Une chanson = Une histoire
Aujourd'hui, c'est au tour de Scars. Il a directement adhéré au concept de cette rubrique. Il nous raconte l'histoire d'un de ses morceaux ; il a choisi "Ensemble".
"Si je saigne, n’est-ce pas du sang qui sort de mes veines ?"
- Shakespeare.
Nous sommes le 13 Novembre 2015, Scars est sur scène, au Havre, en compagnie de Blacko. A ce même moment les premières séries d’attentats ont lieu à Paris, notamment au Bataclan et au Stade de France. La peur envahit toutes les personnes connaissant de près ou de loin des parisiens.
Dans les semaines qui suivent cet événement, un refus des amalgames et une véritable solidarité se fait sentir auprès des familles des victimes. Mais, malheureusement, ce ne fut que de courte durée puisque la haine et la peur reprirent le dessus laissant libre court aux paroles racistes et aux amalgames. Tout cela, accompagné des débats et polémiques sur le burkini, le voile à l’université, pour ne citer qu’eux. Toujours sous le prétexte de laïcité et droits de l’Homme. Propos appuyés par nos politiques avec des sottises telles que "la France est un pays chrétien de race blanche". Ce sont donc des débats menés en vain n’ayant pour but que de continuer à stigmatiser une population et détourner notre regard des vrais problèmes que connait notre pays à l’heure actuelle.
C’est pourquoi l’artiste a voulu donner son point de vu et ainsi relayer l’avis de millions de français qui n’ont pas peur du terrorisme et qui ont conscience que ce sont bien les musulmans les premiers à souffrir de cette situation anxiogène.
Scars n’a pas voulu faire un morceau trop accusateur accompagné d’une musique pesante. Il est donc allé voir son ami Kubix pour qu’il lui compose un riddim principalement basé sur la guitare pour avoir une auditabilité de la voix au summum et que son texte puisse alors être compris de tous. Autant des personnes étant de son avis, que celles qui ne le sont pas. C’est pourquoi il a mis des évidences qu’il dit peut-être être "naïve" mais qu’il est nécessaire de rappeler comme par exemple le fait que nous pouvons respecter l’avis de quelqu’un qui ne partage pas le notre et qu’il n'est en aucun cas nécessaire de l’insulter.
Pour lui, la plus grande difficulté de ce morceau a été de rester simple et efficace sans pour autant tomber dans le cliché et la naïveté. Il a donc particulièrement soigné l’écriture de ce morceau, plus qu’il n’aurait pu le faire sur d’autres de ses morceaux. Il faut savoir que son inspiration vient en grande partie d’un passage du Marchand de Venise de Shakespeare qu’il a voulu développer, où Shylok disait :"Si je saigne, n’est-ce pas du sang qui sort de mes veines?". A cela, il a alors ajouté un flow rapide et incisif pour pouvoir soutenir ses propos de manière énergique comme à son habitude.
Pour reprendre les propos du monsieur Scars qui résume parfaitement son morceau :
"Au final, si l’on devait résumer le message de ce morceau, je dirais que ce sont nos différences et la curiosité d’aller vers l’autre qui nous font grandir. C’est cette multitude d'origines et le respect de valeurs communes qui forment ce si beau pays qu'est le notre.
Encore une fois, il faut à tout prix bannir la peur et la haine et s’ouvrir aux autres, car ce sont bien la tolérance et le respect des cultures et croyances aussi diverses soit elles qui permettent de vivre et d’avancer ensemble."
Je vous laisse à présent écouter à nouveau ce morceau et le découvrir sous un nouvel angle.