D'un côté King Kalabash qui tire son nom de la Calebasse, à la fois fruit et instrument de musique très courant aux Antilles et en Afrique. Né en Martinique, c'est en Guadeloupe qu'il grandit.
A cette époque, il était plus attiré par l'artisanat qui fut son moyen d'expression jusqu'en 1988, date de son retour au pays. Le déclic musical intervient alors à l'époque des sound system.
De l'autre, Baron Black, qui lui a grandi en Martinique, bercé au doux son du reggae et aux rythmes des tambours traditionnels. Il puise son style dans l'inspiration dans les années 80.
La rencontre se fait en 1992, et l'aventure Big Famili prend son envol. Le tandem, capable de chanter en créole comme dans la langue de Molière n'est pas seul. C'est tout un collectif d'artistes qu'il fédère.
Après un large succès local, ils s'installent en France en 2000 et fondent le label Black House Music.
Vingt années de complicité musicale permettent au duo de se faire un nom, notamment en Europe. Un premier album Ras'In verra le jour en 2004, qui leur ouvrira les portes des grands festivals.
En 2006, ils produiront le "Poutch Riddim" suivi par le "Bokodji Riddim".
2012 voit la sortie du premier album solo de Baron Tradisyon Mwen, pendant que King bosse sur son propre projet.
Le 7 Octobre dernier "la famille" revenait avec un second album en commun nommé Badadam, entre lyrics engagés et riddims accrocheurs, qui marque près d'un quart de siècle d'activisme au service du reggae.
Pour leur entrée dans l'arène, "Big Famili Intro" reprend l'air de "Carmina Burana".
Dans un mélange alternant entre le français et le créole, ils enchaînent avec le titre éponyme de l'album. Le micro et l'amour sont leurs seules armes.
Intro acoustique suivie d'un bon reggae roots pour ce titre "Dans mon Rêve". Les deux compères décrivent le monde tel qu'ils l'imaginaient. Un monde fait de simplicité et d'harmonie, où chacun vivait en harmonie, sans haine, sans guerre et sans violence, mais tous unis.
Quelques notes de clavier introduisent le titre "Madinina". Un new roots qui parle de leur terre antillaise et de leurs origines. On sent bien cette émotion qui nous prend aussi à l'intonation de la voix des deux chanteurs.
"Motherless Child" fait la part belle aux cordes vocales dans ce titre chanté a capella.
"Majestic Mama" en découle logiquement. Dans les îles, les mères et les grands mères sont des personnes sages, vues comme des puits de science. Les enfants aiment bien entendre les histoires riches d'enseignements qu'elles leur racontent.
Le rythme s'accélère sur "Boom Smile". Un refrain fortement inspiré du "Ba Ba Boom" de The Jamaïcans. Des textes en anglais, pour un résultat qui redonne un peu de couleurs à nos vies.
"Pliss Kultcha" est plus dans la tendance actuelle, mêlant grosse basse, un brin de hip hop, et une touche de r'n'b avec la voix féminine. Ce titre parle de la culture, du droit à l'information, de la communication surtout.
Avec l'apport des nouvelles technologies, comme internet et les réseaux sociaux, les codes ont changé, mais il ne faut pas que tout ceci éloigne les hommes, plutôt qu'ils les rapprochent.
"Money Money" parle de lui-même. Certains n'ont d'yeux que pour l'argent roi. Parfois, il arrive que ce trop plein monte vite à la tête et fasse perdre la raison.
Le suivant, "Save The Planet Heart" est tout aussi explicite à quatre voix, avec les participations de Sista Carmen et Jah Thunder.
On se l'écoute tout de suite pour le plaisir.
A l'amour de la terre suit l'amour pour une être cher. Avec cette déclaration "Grâce à ton amour", qui donne une force supplémentaire pour affronter les aléas de la vie.
S'en suit une bonne surprise sur cet album. En effet, on ne s'y attend pas forcément, mais c'est bien sur un air de ska rondement mené que défile "Ladies". Ce riddim festif se veut rassembleur, et invite à la fête et la joie.
Nouvel interlude sur cet album. Pour celui-ci, ils rendent hommage à leur manière à Claude Nougaro, en reprenant l'air de son célèbre "Amstrong". Le texte a juste été adapté pour donner "Let My Ganja Go". Cà swing, et çà donne envie de claquer des doigts avec eux.
C'est donc tout naturellement que s'enchaîne la ganja tune "Burn It Up", sur un rythme new roots plus enlevé.
La dernière piste cet opus est sur une touche de douceur,. Big Famili a choisi le thème de l'amour avec "Loversrock". Un roots assez lent, mélangeant les percussions traditionnelles à la flûte traversière. Le chant , sur cette dernière, est en créole, bien ancré dans leurs origines.
Crédit Photo: Mara Greco
Un album métissé, dans le respect de la créolité, à se procurer d'urgence.
Tracklist:
1 - Big Famili Intro
2 - Badadam
3 - Dans mon rêve
4 - Madinina
5 - Motherless Child
6 - Majestic Mama
7 - Boom Smile
8 - Pliss Kultcha
9 - Money Money
10 - Save The Planet Earth
11 - Grâce à ton amour
12 - Ladies
13 - Let My Ganja Go
14 - Burn It Up
15 - Loversrock