Après notre dernière rencontre avec lui au No Logo Festival l'an dernier (le gros report ici), nous avons de nouveau pris rendez-vous avec Damian Marley sur scène le 27 juin au Radiant de Caluire-et-Cuire.
Le concert se jouait à guichet fermé et l'atmosphère était donc plus que bouillante dans la salle, en raison de la chaleur étouffante qui régnait à l'extérieur mais aussi de la venue de "Junior Gong" qui s'apprêtait à sortir son prochain opus, Stony Hill.
Mais avant que le fils de qui vous savez ne se présente face aux massives, c'est le singjay Black-Am-I qui a officié en tant que warm up afin de motiver (on ne dira pas chauffer, le climat s'en chargeait déjà) le public qui remplissait peu à peu le Radiant. Après que le band n'interprète, en guise d'introduction, le riddim de "Roots Rock Reggae", Black-Am-I s'est posé sur trois morceaux, dont le stepper "Black-Am-I" ou l'excellent rub-a-dub "In The Ghetto".
Passée cette mise en bouche qui a tenu toutes ses promesses, c'est sur un autre riddim de Bob Marley que le backing band a préparé la venue de son fils, le "Sun Is Shining". Les références et les hommages à son père seront ainsi omniprésents au cours de ce concert de la part de Damian Marley qui perpétue la tradition familiale, mais avec un supplément. Car si le "Tuff Gong" est bel et bien celui qui a permis au reggae de conquérir la planète entière au cours des 70's, notre genre musical préféré a bien évolué depuis la disparition de Bob Marley en 1981 et le dancehall s'est lui aussi très bien exporté. Par conséquent, Damian Marley oscille sans cesse entre les deux approches et son flow se montre lui aussi très disparate.
Ils se pose ainsi immédiatement sur le dancehall "Confrontation" avant qu'il n'interprète "Make It Bun Dem" qui reflète également cette diversification dans les styles qu'apprécie fortement "Junior Gong" ; le morceau initialement composé par Skrillex avec un son très electro et dubstep se voit ici revisité en un rub-a-dub lourd et massif. Damian Marley est plus que motivé, il traverse la scène de part en part (à l'instar du porte-drapeau qui l'accompagne sur ses concerts) et le public le lui rend bien.
On l'entendra également sur d'autres dancehall, le très énervé "Set Up Shop", le cuivré "Beautiful" , le très conscient "Dispear" (chanté à l'origine en feat. avec Nas) ou alors le romantique "Affairs Of The Heart". Pour des ambiances plus rub-a-dub et donc avec un flow moins rapide et plus apaisé mais tout aussi maîtrisé et efficace, "Junior Gong" nous gratifiera du génial "More Justice" ainsi que de l'énorme "Land Of Promise" basé sur le mythique "Promised Land" de Dennis Brown et sa ligne de basse encore plus mythique et qui demeure l'une des meilleures jamais composées dans le reggae. Les massives sont conquis, Damian Marley met le feu avec ses musiciens.
On aura cependant regretté qu'il ne nous propose qu'un seul titre de son futur album Stony Hill, en l'occurrence le ganja tune "Medication" ; c'est dommage, on aurait bien voulu skanker sur l'excellent "Nail Pon Cross" qu'il avait d'ailleurs joué au No Logo. Mais on sent que la saison des festivals approchant, les artistes rodent leurs sets avec des playlists qui courent droit à l'efficacité scénique et construites via des titres que le public soit aisément capable de reconnaître.
C'est en partie dans cette optique qu'il faut appréhender le fait que Damian Marley reprenne quantité de tracks de son père, dont le fameux mash up "War/No More Trouble", "Move" basé sur le "Exodus" riddim ou "Could You Be Loved".
Mais c'est lors du rappel, où il interprétera pas moins de trois morceaux d'affilée de Bob Marley ("Is This Love", "Get Up, Stand Up", "Africa Unite") que cette observation se fera la plus prégnante. Mais comme nous le disions, c'est avant tout ce que le public vient chercher et les spectateurs reprendront par cœur ces tracks légendaires et bien inscrits dans la mémoire collective des reggae addicts.
Damian Marley finira son show par ses deux titres les plus connus, "Road To Zion" et bien évidemment "Welcome To Jamrock" sur le "World A Reggae Music" riddim d'Ini Kamoze. Il a ainsi prouvé une fois de plus qu'il est assurément l'un des plus grands artistes jamaïcains contemporains, ne manquant pas d'offrir un large éventail de styles et sans oublier de rendre hommage à ceux qui l'ont précédé sans qui, et il en est parfaitement conscient, on ne pourrait pas le voir de nos jours, à Caluire notamment.
Crédit photos : Live-i-Pix
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