Disparition de Lloyd “El Matador” Daley

Dès les années 70, ce sont des centaines de nouveaux 45 tours qui sortaient par mois et les labels existaient à foison, dont moults producteurs et il faut bien reconnaitre qu’au vu de tous les artistes, il fallait savoir se démener pour les amener dans leurs écuries pour avoir LE (ou La) chanteuse et DJ phare.

Lloyd Daley est de ceux là, il vient de rejoindre Zion ce 18 mars 2018. Retour sur le producteur surnommé « El Matador », nom qui pourrait lui venir d’une hypothétique passion pour la tauromachie, pas d’informations filtrantes sur ce sujet.

Né en 1939 à Kingston, il démarre très tôt sa carrière dans la musique à la fin des années 50, étant un des pionniers du sound system.

Lloyd Daley, El matador, reggae 2018, mort 2018, Little Roy


Peu emballé par la soul américaine, il lui préfère des compositions originales et sait, se démarquer des autres labels en intégrant dès la fin des années 60 des thèmes religieux (rasta) et reality, là ou d’autres préfèrent des thèmes plus légers.

Dès 1968, il frappe très fort avec le titre "Ugly Man" de The Scorchers qui se vendra à plus de 50.000 exemplaires.  Pour le même producteur, ils ont aussi fait "Hold On Tight" ‎et  "Dengue Fever".
 


Producteur prolifique, son plus grand succès reste à ce jour de "Bongo Nyah" de Little Roy. Artiste avec qui enregistrera une bonne dizaine de titres dont  "I without mi love", "no fight dem done", "you run come", "keep on trying". Leur collaboration s’arrête en 1971 avec le titre "righteous man" qu’il fait en trio avec Dennis Brown et  Leroy Sibbles.  Sa "hard Fighter" version, enregistrée par The Hippy Boys  (les frères Barrett, futurs Wailers ) sous le nom "Voo-doo" et une des premières versions dub où le duo basse/batterie est prédominant.

 

Si le label du 43 Waltham Park Road à Kingston, El Matador est le plus connu, il a enregistré aussi d’autres 45 tours sous le nom de différents labels comme Syndicate, MiStic, Doctor Bird ou encore Secret Agent.

Les plus grands du early reggae ont joué pour lui : Alton Ellis « deliver us to Africa, » « Lord deliver us » ou encore « back to Africa » avec Count Ossie et ses percussionnistes, The Viceroys "I am rightous, Work it, take your hands", Dennis Brown "baby don’t do it", "hinks in life", Wailings Souls "Gold digger", Lloyd Robinson « death a come », the worm The Gladiators « freedom train » et les DJ comme Big Joe « Glitters » ou  I-Roy « problems of life » « sound of the wise".
 

Derrière les Matadors All stars, un large choix des grands musiciens de l‘époque comme Vin Gordon (Don Drummond Junior), Johnny Moore et celui qui fut à El Matador ce que fut Jacky Mittoo à Studio One, le grand Neville Hinds, (qui a joué aussi pour Byron Lee et the Dragonnaries et Mighty Vikings)  qui a donné des titres qui traversent le temps comme "The originator", "London Bridge", "musical splendour" ou encore "i dread".
 


Malheureusement, comme beaucoup de labels, celui-ci a été très riche en sorties mais sur une durée déterminée (fin 60’s/ mi-70’s) et puis est tombé dans l’oubli même s’il est remis à l’honneur dans les années 90’s par plusieurs compilations pour le label Heartbeat.

Et comme me  le confiait pourtant Little Roy, il existe des inédits de Lloyd Daley, dont un duo de Little Roy lui-même avec judy Mowatt avec "Give your love with me", qui est en fait une reprise de Stevie Wonder. Quel plaisir cela serait que de pouvoir retrouver les presses originales.

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La musique est éternelle et au-delà les artistes qui l’ont créée. Lloyd Daley s’est éteint à Miami  ce 18 mars 2018 à l'age de 79 ans.

R.I.P. El Matador

Photos collection personnelle
un grand merci à little Roy pour ces quelques confidences.



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