Antoine Stey, plus connu sous le nom de Selecta Antwan a accordé une interview pour La Grosse Radio. Pour 2017 son agenda est déjà pas mal rempli, je vous invite à lire cette entrevue pour ne rien louper de l’actualité du Selecta.
Mickey (MC): Salut Antwan, merci de m’accorder cette entrevue, pour commencer peux-tu te présenter en quelques mots pour nos auditeurs ?
Selecta Antoine (SA): Bonjour, merci à vous pour cette interview .
Je m'appele Antoine (mon vrai prénom) et je suis DJ (Sélecta) depuis presque 20 ans , j'ai commencé par me faire connaitre avec des mixtapes enregistrées dans les conditions du live, les "Reggae Live Mix" de 2005 à 2009, elles étaient plutôt bien distribuées aux puces de Clignancourt et dans les boutiques spécialisées comme Patate Records .
J'ai rejoint et suis devenu le Sélecta du Terminal Sound en 2010 , un sound-system Normand bien que je sois un Anglo/Alsacien habitant à Paris depuis de longues années. Je suis aussi le DJ de Scars, Jahneration et de pas mal d'autres artistes de la scène Reggae Dancehall .
Mon travail consiste à animer et mixer en soirée mais aussi accompagner des artistes sur scène avec mes platines et de les aider à construire leur show si besoin.
MC: Scars, Volodia, Jahneration, Ilements et j’en passe, ton tableau de chasse est impressionnant sais-tu pour combien de chanteurs tu as joué ?
SA: Honnêtement, non mais il y en a eu beaucoup ces 6 dernières années.
J'ai eu la chance de jouer avec les artistes qui ont été les pionniers de notre musique en France (et qu'on écoutait dans nos chambres plus jeune ) comme Daddy Mory, Big Red, Daddy Nuttea, Tonton David, Ramses de Saï-Saï, Soundkail, Jamadom, Sir Samuel du Saïan Supa Crew... Mais je suis surtout connu pour avoir accompagné des artistes de la nouvelle génération comme Volodia (et Phases Cachées une ou deux fois), Jahneration, Def, Mardjenal, Ilements, I-Sens, et bien sûr Scars qui fait partie de mon Sound-System et que j'accompagne sur toutes ses dates depuis 6 ans , des petits bars du début jusqu'au Zénith de Rouen ou l'Olympia en passant par les fameuses soirées du Bateau Ivre et les multiples tournées dont celle de Taïro cette année, je lui dois beaucoup.
La plupart des artistes cités plus haut je les ai rencontrés pendant les prestations avec Scars, et comme ils ont apprécié ma façon de travailler (je suppose ^^) ils ont fait appel à moi par la suite.
MC: Est-ce qu’il y a un artiste avec qui tu n’as pas encore collaboré qui te fait rêver ?
SA: La musique n'étant pour moi qu'une question de rencontres, je suis vraiment ouvert à toutes propositions tant qu'elle est sérieuse, que la personne en face de moi est motivée et que la vibe passe bien. Je suis toujours étonné et flatté qu'on fasse appel à moi, que la personne soit connue ou non , donc au premier abord, je n'ai pas vraiment d'idée ..Ou alors des artistes jamaïcains que j'apprécie comme Damian Marley ou Sizzla Kalonji bien sûr .
Pour ce qui est des collaborations pour les lives, j'ai de plus en plus envie de développer un concept de crew de DJ , comme ça a pu se faire dans le Hip-Hop, car c'est en associant notre savoir que notre musique va avancer. A Rouen, ça fait longtemps qu'on l'a compris avec des sounds comme Irie Sound, Drop It Sound et Liberty Vibes. Je joue souvent avec des DJ comme Selecta Neko ou Rézident Sound aussi car on se complète très bien et c'est bénéfique pour le public.
MC: Quelles sont tes influences, tes références ?
SA: J'ai découvert la musique par le biais d'une émission de TV qui s'appelait H.I.P.H.O.P en 1984 donc mes premières influences ont été tournés vers les Etats Unis avec la découverte du Break Dance puis les premiers groupes de Rap comme LL Cool J, Public Enemy, NWA. Tout ce qu'on trouvait à la FNAC de Strasbourg, sur certains albums comme ceux du BDP Crew, tu pouvais retrouver des collaborations avec des Jamaïcains comme Jamalski et déjà à l'époque le phrasé en patois et en mode Ragga m'avait marqué. Le Reggae j'en ai toujours entendu un peu ,mais c'est bien sûr au collège et lycée que mes potes adeptes de ganja m'ont fait découvrir les classiques comme Bob Marley, Alpha Blondy. Il ne faut pas oublier qu'on entendait du Reggae en boite à l'époque avec Eddy Grant, Jimmy Cliff, etc... Vers la même époque, en 1989, la compilation Rappattitude est arrivée et ça a tout changé pour moi, j'ai découvert qu'il y avait une vraie scène Hip-Hop et Reggae/Ragga en France avec des groupes comme NTM, Saï-Saï, Tonton David, etc ... A partir de ce moment je n'ai plus lâché la musique jusqu'à mon arrivée à Paris à l'âge de 20 ans et l'achat de mes premières platines.
Pour ce qui est des références je dirais Bob Marley que ce soit musicalement ou même au niveau de son histoire personnelle, je me suis intéressé très jeune à lui et à ses textes, ma pauvre maman (anglaise) était obligée de me traduire toutes ses chansons et toutes les K7 vidéos que je trouvais sur lui à l'époque.
Pour ce qui est des DJ/Selecta je dirais David Rodigan, un pionnier, un des premiers européens à être allé en Jamaïque pour jouer contre un sound local, il joue et anime et met le bordel qu'importe le lieu et le public, j'aime son ouverture musicale et sa simplicité, pas de bling-bling ou de gros crew autour de lui.
MC: Tu fais partie du Terminal Sound depuis un petit moment déjà, peux tu nous en dire plus sur ce collectif ?
SA: J'ai rejoint le Terminal Sound il y a 6 ans, fin 2009. C'est un sound-system originaire de Rouen, Reggae /Dancehall à la base, crée en 2005 par deux étudiants en classe de ... Terminal, Selecta Lab et Mc Chek, je les ai rencontrés par le biais d'un artiste qui s'appel Vaga avec qui je voulais enregistrer une chanson pour une de mes mixtapes, il m'a dit "OK RDV Samedi à Rouen il y a un sound qui joue" c'était Terminal Sound .
Sont arrivés en même temps que moi, Scars et Yslovah, à nous trois nous formons le Terminal Sound depuis 2012 environ, après que les autres membres aient quitté le collectif.
Dans un premier temps, notre objectif a été d'organiser des soirées et trouver des lieux pour jouer et faire venir nos potes, car à part une petite résidence une fois par mois dans un bar (le Kingston Bar) il n'y avait pas grand chose pour nous .
On a vraiment joué dans un nombre incalculable de bars et de petits salles en Normandie (certaines où nous retournons toujours) mais les choses ont evolué pour nous avec les soirées "Rouen Reggae Town" au Bateau Ivre, une idée de Scars suite à une invitation de Nâaman à Dieppe pour ses "Deeptown Reggae Party", à partir de là, on a invité tous nos potes à leur début : Yellam, Nâaman, Mardjenal, Phases Cachées, Def et beaucoup d'autres dont les locaux bien sûr, sans oublier certaines "têtes d'affiches" comme Taïro avec qui on est resté en très bons termes, et avec qui on a eu le record de cette salle vieille de 30 ans et fermée maintenant.
On a continué à organiser et co-organiser des évènements en Normandie, beaucoup moins maintenant par manque de temps. Mais d'autres ont continué et le font très bien. Ce qui fait que la Normandie est devenue une terre où le Reggae se porte bien, même si à Rouen il est de plus en plus difficile de trouver des lieux.
Avec Scars, nous représentons maintenant le Terminal Sound et la Normandie à travers toutes nos dates, un peu partout en France. Même si ça reste anecdotique, je suis quand même content que ces deux dernières années, Terminal Sound ait été nominé au Reggae Awards de Reggae.fr dans la catégorie Sounds sans sono. Je n'aurai jamais pensé me retrouver au côté de bigs sounds que je respecte et suis depuis des années, ça prouve que le travail paye.
MC: On te retrouve encore cette année sur l’affiche du Rouen Reggae Town le 21 Avril prochain au Zénith de Rouen, affiche que tu partages avec Tryo, Dub Inc, Protoje et d’autres, comment te sens-tu à 3 mois de ce concert ?
SA: Déjà la quatrième édition, en effet c'est dingue! Cette année encore plus que les autres, Volume (en accord avec Terminal Sound), à fait le maximum pour faire une affiche attractive pour tous les styles d'amateurs de Reggae, tout en gardant l'âme des Rouen Reggae Town de l'époque du Bateau Ivre. C'est-à-dire une touche de Hip-Hop, un ou plusieurs chanteurs locaux ou proches de nous et bien-sûr Terminal Sound pour ambiancer tout ça.
Je pense que ça va être la plus belle édition cette année, et je ne ressens aucune pression, mais j'ai hâte d'y être car Rouen Reggae Town c'est aussi la soirée où je vois tous les massives qui nous suivent tout au long de l'année.
MC: Ta MixTape ‘’Terminal Sound- Welcome Inna Di Terminal Dub Box’’ a été nominée dans la catégorie Mixtape de l’année aux victoires du Reggae à coté de grands artistes, peux tu nous donner ton ressenti par rapport à ça ?
SA: Ces dernières années, je vais de surprises en surprises. Cette année, la nomination de ma MixTape en a été une en effet. Bien que j'avais eu de bons retours, je ne m'y attendais pas. Je fais une MixTape environ deux à trois fois par an, pour maintenir la coutume des "live mix" comme à l'époque des MixTapes; la seule différence c'est que là, j'y ai mis tous les inédits que les potes m'ont fait ces dernières années. J'y ai rajouté quelques perles enregistrées à l'époque par les fondateurs de Terminal Sound et ça a plu. Je pars toujours du principe que si tu essayes de bien faire ton travail, si tu es sérieux et si tu le fais avec le coeur, tu peux y arriver. Qu'importe le budget, etc... Même si la finalité reste de partager du son bien-sûr.
MC: Selecta Antwan et Terminal Sound, en terme de projet, en 2017 quelle est l’actualité à venir ?
SA: Pour ce qui est de 2017 pour Terminal Sound, il y a bien-sûr le deuxième album de Scars qui va sortir sous peu, nous serons un peu partout sur les radios en sounds, concerts et festivals.
Toujours mes activités de DJ, avec de nouveaux concepts et de nouvelles idées. Le lancement de tee-shirts Terminal Sound car on a une grosse demande et maintenant on a trouvé un associé pour les produire et les distribuer ( Méfians Wear). J'ai aussi comme projet de produire quelques chansons même si je ne sais pas à proprement créér une instru, j'ai beaucoup d'idées et maintenant les links nécessaires pour faire un projet sérieux et abouti. Donc en 2017, on ne va pas chômer!
MC: Peux-tu nous donner tes prochaines dates de concert ?
SA: Je vais avoir un gros mois de Février avec une tournée d'hiver de 14 dates, je commence par une soirée à Rouen au Kube Klub le 3 Février avec la Scred Connexion puis je pars dans les Alpes avec un jeune chanteur qui s'appel I-Sens pour 7 dates d'affilée. Ensuite je pars pour 6 dates, toujours dans les Alpes avec mon ami Rezident et Tchong de Broussaï, et à partir du mois de Mars on reprend les tournées avec Scars dont quelques dates restent sur la tournée de Taîro dont son Olympia. En Avril, on présentera l'album de Scars au 106 à Rouen avec les potes de Jahneration avant d'enchaîner sur le Rouen Reggae Town puis les tournées d'été et bien-sûr je continue les sounds-systems à Evreux, Compiègne et Rouen.
MC:Merci Antwan de m’avoir donner de ton temps, as-tu un dernier mot pour les auditeurs de La Grosse Radio ?
SA: Un gros Big-Up à tous les auditeurs de La Grosse Radio, restez connecté, une fois par mois je vous fais un live mix exclusif rien que pour vous qu'on peut retrouver dans les podcasts. Il y a eu le spécial Noël, le spécial Nouvel an, le spécial Fondation du Reggae français et bientôt le prochain.
Ecoutez Selecta Antwan sur SoundCloud.