C'est le 18 Novembre lors du deuxième Zénith à St-Etienne pour le So What Tour, (live report ici) que j'ai rencontré Aurélien aka Komlan pour une petite interview.
Salut Aurélien, merci de m'accorder quelques minutes pour La Grosse Radio.
Comment s'est passé le So What Tour depuis la sortie de l'album ?
On a un bilan positif de ce disque. Le zénith ne conclut pas tout à fait la tournée mais d'une certaine manière quand même.
Le fait qu'on se soit remis le disque d'or à cette date est aussi symbolique du bilan de cette tournée.
On est contents car on a eu un très bon accueil du disque par notre public et je pense que ça l'a même agrandi.
Cet album nous a permis d'atteindre et d'accéder à des scènes et d'autres pays où on ne jouaient pas et surtout on a progréssé grâce à cela.
En fait, que du positif et que du bon autour de cet album.
Justement, vous avez joué un peu de partout avec cet album : Argentine, Grèce, Espagne, Portugal, Mexique, Colombie, Allemagne, Italie, Hollande, Suisse et même au Burkina-Faso ?
On a fait beaucoup de nouveaux pays et d'autres déja faits lors des tournées précédentes.
On a pu constater qu'il y a certains pays où ça marchait mieux avant commme par exemple le Portugal. Quand on jouait il y cinq ou six ans, ça cartonnait plus que maintenant. Mais c'est l'inverse pour l'Italie où on allait très peu et cette année on y a joué cinq ou six fois.
C'est plein de nouveaux terrains pour travailler et faire connaître notre musique.
Est-ce que, dans ces pays, le public est autant réceptif que dans l'hexagone ?
C'est différent mais il y a quelque chose d'assez fédérateur autour du groupe qu'on a retrouvé aussi à l'étranger. Même dans les pays où les gens ne comprennent pas le francais, il y a quelque chose d'universel dans notre musique qui permet à tout le monde de s'y retrouver. Et l'aspect festif fait le reste.
Sur scène on se fait toujours autant plaisir que ce soit dans une petite salle à l'étranger comme dans un Zénith en France et les gens le ressentent. On vient avec notre sincérité, notre expérience et le message arrive toujours à passer.
Qu'est-ce qui a changé ou s'est amélioré chez Dub Inc au niveau global ?
On a étendu notre terrain de jeu. Au niveau du label qu'on a créé pour rester indépendant, de nos structures et de nos lieux de travail. On a un studio qu'on a refait nous-mêmes.
On a mis plus de quinze ans pour avoir un lieu de travail qui est vraiment à la hauteur de ce que l'on veut faire avec une partie studio, une partie répétition, une partie lieu de vie. C'est une des choses qui a vraiment progressé.
Il a fallu que notre structure suive l'évolution du groupe. Si le groupe est plus exposé, il faut aussi que la structure assume le fait que l'on ait plus de public, que l'on soit plus professionnel sur la production et la distribution de disques, sur le numérique, sur la vente par correspondance. Et grâce à notre manager, Mathieu, on a beaucoup travaillé dessus.
On a agrandi notre équipe, maintenant Dub Inc est constitué d'une quinzaine de personnes qui travaillent sur la tournée et c'est ce qui a vraiment évolué.
On va faire un petit tour en arrière.
Dub Inc discographie :
6 albums studio :
1999 : Dub Incorporation 1.1 (maxi)
2001 : Version 1.2 (maxi)
2003 : Diversité
2005 : Dans le décor
2008 : Afrikya
2010 : Hors contrôle
2013 : Paradise
2016 : So What
5 mixs :
2011 : No Doubt riddim
2013 : Dub Inc Summer mix
2015 : Better Run Riddim
2016 : Summer Mix & They want ridddim
Ca fait pas mal de choses ça ?
Oui, avec les années on a fait pas mal de disques et tous les projets à côté sont des manières pour nous de faire autre choses.
Les one riddims sont toujours intéressants et c'est bien d'entendre d'autres artistes sur notre musique et de participer aussi à l'ambiance des sounds systems.
En plus avec l'expérience et l'apport de certains musiciens du groupe ayant leurs propres labels comme Oneness ou Greenyards et maintenant que notre studio est opérationnel, c'est encore plus facile.
Que penses-tu du reggae français et francophone actuel ?
Il y a pas mal de groupes qui émergent et qui tournent déjà.
On sort d'une période où il y avait très peu de reggae sur les routes. Peu d'albums sortaient. On a eu une année avec beaucoup de projets comme Tairo, Jahneration, Naaman,Yanis Odua, Brain Damage, Biga Ranx aussi. Il y a trop d'exemples à donner... .
Je trouve que l'activité de la scène reggae française se porte plûtot bien. Il y a un vrai renouvellement, pas mal de jeunes ou très jeunes comme LMK, Mystical Faya qui arrivent et c'est bien.
Au final, le public se renouvelle.
Le reggae est en forme et il se passe beaucoup de choses.
Qu'est-ce que tu écoutes ?
Beaucoup de choses mais pas forcément que du reggae et c'est par période. De la Soul comme Jacob Banks ou même du Rap comme le dernier album d'Orerlsan, j'écoute énormèment de musiques.
Au niveau du reggae antillais, j'aime bien écouter quand il y des nouveautés qui sortent. Tiwony, Straika D sont des artistes que j'essaie de suivre.
Sinon la scène africaine en général, par exemple l'album des Diabaté avec M que je trouve très bien, l'afrotrap.
L'Afrique ça bouge pour la musique.
Qu'est-ce qui a changé de votre premier sound system à maintenant dans le milieu question ambiance ?
ça n'a plus rien à voir.
Si on prend l'époque des sounds system, ça a beaucoup changé. Le son s'est démocratisé et le milieu s'est ouvert. Il y a des sounds de tous les styles, des groupes diversifiés et c'est bien.
Il ya une bonne ambiance entre les artistes et beaucoup plus de collaborations et de featuring qu'avant.
Internet, bien ou pas pour la musique ?
C'est bien car maintenant avec les streamings, il y a un vrai comptage de ce qui est écouté ou pas.
Internet nous a permis de dépasser le manque de promotion que l'on aurait pu avoir et surtout de faire circuler notre musique.
Des regrets dans ta carrière ?
Non. On a la chance que ça se soit toujours bien passé. On se dit souvent qu'on aurait pu faire mieux sur certaines choses mais quand je vois où on est aujourd'hui, si c'était à refaire, je referais pareil.
Des choses que tu éspères ?
Je souhaite que ça continue à se passer dans cet esprit-là; que notre aventure soit toujours positive humainement et avec le public.
Allez, on se projette un peu, comment te vois tu dans dix ans ?
Je ne sais pas du tout. Est-ce qu'on sera encore là ? Est-ce qu'on tiendra le coup jusque là ?
La route c'est bien mais c'est parfois usant . Ce qui est paradoxal est que parfois c'est épuisant mais tu ne peux pas t'en passer non plus. C'est une question à laquelle il est très, très difficile de répondre. Je ne me vois pas non plus ne plus faire de la musique dans dix ans, ça c'est sûr, mais après sous quelle forme, je n'en ai aucune idée.
Un dernier mot pour La Grosse Radio ?
Big up à tous, big up à la Grosse Radio que j'écoutais encore tout à l'heure !
Souvent on dit qu'on a du mal avec les médias mais avec vous et d'autres médias spécialistes qui se bougent, il n'y a aucun problème et c'est toujours avec plaisir.
Ok c'est cool, merci Aurélien, big up !
Big up Jo.
Photos prises par moi même Rasdjoh lors du concert.