Cette année 2017 est riche.
Riche en albums, riche en découvertes musicales.
Riche en merveilles sonores profondément roots comme, par exemple, Marcus Gad et son album Chanting ( retrouvez la chronique ici ).
C'est dans le même esprit, voire avec la même spiritualité, avec les mêmes vibes que j'ai été transporté par Architect de Subajah.
Subajah est un jeune artiste, vivant à Londres, berceau du reggae européen, mais qui a des liens étroits avec la France, où il a passé sa jeunesse, et plus particulièrement avec la Martinique.
Bien que Subajah se tourne à ses débuts vers le rap (en se formant aux côtés de Freddy K, du groupe parisien ATK), il est attiré par les rythmes Caraïbéens et Africains, où la tradition orale a une place prépondérante. On comprend fort logiquement que les textes ont leur importance pour Subajah.
C'est en 2007, que l'artiste rejoint la capitale Anglaise et fonde le collectif Subajah Family, collectif très actif de la scène reggae londonienne.
Depuis 2012, et son premier single "runaway", Subajah a parcouru les scènes anglaises, bien sûr, mais aussi européennes, comme le Rototom en 2016. Et c'est depuis le mois de Mars 2017 que l'on peut découvrir, savourer, son nouvel album Architect.
On peut dire que l'artiste sait s'entourer de ce qui se fait de mieux en Europe dans le milieu deep roots puisque l'album fut mixé au fameux studio Davout à Paris (en dehors de deux titres enregistrés à Londres) par Tamal, qui avait déjà travaillé aux côtés... des Banyans ( qu'ils vont nous manquer !!) où l'on retrouvait Pita et Raph', qui agissent maintenant aux côtés de.... Marcus Gad, au sein de la Tribe family (que le monde du reggae est petit ou est-ce le talent de Tamal qui fait que...j'ai bien sûr ma réponse !!).
Architect a été masterisé à Anchor Studio, à Kingston en Jamaïque, par Tamal avec le soutien de Gussie Clarke, producteur légendaire dont je ne peux refaire la biographie, tellement elle est riche !
Subajah a également su trouver la crème des musiciens, avec James Shepard à la guitare, Barry Dread à la basse, Carlaloo One Drop à la batterie, Ashanti Selah aux claviers et Calvin "First Eye" Bennion au piano et claviers.
Quand à la section cuivres, il s'agit de Fred et Alex, membres des Tu Shung Peng (est-ce bien la peine de vous renvoyer vers Wise Stories from Vineyard Town, un des albums marquant l'année 2015...dont vous pouvez lire la chronique ici ).
D'autres musiciens de talent interviennent également sur l'album. Ainsi on a le plaisir de se laisser bercer par le melodica d' Addis Pablo, fils du légendaire Augustus Pablo, sur une version dub du titre "Architect." Mais on retrouve aussi les sonorités Africaines avec la guitare N'goni de Youssouf Diabaté sur "Afrika's callin'" . Mais aussi le chanteur Bongo Kanny sur 'Keep it real'.
Subajah sait s'entourer, également, au chant, comme avec Meta Dia, sur le titre 'Steady' ; ou Lutan Fyah sur 'Along the Way' .
Composé de 17 titres, dont 4 dubs, dans la plus pure tradition des albums roots reggae, cet album ne s'enlise pas dans la nostalgie d'une époque révolue, mais au contraire, est résolument moderne, tout en restant deep roots ! C'est un album riche, diversifié par les ambiances de chaque titre :
- Roots Rock Reggae sur "Keep it real" où les percussions nyabinghi côtoient un solo de guitare électrique très rock.
- Roots façon 70's sur "Farmer's"
- Ambiance Africaine sur 'Afrika 's callin" ou encore "Win or Loose".
- Revendicatif, combatif aux sonorités plus modernes sur "Walls of Babylon".
- Ambiance Nyabinghi acoustique sur "Words".
- Méditatif sur les 4 pistes dub.
C'est un premier album totalement abouti, et totalement réussi dont on ne se lasse pas tant les ambiances diffèrent tout en gardant une ligne conductrice fidèle au deep roots, dans la lignée de Midnite.
C'est sans aucun doute un des albums marquants de cette année 2017, par un artiste dont la voix ne peut nous laisser indifférent et qui sera à suivre dans les années prochaines. La Grosse Radio Reggae vous en reparlera surement !! Avec des artistes de cette qualité, je peux vous assurer que les valeurs du reggae ne sont pas prêtes de s'éteindre, et Babylon peut trembler !
Alors si ce n'est pas encore fait, si vous étiez passés à côté, rattrapez-vous vite en plongeant dans Architect... en espérant que nous pourrons découvrir cet artiste sur les scènes françaises très rapidement !!