Force est de constater que le reggae digital connaît un certain regain d'intérêt depuis ces dernières années. Sous l'impulsion d'artistes talentueux tels que Manudigital, Jahtari, ou de la team Brigante Records, ce style est revenu sur le devant de la scène après son apparition au cours des années quatre-vingt en Jamaïque.
Le crew de beatmakers madrilènes Makka Dubba, moins connu que ses homologues précédemment cités, marque lui aussi de son empreinte cette dynamique. Jugez-en par vous-mêmes à l'écoute de "Baikonour" ou de "Ready fi dem" avec le compatriote George Palmer ; qu'il s'agisse de rub-a-dub ou de stepper, les Makka Dubba, à travers ces titres, montrent qu'ils sont des compositeurs à prendre très au sérieux.
Après avoir donc sorti quelques singles, remixes et un one riddim (le Wuan riddim), ils ont débarqué le 8 décembre avec un EP Coin 'n Bread en collaboration avec le chanteur chilien Pato Ranking (à ne pas confondre avec l'artiste dancehall nigérian Patoranking, en un seul mot).
Bien que cette production ne révolutionne pas le genre, on aura constaté que les riddims sont de qualité et que Pato Ranking, à la voix plus pop que reggae, même s'il peut prendre quelques accents ragga, est en symbiose avec eux. En effet, ici les productions de Makka Dubba sonnent nettement moins heavy que ce qu'ils pouvaient proposer auparavant, conséquence directe de leur association avec Pato Ranking. L'EP n'est pas non plus lover's rock, mais on ressent néanmoins une certaine accalmie de la part des deux beatmakers. Les basses digitales sont bel et bien au rendez-vous, mais on se concentrera plus sur l'interprétation de Pato Ranking.
On transite du rocksteady, "Follow fashion" à des instrus rub-a-dub sur "My Garden" et "Positive". Quant aux amateurs de dub, ils pourront se satisfaire de l'original "Shades in the city" puis enchaîner directement sur la version "Shades in dub".
Coin 'n Bread est finalement un EP assez homogène, sans grosse prise de risques, qui a cependant le mérite de groover. A vrai dire, c'est déjà pas mal et on n'en demande pas plus.