en seraient les créateurs.
Surnommé king of Blue Beat, il ouvre sa boutique sur Orange Street et produit pour ses différents labels des titres de Derrick Morgan (qu'il clashera quelques années après sur le titre "Blackhead China Man".), Owen Gray, Don Drummond, Tommy McCook, Stranger Cole ou encpore Toots & The Maytals. On lui doit d’ailleurs le "ho carolina" des Folkes Brothers (recu d’un titre plus ancien du groupe de jazz américain The crusaders).
Il enregistre d’ailleurs lui-même des titres qui peuvent aller du léger, voir slackness ("wreck a pum pum", "10 commandments", "rough rider") en passant par des titres plus conscients ("Judge Dread", "time longer than rope", "pain in my belly"). Il obtiendra même un hit en 1967 avec le titre "Al Capone" qui restera 13 semaines dans les charts UK. Il influencera les groupes ska anglais The Specials et Madness (leur nom de groupe vient d’ailleurs d’un titre du prince).
S’il se sent une âme de défenseur des droits de l’homme noir et donne un souffle à la cutlure rasta et chrétien de naissance, il sera influencé par les Black Muslims et se convertira à l'islam pour prendre le nom de Mohamed Yusuf Ali ( on peut y voir d’ailleur un clin d’œil à son parcours de boxeur et à celui de Cassius « Mohamed Ali » Clay).
S’il arrête de chanter au début des années 70, il continue néanmoins à produire des albums de grande qualité avec des noms de légende : les Dj Big Youth et Dennis Alcapone, les chanteurs Alton Ellis, John Holt (l'album ok Fred est à se procurer d'urgence) ou encore Dennis Brown.
1974 sonne la fin de ces activités musicales, hormis un album qu’il sort en 1976 sous le nom de Yusuf Ali and the Revolutionaries.
Tout comme Coxsone et Studio one, il réédite régulièrement ses catalogues. On pourra le voir sur quelques scènes dans les années 80 et 90. Personne n’a oublié son investissement dans la musique jamaicaine et anglaise.
Legen lives on !