Dans le cadre du Zic Off Festival, dans la cour de La Ferme Musicale à Passins le 26 Aoûrt dernier (report ici), nous avons pu rencontrer les membres de Akousty Roots avant leur passage sur scène.
C'est avec générosité et simplicité qu'ils ont accepté de nous accorder un peu de temps.
L'opportunité de rentrer un peu plus dans leurs univers vous est offerte. Nous avons pu nous entretenir avec eux sur leur premier album Chant Libre, le concept, la forme, mais aussi leur philosophie, leur vision des choses qui font que nous aimons, et que vous aimerez ce groupe rhônalpin.
Entretien backstage avec la famille Akousty Roots.
Bonjour Akousty Roots et merci au nom de La Grosse Radio de nous accorder quelques instants. Présentez-vous à tous nos lecteurs pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore.
Romain: "Nous sommes donc Akousty Roots, groupe de reggae français faisant uniquement un travail de composition. Le groupe existe depuis 2012, d'abord en duo avec le premier percussioniste. La vocation première était de jouer dans la rue, ce que nous fîmes pendant un an et demi.
La formation actuelle à six s'est construite au fil des rencontres, sans vraiment se mettre à la recherche de musiciens et sans vraiment chercher à ce que le groupe s'agrandisse".
Parlez-nous de cette aventure justement.
Romain: "Le groupe est super atypique, nous ne sommes que deux avec Vincent à être issus de la mouvance reggae. Laurent était batteur dans un groupe punk, Lionel était un bassiste orienté métal, Thierry faisait de la musique traditionnelle africaine, et Thom notre saxophoniste était aussi issu du métal.
Ce qui est bien au-delà des "frontières". Ils nous ont tous rejoints parce qu'ils ont adhéré au projet, y prêtant une oreille attentive, ils furent séduits. A aucun moment je n'aurais imaginé que nous serions six".
Chant Libre est votre premier album. Que pouvez-vous nous dire sur sa construction.
Romain: "Comme la formation à six existe depuis deux ans, tous les morceaux qui sont dans Chant Libre, sont déjà des morceaux que j'avais depuis le départ en 2012. J'avais tout écrit jusqu'à la composition, et chaque musicien entrant à apporter son arrangement.
Comme on aime à le dire, j'ai amené les paroles et ils en ont fait l'écrin. En gros fans de sons que nous sommes, on voulait pas tout faire accompagner, mais faire une grosse partie nous-mêmes, dans des endroits choisis.
Basse, batterie, guitare au Studio Zéro de Olivier Depardon à Voreppe accompagné par Dan Bartoletti pendant une bonne semaine, arrangements sax et voix chez un ami luthier dans la Drôme, une autre partie dans un grenier et à la roots chez Vincent pour les choeurs et les percussions".
Depuis sa sortie, pouvez-vous nous en faire un retour?
Romain: "Très agréablement surpris, on a bientôt plus d'albums. On est bluffés car on le vend uniquement en live et il en reste vingt. Quand on a eu l'idée de l'album, c'était pas sur qu'on le sorte physiquement. Et puis y'a l'artwork de la pochette, alors on en a pressé 500 pour faire un peu voyager notre musique, et que les gens repartent avec un souvenir.
La sortie de l'album a donné un côté pro à l'aventure mais on ne voulait pas s'éparpiller, on a donc décidé de ne pas en remettre sous presse".
Vous avez choisi le reggae pour les valeurs qu'il véhicule. Comment le voyez-vous aujourd'hui, tant au niveau production que tradition?
Romain: "Vince et moi on est des gros fans de reggae. Cette musique a un double visage; les radios standards nous raconte que le reggae est mort, que son âge est passé, alors que c'est une musique qui rassemble du monde dans les festivals. Y'a plus d'écoute dans le reggae roots chez nous qu'en Jamaïque où il a pris un courant plus dancehall.
Le reggae a encore de belles années à vivre et encore plein de choses à dire, n'en déplaise aux médias généraux. On a rencontré un paquet de groupes qui nous on dit que chanter en français c'était mort. De nos retours de concerts, c'est tout l'inverse qui se passe".
C'est un choix délibéré que vous avez fait de chanter en français?
Romain: "Avant tout, je suis un gros fan de Brassens et Brel, et le français est une langue que j'adore. Je suis honoré de pouvoir chanter en français et faire du reggae français. C'était important pour moi, que les gens comprennent ce qu'on a à dire".
Thierry: "On a une belle langue et ce serait dommage de ne pas l'utiliser et on l'oublie souvent surtout dans le domaine musical. Certains vont chanter en anglais pour mieux s'exporter".
Vous avez un titre qui parle d'équilibre dans cet album. Dans quoi puisez-vous le vôtre?
Laurent: "L'équilibre du groupe se trouve dans les influences de chacun. Déjà il y a une grosse différence d'âges entre nous tous ce qui est aussi notre force. On a tellement d'univers différents, que ce soit musicaux ou personnels, et c'est ce qui fait cette famille, très saine, où chacun est bienveillant avec l'autre alors que çà aurait pu être le contraire".
Thierry: "Tous autant qu'on est, on aime la scène. On fait de la musique pour".
Romain: "On aime bien dire que chaque membre à un travail à côté. On est amateuriste dans le bon sens, par amour de la musique. On ne fait pas de compromis par rapport à l'argent, c'est vraiment la scène sur laquelle on veut jouer qui prédomine".
Lionel: "Sur scène, on n'a pas de schéma défini. On fait çà au feeling. Sur l'album on sent moins la différence, mais en live çà n'a rien à voir. On amène une ambiance beaucoup dominée par le reggae, mais les choses se font naturellement".
Akousty Roots: "Le reggae est la colonne vertébrale du groupe. Les couleurs qu'on y met sont une question qui ne se pose pas. C'est aussi comme çà qu'on sort du cliché.
La sincérité est importante aussi, on le fait avec le coeur sur scène".
Vous parlez d'écologie dans des titres comme "Terre Mère" ou "Vieil Arbre". C'est un sujet qui vous préoccupe?
Romain: "Cà nous préoccupe encore plus aujourd'hui. J'aimerais bien que le terreau de notre politique soit l'écologie. On est tous sensibles à çà. Entre nous on se taquine, on se dit "va faire un calin à l'arbre", mais derrière la blague on est quand même très proche de la nature. On ne lâchera pas le sujet, y'a trop de choses à dire".
Laurent: "On habite tous à la campagne. C'est quelque chose qui nous ressource réellement".
Au milieu des préjugés et des dicscriminations, comment voyez-vous l'Homme aujourd'hui?
Romain: "Mon regard à moi a changé. On part du constat que pour changer le monde, faut changer soi-même. On a un peu tous le même avis, à savoir ce que l'on pense, on le porte. On essaie d'être à la base de ce que l'on croit".
Laurent: "A nous de faire. On a plein de choses à faire dans la société. Politiquement parlant, si on attend qu'ils changent nos vies, on peut attendre longtemps".
Pensez-vous qu'un vrai retour aux valeurs soit possible ou est-ce-que la mondialisation est inévitable selon vous?
Lionel: "On le cherche bien. On y va et on arrivera bien au bout de ce système à un moment donné".
Laurent: "A titre personnel, j'aimerais bien un renversement du sysème par rapport à la mondialisation. Je trouve qu'il y a tellement de choses qui se perdent comme les métiers artisanaux. Aujourd'hui tu fais faire et tu achètes à l'étranger et plus chez ton voisin car l'enjeu est économique".
Quels sont vos projets pour la suite?
Romain: "Pour la rentrée, on finit notre tournée Chant Libre jusqu'au mois de Novembre. Après on fait volontairement un arrêt des concerts pendant au moins un an.
Le deuxième est en cours, on a déjà cinq à six morceaux d'un nouvel album. On aimerait bien qu'il dure le temps d'une gestation de neuf mois".
Akousty Roots: "Pour nous il aura beaucoup de sens. Le premier était la rencontre des musiciens, tandis que le prochain sera vraiment crée en commun, avec les six musiciens et leurs diverses influences".
Merci Akousty Roots de nous avoir reçu. Un dernier mot pour tous nos lecteurs?
Romain: "Pour nous l'aventure est superbe avec cette radio. Pour le fan de reggae que je suis, je trouve qu'elle a un gros rayonnement, les gens suivent.
On a eu une super chronique sur l'album, vous venez nous rencontrer, on est très touchés".
Akousty Roots: "Merci beaucoup à vous. Gros Big up".