Ce weekend du 30 juin au 2 juillet, nous nous sommes rendus au festival Couleur Café, à Bruxelles.
Cette année, tout comme ReggaeBus, Couleur Café a dû quitter le célèbre site de Tour & Taxis. Leur choix, pour cette 28ème édition, s’est porté vers ce lieu hautement symbolique qu’est le parc d’Osseghem, aux pieds de l’Atomium. C’est donc dans un esprit de totale découverte et avec un peu d’appréhension que les habitués du festival se sont rendus sur les lieux.
Dès notre arrivée, nous avons pris une claque. Cela ne faisait aucun doute, avoir dû troquer un lieu bétonné, froid et poussiéreux contre ce parc vert et boisé était la meilleure chose qui pouvait arriver à un festival haut en couleurs comme celui-ci.
Ce nouveau départ était également l’occasion de changer un peu leur politique de programmation, devenue avec les années beaucoup trop mainstream. Cette année, ils ont décidé de revenir aux bases et récupéré leur réputation de festival de musique du monde et urbaine en donnant également un peu plus d’importance aux artistes locaux.
Le premier jour débuta par le concert de Pura Vida, ce groupe de reggae considéré comme numéro 1 en Belgique. Ils ont énormément collaboré sur scène et en studio avec des légendes comme The Congos ou encore Lee "Scratch" Perry, avec qui ils tournaient encore l’année dernière comme backing band. Ici, ils étaient seuls. Enfin, seuls c’est un grand mot pour ces 11 musiciens qui sont venus nous présenter Seasons of life, leur dernier album sorti fin 2016.
Ils nous ont fait la surprise de la visite du MC belge Saimn-I, qui est venu participer au titre "Méditation" issu de l’album Struggle in the City.
Le Jamaïcain Kabaka Pyramid était également programmé ce vendredi sur la Green Stage.
Il nous a joué des titres comme "Foundation", sur lequel il est en feat avec Jah Sun, "The revival" après nous avoir dit que la musique était une mission, pas une compétition, "Never gonna be a slave", "Herb Defenda" en nous demandant de sauter si nous aimions le cannabis, et il nous a aussi fait chanter sur "Too long".
Son live était rempli de messages rebelles, conscients et positifs, il nous a chanté "No Capitalist", "World Wide love", "Lead the way"," Liberal Opposer", jonglant entre le roots, hip hop et dancehall. Il a rendu hommage à Capleton en chantant "Who Dem/Slew Dem", "Jah jah City" ainsi qu’à Sizzla avec "Karate" et Buju Banton avec "Champion". Nous avons eu droit à une chanson du prochain album, à "Warrior" le feat avec Protoje, avant de finir par "Well Done" en rappel, dépassant ainsi le timing du live, ce qui est très rare lors d’un festival tant les programmateurs sont stricts.
Tout de suite après, nous avons eu le temps de faire un petit crochet vers la Red Stage ou débutait le show de Patrice, avant d’aller voir la talentueuse Flavia Coelho.
Comme à son habitude, la belle brésilienne nous a livré un show plein d’énergie et de sensualité.
Seul bémol et pas des moindres, c’est la situation de la Blue Stage, selon nous beaucoup trop petite pour son public. Nous avons pu faire le même constat pour tous les artistes vus sur cette scène tout au long du weekend.
Ses fans ont eu la chance de la retrouver un peu plus tard en tant que guest pendant le show Lamomali de M.
La journée de samedi a débuté sur les chapeaux de roues. Avant le concert de Yaniss Odua, nous avons eu le temps et la chance de découvrir le jeune et talentueux Belgo/Togolais, Daniel Dzidzonu. Un grand nombre de festivaliers se sont rassemblés devant la Blue Stage, sous la pluie, pour se réchauffer aux rythmes de cette fête afrobeat et ce fut réussi.
Yaniss Odua démarra son nouveau live par "Nouvelle donne" avant d’enchainer sur "Reggae land", deux titres de son nouvel album. Il passa ensuite à "Rabat-joie" suivi de "Moment idéal", morceaux de l’album précèdent bien connus du public. Il y a eu l’incontournable "Caraïbe" avec une petite interlude où la bass line était amplifiée et avec un final en solo de guitare. Il est revenu sur la présentation de son nouvel album avec les titres "Ecoutez-nous" et "Mdma" avant de poursuivre avec les Big Tunes "Rouge jaune vert" et "Chalawa".
Cette année, Couleur café était plein de surprises, puisque pendant cette ganja tune nous avons entendu la voix de "Original Uman", qui est monté sur scène auprès de Yaniss pour chanter avec lui un couplet de "Sinsémilia", titre en featuring avec lui sur le nouvel album de Uman, Umanist.
S’en est suivi "Garder mon droit", où ils nous ont fait cadeau d’une chorégraphie des choristes du Artikal band ainsi que d’un solo au mélodica du claviériste. En tant que remerciements, il joua en dernier "My people", titre inspiré par son public.
Tous les jours, nous avons fait de belles découvertes. Ce samedi-là, nous avons eu l’occasion d’aller écouter La dame blanche. Si vous la croisez lors d’un festival, n’hésitez surtout pas à aller la voir. Cette chanteuse, flutiste et percussionniste cubaine, mêle admirablement hip-hop, Cumbia, Dancehall et Ragga accompagnés de bonne basses bien lourdes et le tout avec un charme fou.
Pour nous, cette journée s’est terminée par l’immanquable concert des légendaires Toots & The maytals. Tout fan de reggae qui se respecte sauterait sur l’occasion de les voir. Les Live reports de nos confrères Tarpon, Bamba Stick et Salomon Roots en témoignent.
Je retiendrai surtout de ce live les célèbres "Pressure drop", "Take me home, country road", "Sweet and dande", "Monkey man", la reprise de "Louie louie" et l’incontournable "54-46 was my number" sur lequel il nous a lancé un "Give it to me 20 times !" avant de nous arrêter pendant notre énième "HEY !", en nous confiant que c’était la première fois qu’un public le faisait réellement.
Dimanche, c’est Soom T qui lança les hostilités et nous fit découvrir son dernier album Ode to a Karrot.
Il y eut quelques moments cocasses durant son concert. Notamment ce moment où, après le titre "Thank my dealer", elle a demandé où était son dealer et là, on lui lança une vraie carotte sur scène. On retiendra aussi celui où elle nous fit répéter les paroles de sa chanson avant de se lancer dans un fast style dont elle a le secret, et d’attendre qu’on en fasse de même !
La découverte de ce jour était le groupe congolais Jupiter & Okwess. Ils nous ont offert un magnifique voyage a travers les différents et nombreux styles musicaux de leur pays. Nous vous défions d’arriver à ne pas danser pendant leur concert, c’est perdu d’avance. Le public a même entamé spontanément une chorégraphie qu’il était difficile de ne pas suivre. Un beau moment d’unité et de positivité.
Alpha Blondy est maintenant un habitué du festival Couleur café, et si par rapport à l’édition 2014 il nous a paru cette année avoir pris un sacré "coup de vieux" de par l’absence de ses dreads et sa couleur de cheveux grisonnante, il nous a vite prouvé le contraire.
Son énergie et sa présence sur scène sont toujours les mêmes et réentendre en live ses classiques ainsi que les chansons de ses derniers albums est toujours pour nous un très grand moment.
Le final de cette 28ème édition revenait à Damian "Jr Gong" Marley. Il est entré sur scène sur l’intro du titre "Confrontation" suivi de "Make it bun dem", histoire de mettre tout le monde d’accord dès le début.
Il a continué avec "Set up shop", "More Justice", "Hey Girl", "Beautiful", "Affairs of the heart", "Dispair", "Land of promise", …
Ensuite, il nous a parlé des bienfaits du cannabis avant d’enchainer sur "Medication" la dernière tune sortie, prévue sur le prochain album.
Le concert d’un des fils Marley s’accompagne toujours de quelques reprises de papa, car c’est souvent ce qu’attend une partie du public. Nous retrouvions donc "War", "No more trouble", "Move" (la version de Damian d’"Exodus"), "Could you be love" sur un rythme plus rapide en y ajoutant un couplet à lui, un peu plus dancehall, et ensuite "Is this love".
Il a terminé par ses plus gros succès, "Road to zion" et évidemment "Welcome to jamrock".
Entre chaque concert, nous pouvions patienter à la Black Stage Red bull Elektropedia où Goodfellaz sound system et Supafly Collective ainsi que leurs nombreux invités ont joué des mix de Hip-hop/Dancehall… en continu.
Nous pouvions également suivre l’amusant Bankra Bike Soundsystem, un soundsystem connecté monté sur des vélos et pousse-pousse qui voyageaient dans tout le festival.
Cette édition était pour nous, qui assistons à ce festival depuis bientôt 10 ans, de loin la plus agréable, tant pour sa programmation que pour son lieu. Nous avons hâte de voir ce que donneront les prochaines, avec les améliorations qui y seront apportées.
Photos officielles Couleur Café - Crédits: Nathalie Nizette, Vanessa Rasschaert, Benjamin Struelens, Leen Van Laethen, Sergine Laloux & Luc Cheffert