Bonjour, nous sommes au Reggae Sun Ska où Manu et Mali de Tryo nous font le plaisir de se livrer à une interview pour la Grosse Radio Reggae.
Quelle est votre vision de la scène reggae actuelle et quels sont les artistes que vous appréciez ?
Manu : Je vais citer des noms de gens talentueux : Naâman qui est aussi talentueux humainement parlant, d'ailleurs avec Danielito le percussionniste de Tryo on vient d'enregistrer sur son prochain album. Je pense aussi à Biga Ranx qui est incroyable et talentueux, plein d'énergie.
Mali : Avec notre premier album et le style "reggae acoustique" on a côtoyé énormément de groupes anciens dont certains ont disparu, on a commencé en faisant la première partie de Burning Spear. Au début on était très reggae et puis le côté chanson de Tryo a pris le dessus.
Cela fait plus de 20 ans que vous existez, vous avez dit que des groupes avaient disparu, c'est quoi votre secret pour vous renouveler sans cesse tout en gardant votre âme ?
Manu : C'est le propre des musiques traditionnelles et on peut dire que le reggae est une musique traditionnelle. C'est l'idée, évoluer tout en restant soi-même, l'idée c'est pas de tout bousculer, l'idée c'est de garder ses racines et d'ajouter des couleurs différentes. Avec l'âge, le regard évolue, on change de prismes.
Mali : Si c'est sur la longévité du groupe, je pense qu'il y a quelque chose de très particulier à Tryo c'est que nous on se voit on prépare un album, on prépare un concert, on prépare une tournée, par exemple là on est en plein dedans et on va s'arrêter au cirque d'hiver et ensuite on s'arrête mais on s'arrête vraiment c'est à dire qu'on ne sait même pas quand le prochain album va sortir. Entre deux albums, deux projets on s'arrête, on retourne voir nos familles, vivre, faire des projets à côté. On est lié à Tryo mais pas prisonnier. C'est un luxe parce qu'on a un public qui nous suit, qu'on remplit des salles et qu'on peut se permettre une vraie année de pause et de faire d'autres choses : Guizmo avec son collectif, moi je fais de la mise en scène, Manu arrange et a son projet Zappa... Je pense qu'il y a beaucoup de groupes qui se sont arrêtés parce qu'ils étaient toujours sur la route, ils enchaînaient les projets et à un moment donné c'est très difficile car dans un groupe tu es dans le compromis. C'est ça qui fait la beauté du projet artistique parce qu'on est très différent et qu'on arrive à faire quelque chose ensemble et en même temps il faut se ménager aussi des moments pour vivre et se sentir totalement libre.
Manu : C'est peut être ça le secret de la longévité.
On a pu voir sur votre dernier album Vent Debout un retour aux sources, une volonté de mettre les textes et les voix en avant. Est-ce que c'est la volonté en ces moments mouvementés de privilégier le fond sur la forme ?
Manu : Complètement, c'était vraiment l'envie de dépouiller la musique, de mettre très peu d'arrangements et de laisser la belle part aux propos, aux harmonies vocales qui sont l'identité sonore du groupe et évidement les guitares et les percussions. Un vrai dépouillement, revenir aux sources mais avec plus de savoir-faire. Le premier album était dans cette veine-là mais pas avec autant d’expérience.
Il y a cette particularité avec Tryo de mélanger le côté engagé avec une espèce de bonne humeur, alors qu'est-ce qui vous fait garder cette foi en l'avenir ?
Manu et Mali : Mais parce qu'on aime la vie.