KSD, c'est le nom du petit nouveau qui a rejoint les rangs de l'écurie Brigante Records, il y a peu. Et forcément, on ne sait pas grand-chose de lui, à part qu'il sort un EP, Behind the Road, le 3 février, chez Brigante Records justement.
En fait, pour se faire une idée plus précise du personnage, on s'est rendu sur son Soundcloud, sauf qu'il n'y a aucun son ! On s'est donc penché sur les chaînes auxquelles il est abonné, pour voir en gros quelles sont ses influences. Et là, ça commence à devenir très intéressant : bon, hormis toute la team Brigante (Telly*, Supa Mana, Higher Light, Atili Bandalero...) et des medias dont nous ne citerons pas le nom (faut pas déconner non plus), on s'aperçoit que KSD a du goût. Attention, c'est du lourd : le label Ninja Tune, Diplo, The xx, Maffi, Flume, Barbès D, Dub Invaders, bref que des trucs qu'on kiffe !
On peut clairement affirmer que sa musique est en quelque sorte un condensé de tout ça, même si le rub-a-lounge si cher à Brigante Records traverse l'ensemble de Behind The Road. Ainsi, c'est dub, c'est digital, c'est electro, mais c'est surtout chill et vapor. Enormément inspiré par tous les sons electro anglais, on remarque juste qu'il manque peut-être quelqu'un dans les artistes que KSD apprécie : Massive Attack. En effet, cet EP sent bon également le trip-hop de Bristol, même si les productions des Londoniens de The xx couplées aux beats de l'Australien Flume (vous savez, celui qui est l'auteur du remix énorme de "You & Me" de Disclosure) peuvent déjà vous donner un aperçu assez fidèle de ce que peut faire KSD. Rajoutez quelques skanks, et vous obtenez la recette magique de Behind The Road. Quoi, tu ne connais pas The xx ? Va vite écouter !
Et on ne peut s'empêcher bien évidemment de faire un parallèle avec le Bridge over troubled dreams d'Atili Bandalero sorti l'année dernière. A ce propos, Atili Bandalero avait justement proposé un mash up entre le "You & Me" précédemment cité et le "Storm Dance" de son frère Biga*Ranx. Ce dernier d'ailleurs avec son "Sober" se rapproche aussi musicalement de Flume.
Bon, et il dit quoi cet EP, alors ? Il s'ouvre par "The Dunce", morceau pleinement dans la lignée du future beat qui se retrouve orné d'un skank dans sa dernière partie. On appelle ça du future dub ? Allez, chiche !
Puis, à partir du deuxième titre, c'est une déferlante dub qui nous envahit. Le "Refugees", avec Daman, le MC du KillaSoundYard dont on vous a parlé ici, nous prend aux tripes avec sa ligne de basse digitale et massive. On se replonge ici avec joie dans les compos des High Tone. Le thème abordé dans ce morceau résume la profession de foi de KSD concernant cet EP : "Composé sur la route avec une configuration minimaliste, Behind The Road est né du mutisme de cette femme usée par la vie posant sa bouteille de vin sur ma table à la gare de Bordeaux, de Frédo, SDF à la gare Montparnasse me tenant la conversation pendant mes longues heures d'attente, d'un enfant me regardant intrigué avec ses deux grands yeus entre deux sièges de TGV". On dirait du André Breton.
Quant à "Equality", il reprend les même bases que son prédécesseur avec un "We want equality for each and every one" et des synthés qui s'en donnent à cœur joie. Ça, c'est du dub qu'on adore, minimaliste peut-être, mais on n'en demande pas plus.
Mais pour obtenir une idée plus précise du dub de KSD, il avait publié un teaser il y a quelques jours annonçant la sortie de cet EP, qui est, en réalité, un extrait de "Further". Là aussi, on appréciera grandement le sample féminin qu'on croirait tout droit sorti d'un track de Flume.
Et "Duty of memory" vient brillamment conclure cet opus avec un hip-hop/trip-hop que les RVDS (le crew d'Olo d'ODG et d'Adam Paris) ne renieraient sûrement pas. La boucle est bouclée.
Avec ce Behind The Road, KSD signe un EP prometteur et pleinement maîtrisé avec des mélodies sweet qui se posent sur des beats rub-a-lounge et des basses bien lourdes. Et ce qu'on apprécie surtout, c'est que le producteur puise bien au-delà que le dub ou le reggae pour ses compositions. Bref, du pur Brigante !