Il est des nouvelles qui font bien plaisir, surtout de savoir que des pionniers du reggae français sont toujours là et prêts à se faire entendre. Si certains ont entendu parler d’artistes vétérans comme Mikey Mosman (et son excellent « la cocaïne c’est le chemin de la mort), Supa John ou Pablo Master, plus rares sont ceux qui ont connu Savane, 6ème continent ou encore Wach’da.
Certains ont disparu totalement des écrans radars mais Wach’da répond présent, et nous revient avec un 3ème album Jeux de Vérité.
S’il est vrai que Joseph - Wach’da – Rano prend son temps entre chaque album, Passeport pour la vie en 1994, Tout l'monde tout l'temps en 2010 et celui-ci en 2017, c’est pour en faire des œuvres complètes qui sonneront comme des classiques.
Jeux de vérités se compose donc de 9 pistes et démarre sur "Detrake" avec un jeu de cuivres et un synthé très groovy, une voix suave et 2 petits solos de guitare bien placés. Le refrain rentre bien dans la tête. Il y a beaucoup de recherches dans les mélodies.
"Pour le monde à l’envers", la rythmique se veut plus dansante et le jeu de guitare lorgne vers Casamance avec ses notes africaines. (L'actrice et réalisatrice Sandrine Bonnaire a réalisé le clip de ce titre).
"Adan an Tan", (j'y étais dans ce temps là) est très mélodieux, avec les chœurs en arrière, la flûte de Yann apportant une envolée de notes avant que le morceau ne parte en dub.
"Antillais" sonne rap avec les textes chantés par son fils AfroZ, qui n’a que 16 ans ans mais déjà un réel talent tandis que Wach’da lui donne la réplique, l’anglais du fiston se mêle au créole du père, les 2 flows sont complémentaires et très agréables.
Orgue en avant pour "rimercie Jah", et là encore Joseph nous envoie des chants dont il a le secret, créole ou anglais, toute langue est bienvenue pour rendre hommage à Sa Majesté.
"Leave a chance" est un morceau qui se veut mystique, d’un autre temps, avec mélodica, guitare sèche et percussions nyahbinghi. Wach’da entame d’une voix puissante rejoint par le timbre de voix unique du grand Winston McAnuff.
"La fimin" (la fumée) démarre sur un riff de guitare, la rythmique est soutenue avec une très belle ligne de basse. Le créole, chant de prédilection de Wach’da fait encore mouche pour un titre puissant.
Superbe thème du synthé sur "fête", là encore cela donne des fourmis dans les jambes et une envie de danser, une petite arme de guerre en live, un titre qui même s’il dit d’éteindre la FM, mériterait largement sa place sur des radios de grandes écoutes.
"A 10 ans" fait vibrer de mille feux. On ferme les yeux, on a une impression que les Wailers soufflent sur ce morceau, avec un petit coup de pédale wah-wah pour la guitare en fin de morceau, la voix de Joseph qui se veut plus éraillée sur cette chanson peut même rappeler Tiken jah Fakoly. On est en terrain conquis.
Que ce soit dans les langues d’Emile Zola, d’Aimé Césaire ou de Georges Orwell, Wach’da nous apporte le concentré d'un témoignage de notre époque avec un constat sur le monde, mais c'est aussi un reflet de l'histoire de du groupe. Il nous parle d’amour universel, d’éducation, toujours avec de l’espoir dans un monde qui se veut de plus en plus impitoyable.
Pour cet album Joseph Rano s’est entourée musiciens de renoms, dont la réputation n’est plus à faire, à commencer par la base rythmique, avec à la basse Junior macLier, ancien bassite de Jimmy Cliff et à la batterie Richacha Balengola qui a travaillé derrière, Pierpoljak, Tonton David, Princess Erika, les Nèg' Marrons, Ijahman, The Wailers, Barrington levi) Tous 2 se sont fait d’ailleurs connaitre à leur début sous le nom de R.M.I. (Reggae Music International)
Pour les autres musiciens, on compte Christian Moore aux claviers (Savane, Brotha Yacine, Tonton David, Princess Erika, Fayah dub, Alpha Blondy, Monty Alexander) Jérôme "Tchiky" Perez à la guitare (Bazbaz Orchestra, de la Soul), Fabrice ‘ Cubain’ Colombani aux percussions (De la Soul) David Hadjadj au Melodica (que l’on a pu entendre en qualité de compositeur pour les films les délices de Tokyo, extreme pinocchio, Arragas ou encore fais moi plaisir) Yann Clery à la flûte (Versus / Mo Kalamity, Why Cie) Thomas Henning au trombone : (The Wampas, Harrison 'Professor' Stafford /Groundation, groov’ bones), Eric ‘Rico' Gaultier au Sax Alto, (Winston McAnuff, Harrison 'Professor' Stafford /Groundation). Autant dire qu’avec ce musicians all stars, on ne peut qu'atteindre le nirvana.
L'album a été enregistré et réalisé par Jérôme Perez et mixé par Timour Cárdenas à Paris.
Les enregistrements avec Winston McAnuff se sont déroulés à Paris tandis que l’enregistré avec AfroZ a été effectué à Londres.
Tout a été soigné sur cet opus, et tous les détails comptent jusqu’à la photo au livret du Cd, conçus par Aurélie Dolbeau et Simon Grass.
Vous l’aurez compris, vous tenez là un album de très haute qualité avec un artiste authentique. Fermez les yeux, et ouvrez grand vos oreilles, un chef d’œuvre en devenir.
Production : AO Prod.
Distribution : Dibyz Music
Promotion : Irie Ites
Jeux de Vérité
Sortie le 24 Février 2017
en CD et digital
Tracklist :
1 Détraké
2 Le monde à l’envers (pervers)
3 Adan an Tan
4 Antillais
5 Rimercié Jah
6 Leave a chance
7 La fimin
8 Fête
9 A 1O ans
