On prend (à peu près) les mêmes et on recommence. Pour la deuxième année consécutive (le gros report de 2016 ici), La Grosse Radio avait rendez-vous du côté de Verjux, en Saône-et-Loire (71) pour le Verjux Saône System, festival annuel organisé dans le village depuis maintenant 12 ans et qui a vu passer des artistes aussi renommés que talentueux tels que Danakil, Skarra Mucci ou encore Broussaï.
Mais cette fois-ci, La Grosse Radio avait vu les choses en plus grand, je dirais même plus en plus gros. En effet, comme vous avez sûrement pu le constater, notre grosse équipe technique était présente sur les lieux afin de vous faire vivre en gros direct, oui oui mesdames et messieurs en gros direct live, ce gros festival sur l'antenne de La Grosse Radio Reggae pendant plus de six heures, jusqu'à trois heures du matin.
Ainsi, pour celles et ceux qui, pour une raison ou pour une autre (éloignement, rendez-vous amoureux, petit frère à garder...), ne pouvaient se rendre à Verjux le samedi 17 juin, vous aviez ou avez maintenant le choix entre plusieurs possibilités afin de vous imprégner de la grosse ambiance qui a régné au sein de cette petite localité ce soir-là : soit vous avez écouté en gros direct La Grosse Radio Reggae, soit vous avez téléchargé les gros podcasts (voir ici), soit, dernier recours, vous vous attelez à la lecture de ce gros live report. Ou alors les trois. L'est pas belle la vie ?
Le Verjux Saône System a ouvert ses portes à 20 heures et alors que les poussettes déambulaient dans l'enceinte (terrain de foot de la commune) du festival, le sound system Natural Hi Fi (qui assurera également les interscènes durant toute la soirée) commençait à diffuser ses grosses basses. Nous parlons bien de poussettes, puisque là réside la force singulière du Verjux Saône System : enfants, ados, parents et anciens se côtoient allègrement dans un climat très familial.
C'est alors qu'à 20h30, La Grosse Radio Reggae prenait l'antenne afin de s'entretenir avec Stéphane "Bigoud", l'homme qui chapeaute toute l'organisation de ce festival et auditeur de longue date de La Grosse Radio Reggae. C'est ainsi qu'il confiait avoir découvert Naksookhaw, l'un des groupes qui jouait ce soir-là, sur notre antenne. Naksookhaw avait en effet pu être diffusé grâce à la plateforme de l'antenne interactive qui permet à des artistes émergents d'être programmés.
Verjux Saône System, Naksookhaw, La Grosse Radio, même combat !
Les festivités ont véritablement démarré à 21 heures avec l'arrivée d'Echo Mike Whisky. Si tout festival qui se respecte se doit de posséder dans son line-up un ou plusieurs groupes locaux, alors le Verjux Saône System remplit son contrat chaque année. L'an dernier, c'était le collectif d'afrobeat Kélé Kélé originaire de Dijon (ouais bon ok, Dijon c'est à environ 60 km de Verjux, mais c'est quand même en Bourgogne, nan mais) qui avait ouvert le festival, hé bien pour le millésime 2017 c'est encore un combo issu de la Cité des Ducs et encore avec une section cuivres pléthorique qui a été mis en avant, Echo Mike Whisky donc.
Pour les nostalgiques du certain âge d'or du ska qui avait pu exister en France il y a quinze printemps (La Ruda Salska, Les Caméléons, Marcel Et Son Orchestre, NSK, Los Tres Puntos...), les Dijonnais ont pu nous faire revivre cette période le temps d'un concert, d'autant plus qu'Echo Mike Whisky a en réalité pris la suite de Skaraboss qui officiait déjà au début des années 2000.
C'est donc à un pur show énergique et énervé auquel nous avons eu droit : les riffs de guitare rapprochent ainsi le groupe plus du ska/punk que du ska/rocksteady originel. Le chanteur est survolté, le bassiste saute en permanence et les cuivres, au nombre de quatre (deux trompettes, un trombone et un saxo), ajoutent au rythme déjà bien relevé mené par le batteur et le bassiste une physionomie encore plus dynamique. Car c'est bien évidemment avant tout pour ça qu'on kiffe le ska, qu'un brass band nous fasse jumper jusqu'au ciel. On aura principalement retenu les morceaux "Joséphine", sorte de titre-phare d'Echo Mike Whisky consacré à une femme pilier de comptoir qu'il jouera deux fois (un peu à la manière des groupes de punk qui peuvent interpréter indéfiniment la même chanson lors d'un concert) et "La Der Des Ders" datant de l'époque Skaraboss et au cours duquel l'ancien saxophoniste Chang viendra rejoindre ses ex-compères.
Une excellente mise en bouche qui sortait peut-être des codes du reggae, mais qu'importe on aura passé un bon moment en compagnie d'Echo Mike Whisky.
Mais si le collectif dijonnais ne jouait pas du reggae, alors qu'en est-il des Wailing Trees qui lui succédèrent sur la scène du Verjux Saône System ? Posons la question autrement : Wailing Trees est-il un groupe de reggae ? En fait, on ne sait pas trop, et à vrai dire, on s'en contrefout royalement. Ce qui compte, c'est de faire bouger le public et de ce point de vue-là, le groupe originaire de Vienne et de Lyon n'aura pas été avare en termes de motivation et de propagation de good vibes. Toujours est-il que le son de Wailing Trees repose sur une solide base rythmique, la précision étant le maître mot du bassiste et du batteur. Mais n'oublions pas également la rigueur des autres musiciens (guitariste, clavier, cuivres) qui nous fait dire que le show de Wailing Trees est minutieusement préparé en amont. Bref, c'est juste, c'est pointu, c'est carré.
Le crew était venu défendre sur scène son tout nouvel album Change We Need (la grosse chronique ici) et après une intro purement instrumentale qui lorgne du côté du dub, Riwan, le chanteur (que nous avions interviewé quelques minutes plus tôt sur notre grosse antenne), déboule pour se poser sur le brûlant rocksteady et rub-a-dub "Tell It To The World" : la messe est dite, plusieurs styles de reggae coexistent au sein d'un même morceau et ce n'est que le début, puisque peu de temps après c'est un gros dub stepper qui retentira en intro de "Watch Your Step". Puis c'est du rock, du hip-hop, de la soul et du reggae auxquels nous aurons droit sur "No One Lives Forever" ainsi que sur "The World Go Round" qui présente peu ou prou les mêmes caractéristiques. Quant à l'instru de "Qui sont-ils", elle présente clairement des influences latinos où les cuivres (sax et trompette) s'en donnent à cœur joie puisqu'ils auront droit à leur solo sur ce morceau.
On aura également beaucoup apprécié "Venue Heat", morceau funk/soul qui gagne énormément en intensité lorsqu'il est interprété en live, on a limite l'impression d'entendre du Raphael Saadiq, et ça c'est la classe !
Donc, oui, Wailing Trees est très loin d'être un groupe de reggae finalement. Tout du moins sur scène, c'est là que se révèle la véritable nature du groupe, une nature éclectique et diverse au sein de laquelle toutes les musiques du monde (on aura même pu bouger sur de l'electro à base de jungle sur le maaaaassiffffff "Infotainment", hé ouais) se sont données rendez-vous, à l'image des aînés de la scène dub live française, dont de nombreux membres (High Tone, Kaly Live Dub...) sont eux aussi originaires de...Lyon (tiens, tiens, comme c'est curieux).
Le groupe finira néanmoins son set notamment à travers deux titres reggae, "What A Gwaan", où Riwan adopte par moments un flow naâmanien, et l'inévitable "Change We Need".
On évoquait Lyon, mais ce sont les représentants d'une autre grande ville du reggae français, en l'occurence Saint-Etienne, qui se sont présentés aux massives après Wailing Trees. Et là aussi, Naksookhaw ne pioche pas uniquement dans le reggae pour produire sa musique. En effet, Méca, le chanteur du groupe, confiait un peu plus tôt sur notre grosse antenne, que Naksookhaw s'adonnait au raggap, néologisme résultant de la fusion entre le reggae, le raggamuffin et le rap, puisque le MC oscille entre flow scandé et voix plus mélodique. Du coup, on retrouve un peu de Tomawok en Méca, tant pour le style musical que pour le timbre grave et rocailleux.
Mais si Méca parle de raggap concernant l'esthétique de Naksookhaw, on peut tout autant la qualifier de reggae à textes ou bien même de reggae poétique, ce qui le rapproche ainsi un peu plus du hip-hop justement. De hip-hop, il en sera d'autant plus question lorsque les musiciens de Naksookhaw reprendront l'instru d'un des morceaux les plus mythiques du rap français, le "Demain c'est loin" d'IAM, et que Méca se posera dessus, réminiscence de ses années hip-hop. Autrement, la majeure partie du son de Naksookhaw reste d'essence reggae (voire parfois dancehall) avec notamment quelques titres provenant de leur Naktape paru l'année dernière, "Délaissé" et Fier", même si l'on entendra "Décrocher les étoiles", morceau d'inspiration plus soul également issu du Naktape. Et puisque le reggae est également affaire de partage, Riwan viendra rejoindre les Naksookhaw afin de s'offrir un petit freestyle en compagnie de Méca.
Pour finir la soirée, ou plutôt la nuit, ce sont Flava Di et Bongo Léni, les deux acolytes de Brothers Vibes et habitués du Verjux Saône System, qui sont venus présenter au public leur dernier EP Passer Un Message sorti tout récemment (la grosse chronique ici). Ils étaient backés ce soir-là par Selecta Binghi pour une prestation en pur mode sound system à base de pull up en série, vous l'aurez compris. L'heure étant déjà bien avancée, ils n'ont pourtant eu aucun problème à maintenir en forme les massives qui n'avaient pas encore décidé de rejoindre leur lit. C'est ainsi que les Brothers Vibes rendront hommage à tout l'esprit du sound system sur une version du massif "M16" riddim juste après qu'ils n'aient entonné l'excellent titre éponyme "Passer Un Message" de leur EP. Et histoire d'intensifier encore plus leur set, ils interpréteront "Free Up Your Mind" en mode dubstep à base de grosses basses.
Finalement, malgré l'extinction des feux à trois heures tapantes, de nombreux spectateurs pressés devant la scène, demandaient et redemandaient encore et encore du son prouvant, une fois de plus, l'intérêt porté pour le Verjux Saône System et le succès qu'il engendre auprès de la commune. Mais l'heure c'est l'heure et c'est avec émotion que nous nous dirigeâmes vers la sortie, mais on sait déjà qu'on y reviendra.
Un énorme BIG UP à Bigoud ainsi qu'à toute la team organisatrice du Verjux Saône System, pour ses good vibes, son accueil chaleureux et son amour du reggae music.
Un énorme BIG UP également à tous les artistes présents : Natural Hi Fi, Echo Mike Whisky, Wailing Trees, Naksookhaw et Brothers Vibes.
Un énorme BIG UP enfin au gros staff de La Grosse Radio qui a pu vous faire partager ces 7 heures de live : Mallis, Crash, Laurette et Anne-Laure.
Crédits photos : Live-i-Pix
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