De son vrai nom Valentine Nakrumah, Ginjah est né en 1978 dans la paroisse de Hanover en Jamaïque qu'il quitte ensuite pour St James afin d'étudier. A l'âge de 17 ans, il fait ses valises pour Spanish Town où ont lieu ses premières sessions d'enregistrement.
En 1999, il attire l'attention d'un certain Beres Hammond qui lui donne ce surnom quand il voit en ce jeune artiste son attirance pour la bière au gingembre. C'est en 2000 qu'il commence à enregistrer et un an plus tard, il fait la première partie de Beres lors de sa tournée caribéenne, avant de relever le défi et de le suivre sur un tour du monde scénique.
Par la suite, il enregistre beaucoup avec pas moins de trente titres dans son répertoire. En 2010 sort Never Lost My Way qui regroupe certains de ses singles, avant Motherland en 2013 et Urge To Love il y a 3 ans, dont nous vous parlions déjà juste ici en Décembre 2014.
En Juillet dernier ( le 21) est sorti son quatrième opus Roots pour lequel il s'est associé au label britannique Stingray Records. Un album enregistré par Andrew Pennicott et Corey Bailey, mixé et produit par Carl Dilly McLeod au Stingray Studio, et distrivué par VPal Music.
Autant vous le dire tout de suite, l'amour qu'il chante si bien est présent un peu partout sur cet album. Habitué à offrir des morceaux langoureux et romantiques, Ginjah n'en est pas moins un véritable artiste proche de ses racines, comme il le déclare avec la piste "Roots" en ouverture.
Vient ensuite "Troubles Away" qui met pleinement en valeur ses talents vocaux faits de douceur et de tendresse mais qui peuvent tout aussi bien résonner comme un déchirement à la manière d'un écorché. C'est aussi le premier titre où les choeurs féminins sont aussi présents.
Ginjah - "Troubles Away"
Et puis il y a "Great Son", le premier titre qui touche une corde sensible de son intimité. Il s'y pose en homme vrai et droit, honnête et lucide sur lui-même et son passé. Un texte très inspiré de spiritualité.
Il est suivi par le joyeux songe de "Happy Life" livré avec soulagement sur un riddim groovy. Nous noterons la forte présence du clavier avec l'apparition de quelques notes cuivrées.
Ginjah - "Happy Life"
"Not One Man" est un titre énorme. Les amateurs de pur roots reggae reconnaîtront dès les premières mesures ce riddim, inspiré d'un des incontournables du genre qui a traversé les âges. Un titre bourré d'authenticité avec cette valeur actuelle ajoutée. Seul petit bémol, la fin peut-être un peu hative.
L'impressionnante piste anti violence "Bad Chargie" se passe sur un riddim one drop. Pas une violence envers les autorités ou la police, mais une description de celle qui oppose les gangs gangrénés par le trafic d'armes, s'affrontant pour un certain monopole et une étendue de leur suprématie.
"Do It" possède lui aussi une ligne de basse facilement reconnaissable donnant à ce titre un air presque dub. Le chant serait presque en retrait avec une certaine langueur dans le trémolo de la voix.
"My Sound" est divertissant et léger. Nous avons ici droit à une description de sa musique qui peut être lourde comme aérienne par rapport à ses textes qui peuvent être forts comme plus intimistes.
Une chanson à présent sur la lamentation des amants avec le titre "I Love". Ginjah nous peint le tableau d'une nuit passée entre un homme et une femme se réveillant côte à côte un dimanche matin dans un lit aux draps de satin, les yeux embrumés et pétillants par la courte nuit. Une tune pour les lovers qui nous rappelle un certain Jah Cure.
"Find Me A Place" est construit sur une mélodie massive et dévastatrice avec une basse qui en impose. Un titre à tendance sociale qui s'éloigne de son style caractéristique ce qui n'est pas de trop, dans lequel il dit cherche sa place dans un monde toujours plus violent, où il serait enfin libre.
Ce dernier est suivi par deux des titres forts de cet album. D'abord des offrandes spirituelles avec "We Need More Love" titre qui parle de lui-même et qui traite d'un sentiment général pour beaucoup de populations.
Ensuite, en bon croyant qu'il est, Jah est très présent dans son esprit ce qui se ressent forcément dans ses textes. "Jah Blessings" est un psaume chanté au créateur dans un style soul aux vocalises gospel amenées par les choeurs.
"Suzanna" est visiblement une personne qu'il a connue et qui a dû marquer sa vie à un certain niveau. Une âme qui a dû lui apporter une certaine jouissance, et avec qui il pensait que ces rêves deviendraient réalité. Une constance dans le bonheur qui répond au titre "Happy Life".
"My Queen" qui conclut cet album est une pièce importante du dispositif de l'artiste qui nous ramène au côté romantique de sa vie. Après une intoduction à la trompette, son chant de velours se met en place pour une love song dont il a fait sa marque de fabrique.
Ginjah nous délivre ici un album avec 14 pistes roots reggae. Vous le connaissiez peut-être sous son côté lover, découvrez-le avec Roots, un opus positif, à la saveur authentique qui ravira ceux qui aiment la musique de l'âme.
Tracklist:
1 - Roots
2 - Troubles Away
3 - Great Son
4 - Happy Life
5 - Not One Man
6 - Bad Chargie
7 - Do It
8 - My Sound
9 - I Love
10 - Find Me A Place
11 - We Need More Love
12 - Jah Blessings
13 - Suzzanna
14 - My Queen