Après des concerts tout en cuivres et en hip-hop par Smokey Joe & The Kid et Radio Kaizman en octobre dernier (le gros report ici), La Grosse Radio avait de nouveau rendez-vous le 25 janvier à L'Arc-Scène Nationale du Creusot pour un concert organisé par Eh La Production.
Mais cette fois, c'était pour n(v)otre genre musical favori que La Grosse Radio avait fait le déplacement, puisque nous sommes allés retrouver deux artistes que nous suivons d'une manière tout à fait assidue, à savoir Joe Pilgrim & The Ligerians et Williams Brutus. Et ça tombait très bien sachant que chacun a une actualité riche en sorties : un album pour Williams Brutus, intitulé L'Estère, qui paraît aujourd'hui même (la grosse chronique ici) et un single, "Migrants" (voir ici), annonciateur d'un nouvel EP, Step Out, pour Joe Pilgrim & The Ligerians.
Notre grosse équipe était donc sur le gros pied de guerre pour découvrir en live ces nouveaux projets.
C'est Williams Brutus qui a ouvert la soirée. Hormis quelques morceaux sortis auparavant, le chanteur a majoritairement interprété des titres de son album qu'il s'apprêtait à publier. Le public découvrait donc, en quelque sorte, cet opus en exclu, même s'il avait déjà pu s'en faire une idée avec un EP produit en avril dernier (la grosse chronique ici).
On le redit : si, sur disque, le projet de Williams Brutus peut se diriger vers de la pop ou de la soul, sur scène, il reste avant tout reggae. La démonstration en est apportée d'entrée de jeu avec les musiciens du chanteur qui optent pour une instrumentale reggae qui se conclut par un dub.
Dès lors, Williams Brutus débarque pour se poser sur "Let Me Know Jah" avec un timbre très raggamuffin, ce qu'il abandonnera par la suite pour laisser libre cours à sa voix plus soul et plus mélodique. Mais il fera également un écart de conduite pour rapper, en lieu en place de Beat Assailant, sur "You Can't Stop The Rain". Le hip-hop étant le genre par lequel il est arrivé dans la musique (ainsi qu'il nous le confiait en interview peu avant le concert), c'eût été dommage qu'il ne nous fasse pas part d'un phrasé scandé.
Du reggae, disions-nous donc. On en entendra notamment avec le superbe stepper "African Dream" et ses nappes planantes à la limite du dub, mais aussi avec "Woe Is Us", sur lequel le guitariste de Williams Brutus opérera un solo excentrique. Et on sera tout aussi convaincu par les rub-a-dub que sont "Won't Turn Around" et l'emblématique "I Tried" avec sa touche digitale apportée par le clavier Boodz.
Quant aux plus sentimentaux (Williams Brutus étant un grand romantique, de nombreuses chansons sur ce thème comblent d'amour son album), ils auront été séduits par un très beau "When I'm With You" avant que le chanteur ne rende hommage à la gente féminine tout entière avec la reprise du fameux "Girls Just Want To Have Fun" de Cindy Lauper sur un rythme ska.
Le ska sera aussi présent dans ce melting-pot musical qu'est "Tchimbe" qui regroupe aussi du reggae (forcément), du calypso, du rock, et plus encore. Williams Brutus quittera alors le public entre autres sur "Avant Que", l'un des rares titres en français de son répertoire.
On ne vous présente plus les Ligerians et leur roots lourd, profond et méditatif. Après notre dernière rencontre avec eux au Télérama Dub Festival à Besançon avec Pilah de Kaly Live Dub (le gros report ici), le groupe était de retour dans sa formule classique. Et à vrai dire, on prend toujours une aussi grande claque quant à la qualité de jeu du combo tourangeau, notamment via sa section rythmique et notamment via son batteur qui, à chaque fois, mash up le snare !
Passée une légère intro des Ligerians, Joe Pilgrim fait son apparition pour se poser sur le stepper "Blessing Light" et ses notes de clavier toujours aussi grâcieuses et entraînantes. Entraînant, Joe Pilgrim l'est toujours autant avec ses danses, à la limite de la transe, notamment sur le très mystique "Lion".
Joe Pilgrim & The Ligerians vont interpréter une bonne partie des titres de leur Intuitions sorti il y a maintenant un peu plus de deux ans (la grosse chronique ici) : "Travel In Babylon", "Forward Brothers", "Burn Fire" ou encore "Go Down The River". Avant de chanter sur ce dernier, Joe Pilgrim n'omettra pas de rendre hommage aux riverains du Rio Grande touchés par la pollution du fleuve. "Go Down The River" sera aussi l'occasion, d'une certaine manière, de poursuivre le travail initié avec Pilah, puisque le morceau aura droit à une extended version avec un Bongo Ben à la percu électronique et rajoutant quelques effets dub.
Comme nous vous le disions plus haut, le groupe s'apprête à dévoiler un nouvel EP et il en a donc profité pour en jouer quelques-uns des morceaux, dont "Migrants" publié la veille du concert et qui aura droit à son pull-up. Cependant, le public pourra entendre une exclu, le titre éponyme de l'EP Step Out, un bouillant et groovant stepper qui annonce une production plus "rough", selon les dires même de Joe Pilgrim et de Gabriel Bouillon, guitariste des Ligerians, dans une interview à retrouver très bientôt.
Et c'est encore une autre exclu qui nous attendait, puisque soudainement des collégiens se sont plus à entonner à l'unisson "Open The Gate". En effet, Joe Pilgrim et Bongo Ben avaient animé des ateliers sur le reggae le matin du concert dans un collège du Creusot au cours duquel ils avaient travaillé sur le morceau cité plus haut. Joe Pilgrim et ses élèves d'un jour ont alors chanté en chœur le temps d'un morceau avant que la professeur de musique des collégiens en question, Estelle Marty, n'intervienne sur scène munie de son violoncelle pour accompagner les Ligerians sur la version acoustique de "Holy Light".
Le reggae est affaire de rencontre, de partage et d'échange, cette soirée nous l'a encore démontré avec brio.
Les professeurs Estelle Marty, Bongo Ben et Joe Pilgrim devant les élèves d'une classe de 3ème au collège des Epontots du Creusot.
Un énorme BIG UP à tous les artistes présents ce soir-là !!
BIG UP également à Eh La Production et à L'Arc-Scène Nationale !!
Crédit photos : Live-i-Pix
