Le continent Africain et le reggae sont indissociables. Les membres des Vieux Môgôs ont marqué les esprits notamment aux côtés d'Alpha Blondy. L'aventure a commencé avec Sam Koné, ex batteur du Solar System.
En malinké, dialecte de la langue mandingue parlée en Afrique de l'Ouest, Vieux Môgô signifie "grand frère". Le groupe se baptise ainsi en 1997 en référence à Christian, un ingénieur du son ami de Sam surnommé ainsi. Avec quelques camarades de la même génération musicale, ils écument les bars et les clubs d'Abidjan comme le Jamaïca City, très connu des noctambules ivoiriens.
En 2006, la formation assure la première partie d'Ijahman au Palais de la Culture en Côte d'Ivoire, puis en 2011 sort leur premier album Confirmation estampillé Alpha Blondy Records. Par la suite les festivals s'enchaînent comme le Festival International de Bamako ou le concert de charité pour Haïti en 2010.
En 2015, ils participent à la première édition de l'Abi Reggae Festival dans lequel ils partagent l'affiche avec des artistes prestigieux tels Third World ou Morgan Heritage.
Au mois de Janvier de l'année dernière, ils sont présents pour la seconde édition du festival international reggae au Burkina Faso avant une prestation remarquée au Marché des Arts du Spectacle Africain.
C'est à cette occasion que le groupe gagne en notoriété en ayant l'honneur de backer des artistes tels David Hinds ou Takana Zion.
Leur second album Motherland est un projet initié en 2013 qui a vu le jour en Mars dernier sur le label Logi-In / Musicast, promotionné par IWelcom. La formation se compose de Lucien Atse (basse), Willy (Abidjan) et Sam Koné (Paris) à la batterie, Osha (guitare), Siméon (claviers), et Carmélithe au chant.
Quelques invités participent à ce projet comme Moctar Wurie qui officie actuellement avec Ijahman, le guitariste Kubix apparaît sur la majeure partie de l'album, réalisé entre Abidjan et notre capitale, mixé par Timour Cardenas pour Diaspora Rockers.
Crédit photo: IWelcom
Au travers des titres qui le composent, Motherland est basé sur la thématique de la Terre mère nourricière, du berceau de l'humanité qu'est l'Afrique. Dès l'entame de ce dernier, on ressent leur attachement à cette terre. "Addis Abeba" est la capitale de l'Ethiopie, pays oh combien important dans le Rastafarisme.
Ils prolongent l'évolution du reggae africain avec ce new roots cuivré, invitant le chanteur Ras Goudi Brown, fondateur du Conquering Lion Sound.
Les Vieux Môgôs - "Addis Abeba" [ Clip Officiel ]
"Clando" est un roots reggae où les cuivres sont mis en avant. Un titre avec beaucoup de corps évoquant la dureté de la triste réalité de populations entières quitant leurs pays pour chercher une vie meilleure de l'autre côté de la Méditerranée, sans aucune certitude d'arriver à bon port. Un long périple semé d'embûches pour rejoindre l'Occident.
Les Vieux Môgôs adoptent des sonorités variées et possèdent cette faculté de pouvoir chanter en plusieurs langues. Que ce soit dans leur langue locale, en anglais ou en français, la sensibilité de leurs textes transpire. C'est dans leur dialecte qu'est interprétée la chanson "Hommage".
De part ses envolées vocales, "Tivie" est plus calme, plus doux, la voix de la chanteuse Carmélithe nous transporte de son champ envoûtant, presque spirituel.
Le chanteur NJ est plus qu'un simple featuring. Il s'est personnellement impliqué dans l'élaboration de ce projet, signant les paroles et les musiques de certains titres. C'est entre autres lui, qui a signé le titre "Addis Abeda" en ouverture.
"Jah Is Your Real Name" chanté dans un anglais parfait, nous montre encore une autre facette de leur talent d'interprétation.
Le singer Jah Light qui collabore sur le titre "I Am Dread" apparaissait déjà sur le premier album du groupe Confirmation.
De sa voix un peu usée par le temps, il vient sublimer la voix de la chanteuse qui se joint avec plaisir au choeurs. Un titre fort sur le continent Africain dont les puissants ont pillé toutes les richesses. Triste constat.
"Liberian Boys" est une autre déclaration aux peuples d'Afrique. Une sorte de retour en arrière au temps de l'enfance baignée d'une douce insouciance. Une époque qui a pu inspirer la pochette de cet album, une jeune fille africaine découvrant avec plaisir la musique et les congas.
La liberté était là il n'y a pas si longtemps mais les hommes en ont décidé autrement et la séparation fut vécue comme un déchirement.
Des sonorités rafraîchissantes viennent également se tailler la part belle sur cet album comme le porteur "Yayademin".
"Goumin Goumin" est un des titres composé par NJ. Sur celui-ci, ils ont invité un de leurs fidèles collaborateurs depuis le début de l'aventure. Waiper Saberty a en lui cette attitude positive et enclin au renouveau. Littéralement, le titre signifie "chagrin d'amour".
En conclusion de cet album, on trouve le titre "Djaga". Djaga est une ville assez pauvre du Togo, composée principalement d'apatams en paille, où les habitants sont contraints de faire plusieurs kilomètres pour trouver une eau propre à la consommation.
Avec Motherland, Les Vieux Môgôs nous prouve que cette terre contient en son sein différentes richesses nées pour s'allier.
Tracklist:
1 - Addis Abeda feat. Ras Goudi Brown
2 - Clando
3 - Hommage
4 - Tivie
5 - Jah Is Your Real Name feat. NJ
6 - I Am Dread feat. Jah Light
7 - Liberian Boys
8 - Yayademin
9 - Goumin Goumin feat. Waiper Saberty
10 - Djaga