STING & SHAGGY – 44/876

Cela fait longtemps qu'on le soupconne, qu'on l'imagine, qu'on l'espère... Et non, Sting et Shaggy n'ont pas simplement travaillé sur un featuring ou un live conjoint pour un festival, il nous ont préparé un album tout frais, disponible depuis quelques semaines dans les bacs.
Ces deux artistes immenses, références respectives de leur domaine musical, nécéssitent-ils encore une présentation?

STING SHAGGY 44/876 ALBUM

Eux-mêmes amusés du mariage "improbable" proposé par leur deux profils, ils recherchent l'excellence vers laquelle leur parcours musical les a menés. Ils nous livrent ainsi 44/876  leur dernier petit bébé, fresque musicale peinte à coups de dancehall signés Shaggy, de pop toujours aussi ensoléillée à la Sting ou encore de rythmes langoureux qu'ils appellent eux mêmes "Lover Music". Douze morceaux pour incarner cette rencontre, cette amitié, cette mixité musicale : c'est 44/876.
A noter, quelques minutes de bonheur en plus, avec 4 morceaux disponibles sur l'édition digitale deluxe.

1. 44/876 (feat. Morgan Heritage & Aidonia)
2. Morning Is Coming
3. Waiting for the Break of Day
4. Gotta Get Back My Baby
5. Don't Make Me Wait
6. Just One Lifetime
7. 22nd Street
8. Dreaming in the U.S.A.
9. Crooked Tree
10. To Love and Be Loved
11. Sad Trombone
12. Night Shift

Bonus édition digitale:

13. If You Can't Find Love
14. Love Changes Everything 
15. 16 Fathoms
16. Don't Make Me Wait (Dave Audé rhythmic radio remix)

          STING SHAGGY SINGLE 44/876

Si improbable que cela se mariage? A la refléxion, peut-être pas tant que cela. Morceaux et déclarations à l'appui, il est indéniable que Sting a toujours été très attaché au reggae, attiré par ce style musical.
Ce n'est ainsi pas son galop d'essai avec par exemple en 1987, le titre "English Man in New York" aux accents très très très reggae.

Tiken Jah Fakoly ne s'y était d'ailleurs pas trompé.... 

"Africain à Paris" Tiken Jah Fakoly.

Côté déclaration on n'est pas en reste , une petite consulation dans le magazine Rolling Stone ....

"J’ai toujours aimé le reggae. Et Shaggy est une star authentique du reggae. Cela a donné une base à notre langage musical commun mais on n'a pas fait un album de reggae. C’est plus un album de pop avec une base de reggae et a on construit ce projet en plusieurs strates avec plusieurs genres musicaux. Ce n’est vraiment pas un album de reggae. [...] Bob Marley a été un de mes mentors, mon professeur et son fantôme hante mes albums mais toujours de façon positive. Je dois beaucoup à la Jamaïque. J’y ai passé du temps dans les années 80 et récemment. »

Le vif du sujet à présent, l'album, la critique, le ressenti....
Avant toute chose, la question qui vient tout de suite à l'esprit : pourquoi 44/876 ?
La réponse, plus simple que la question, est dans le téléphone. Comprenez indicatif téléphonique du pays; en effet 44 pour le Royaume-Uni, 876 pour la Jamaïque.
Un titre évocateur/annonciateur d'échange, de partage, de mixité, aux couleurs de l'album...

1. "44/876"

Titre éponyme de l'album, "44/876" est invité à la barre dès le début de l'album, pour témoigner de la volonté de Sting et Shaggy - avec un gros coup de pouce de Morgan Heritage & Aidonia -  de mixer leurs univers, leurs cultures, leurs expériences pour livrer un titre complet, mais aussi un titre qui leur ressemble, posant par la même occasion de solides fondations pour l'album.
Morceau très pop-dance-hall (ouais on invente des styles, mais ce sont eux qui nous y obligent) marqué par les voix caractéristiques des deux artistes, le flow toujours aussi entraînant de Shaggy et la voix langoureusement pop de Sting. Un son à ressentir autant qu'à écouter !

2. "Morning is Coming"

Ce n'est pas l'hiver qui vient mais le matin. Luttez contre la morosité, le froid et même les marcheurs blancs et soyez prêts à accueillir l'été !
"Winter is coming" (l'hiver vient) souvenir lointain balayé par la joie contagieuse de nos deux artistes/amis puisque ce titre invite le soleil de Jamaïque dans nos maisons et nos têtes (pour ceux qui ne veulent pas de maison).
Avec un fort goût jamaïcain donc, on retrouve ici une brosse grosse prod. à l'ancienne bien facile à digérer, une invitation au plaisir tandis que Summer (été)... euh pardon...  "Morning is Coming" (Le matin vient).

3. "Waiting for the break of Day"

Comprenez littéralement, "en train d'attendre la pause de la journée".
Sur un rythme plus lent et quasi langoureux, c'est ici le texte, le message porté par le morceau qui retiennent l'attention.
En effet, ce titre écrit par Sting est assez engagé et semble porter un propos cher aux yeux du chanteur.
Il cherche à nous insuffler "la force de désobéir", à attirer notre attention sur " les mensonges des politiciens"...
Ce troisième morceau porte les valeurs essentielles chères à ces artistes et porte un propos fort dans la pure veine de Sting, qui n'est pas sans rappeler l'excellent et engagé "Russians", par exemple...

4. "Gotta get back my baby"

Voici le lover style promis, morceau .... Eh bien de lover... "Je dois retrouver mon bébé" , apologie de l'amour perdu qui rappelle qu' "on ne sait jamais ce que l'on possède jusqu'à ce qu'on le perde"...
Sting et Shaggy -de leur propre aveu- étaient destinés à chanter un morceau de ce type ensemble. Shaggy décrit le talent d'écriture de Sting pour les chansons d'amour et rappelle qu'il est lui-même "Mister lova-lova". Un mariage écrit à l'avance dont les lettres sont à présent tracées sur une portée musicale.

5.  "Don't Make Me Wait"

Quelle ironie pour un album si attendu ! "Ne me fais pas attendre", message martelé par ce morceau où les artistes s'adressent directement à une femme mais semblent finalement converser avec... l'amour. Nous sommes ici encore dans du pur love style Sting/Shaggy puisque ces deux philosophes de l'amour se permettent presque de s'adresser à lui à travers une femme, à l'amour véritable, comme pour lui demander de se presser d'arriver dans leur vie...
Ainsi le message sonne de deux manières puisqu'on cherche à ne pas attendre pour aimer, ne pas attendre le grand amour.

"They say that true love's hard to find
I'm ready now to make you mine"

("Ils disent que l'amour véritable est dur à trouver, je suis maintenant prêt à faire de toi le mien...")

Il s'agit là de l'un des morceaux phares de l'album puisque c'est peut-être le clip le plus diffusé, même à la télévision sur des chaînes publiques.

6. "Just One Lifetime"
Retour au pur reggae music, que ce soit par la prod, le rythme la voix ou encore le message.
On nous invite ici à aimer la vie, à apprécier tout ce qui la compose et à réellement en profiter pusique nous n'en avons qu'une seule.
Un message finalement simple mais ô combien important : sois heureux d'être en vie, profites-en et fais en quelque chose qui te plaît, qui te porte, qui te rend heureux toi et les autres...

"Just one lifetime
And there's only one, yes there's only one
Just one life to live"

"Une seule durée de vie,
Et il n'y en a qu'une, oui une seule
Une vie à vivre"

7. "22nd Street"

Un morceau pour tous les "lonely lovers", comprenez amants solitaires. Un paradoxe auquel les deux amis tentent de répindre. Au rythme lent de ce èème titre, il s'agit d'une invitation métaphorique au 22 second Street pour tous les solitaires de l'amour...
Un morceau aux accents amoureux donc, pour répondre à la thématique récurente de l'album.
Les deux artistes se muent une fois de plus en policiers (référence à la série TV?)  de l'amour pour guider les coeurs isolés...

8. "Dreaming in the USA"

Déclaration d'amour à leur patrie d'adoption, on trouve ici une image un peu édulcorée du fameux rêve américain dont même West Side Story n'a pas réussi à écorner l'image.
Morceau très punchy  au rythme rapide donc, aux accents rock des origines musicales de Sting.
Au-delà donc de l'apologie faite aux Etats-unis, on comprendra donc les valeurs que cherchent à dépeindre les auteurs. 
La direction prise par ce pays pose et force la réflexion, si la "patrie des rêves et de la liberté" permet -par exemple- à un tyran à peine déguisé de prendre ses commandes, il serait peut-être temps de délocaliser le rêve américain, le délocaliser en chacun de nous, pour rêver ensemble... 
Ainsi, si ces valeurs ne sont pas forcément propres aux USA (et c'est un euphémisme) , elles devraient peut-être le devenir pour chacun de nous, pour, toujours, défendre la liberté.

9. "Crooked Tree"

Symbole ultime de l'album, poussant à son paroxysme la métaphore du tribunal et de la cour d'assise puisque nous avons ici une mise en scène de la justice.
La mise en scène d'un "arbre tordu", métaphore de "l'esprit tordu" qui subit un réquisitoire et fait face à une parodie de justice au sein de ce morceau prenant, presqu'angoissant. La mise en scène orchestrée par une sorte de question/réponse met en place un univers auquel on accroche de suite. Un purgatoire pour exprimer non son regret, mais l'utilité d'avoir commis telle ou telle erreur, pour appréhender la prochaine... L'homme, par essence commet des erreurs et est crée pour en faire. Le tout est de savoir qu'en faire par la suite.

"None of us are perfect, so remember what you see.
When the Good lord carved this crooked soul, out of a crooked tree."

"Aucun de nous n'est parfait, rappelle toi de ce que tu as vu.
Quand le Dieu sculpta cette âme tordue, sortie d'un arbre tordu".

10. "To love and Be loved"

Retour au love sous de forts forts accents jamaïcains qui invitent directement le soleil dans nos têtes, dès la première note jouée.
Aimer et être aimer, le titre se suffit à lui-même.

"Nothing better to love and be loved"
"Rien de mieux qu'aimer et être aimé."

11. "Sad Trombone"

Contrepied détonnant au sein de cet album puisqu'on parle ici de.... tristesse.
Parlant à la première personne, on nous raconte ici l'histoire du trombone triste, qui habite les pensées, la chair, l'être du personnage mis en scène.
Comme pour rappeler (à la manière de l'excellent film Vice-Versa) que la tristesse est aussi nécessaire à avancer, à la construction d'une personne.
Combattre le mal par le mal, la dépression par la "chanson triste".

12. "Night Shift"

Littéralement "Service de nuit", ce morceau est profondément ancré dans le réel et décrit très pragmatiquement le déroulement d'une journée et finalement de la vie routinière et surtout décalée d'une personne travaillant de nuit.
Une manière d'aborder dans l'album, une fois de plus, la thématique de l'isolement et de la personne solitaire, coupée du monde.

De retour au premier plan avec une belle présence dans le top 10 des ventes depuis sa sortie, 44/876 a déjà un bel avenir devant lui, et ravive en nous une nostalgie ennivrante, comme si Wasn't me ou "Bombastic" étaient sortis hier... Mister lova-lova est toujours vivant et il sait toujours s'entourer....

Très empreint d'amour, de tristesse, bref de vécu et d'expérience, Sting et Shaggy nous livrent un opus complet, oscillant entre leurs premières amours (le cas de le dire pour le lover style) et une mixité trouvée par le partage de leurs cultures, de leur pays, de leur musique, pour notre plus grand plaisir.
Ils aiment chanter qu'ils aiment, et on adore ça !

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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