Si la France a gagné la 21ème Coupe du Monde de l'histoire, Alpha Blondy revient au premier plan avec son (justement) 21ème album !
C'est toujours un retour aux sourcse avec notre papa du Reggae : Alpha Blondy. Figure emblématique du paysage Reggae, il associe ici les racines pures du Reggae qui l'ont forgé avec une nouvelle génération qui, elle aussi, a des choses à dire. Alpha les invite au débat, nous écoutons.
A découvrir sur l'album:
"Political Brouhaha"
"Nos hôpitaux sont malades"
"Les païens"
"Oté-fê" (feat. Youssou N'dour)
"Cigarettes"
"Kanou (feat. Fally Ipupa) "
"Life"
"Alphaman Redemption " (feat. Angélique Kidjo),
"Human Race",
"Black Hole".
1. "Political brouhaha"
Le ton de l'album est donné avec ce premier morceau. Premier morceau dont le choix n'est jamais anodin, comme s'il impulsait un rythme à l'album, une thématique.
C'est ici un texte engagé (le titre ne trompe pas) que nous livre Alpha Blondy pour ouvrir son nouvel album. Au travers du chant en anglais et du texte simple (non pas simpliste), l'artiste martèle son message, qu’on entend donc de nombreuses fois, les politiciens nous abreuvent de mensonges et il s'insurge une nouvelle fois contre cela.
2. "Kanou"
Que ce soit musicalement ou linguistiquement, c’est ici un morceau aux forts airs africains et au petit accent zouk que nous offrent les deux artistes puisque c'est le lingala (langue officielle de la RD Congo) qui est majoritairement utilisée ici. Le message est simple, répété avec insistance comme le dit Kanou lui même lorsqu’il parle de sa chanson.
« Ça veut dire L’amour, tout simplement, l’histoire raconte que les trop fréquentes querelles entre amoureux tuent la passion… ». Une mise en garde contre toutes les petites ondes négatives qui parasitent le quotidien d'un couple amoureux.
Une chanson d’amour donc, de respect aussi mais comme toujours, de passion surtout.
3. "Life."
Décidément, Alpha Blondy nous tue le suspens avec chacun de ses titres puisque c'est ici une chanson qui célèbre la vie, un cadeau pour conclure notre été en beauté.
Chanson très très très reggae, on la ressent plus qu'on ne l'écoute, et c'est à coup sûr l'un des objectifs d'Alpha. Souvent moqué par les broyeurs de noirs, c'est pourtant l'essence du Reggae qui est prônée ici : célébrer chaque jour, savourer chaque jour, rappeler qu'il en faut peu pour être heureux avec une chanson qui nous place vraiment dans la peau de Baloo sur sa rivière... Qui veut partager un rayon de miel au soleil?
4. "Alphaman Redemption".
"Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux: un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté; un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir;…"
On ne va pas vous cacher que le texte ne sort pas tout droit de la tête de notre Reggaeman Ivoirien, il s'agit en fait d'un passage de la bible (en l'occurrence écclésiaste 3:2).
Cette information enregistrée, la phrase récurrente de la chanson tombe ainsi beaucoup plus sous le sens : "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil", comme pour rappeler, encore, que les problèmes de l'humanité, causés par elle, sont les mêmes depuis des milliers d'années.
Qu'on adhère ou non à la cause religieuse, force est de constater que le message prôné initialement n'est qu'amour et partage. Il conviendrait ainsi de l'appliquer si l'humain veut atteindre la rédemption, nous le savons depuis plus de 2000 ans et pourtant, "il n'y a rien de nouveau sous le soleil..." La rédemption n'est pas nécéssairement religieuse et c'est nos relations qu'il faudrait de même améliorer, penser à son prochain, unir plutôt que diviser.
C'est ainsi ce que fait Alpha Blondy, comme régulièrement, en invitant ici Angélique Kidjo à chanter avec lui. Elle s'exécute en Mina (dialecte togolais), pour appuyer le message. Une manière de rappeler qu'il s'applique partout...
5. "Human Race"
Morceau très musical aux airs reggae, il s'agit ici du coeur de l'album puisqu'il attaque encore une thématique chère à l'auteur.
Titre éponyme de l'album, on comprendra sans surprise qu'il s'agit ici d'une critique de l'Humain.
" You got to know who you are", une invitation à l'introspection, à la remise en question aussi. L'artiste s'adresse ici à chacun, à vous, à moi et ce n'est pas le choix de l'anglais qui contredira cette idée: Alpha se veut le plus universel possible. De l'unité (nécessaire) de l'Afrique à la destruction des ressources offertes par la Terre, c'est autant de problématiques qui sont abordées ici avec un leitmotiv important "Rise Human Race" (Grandis Race Humaine).
6. "Nos Hôpitaux"
Retour au français pour dénoncer les mouroirs/abattoirs que sont les hôpitaux africains. Sans détour, Alpha tape du poing sur la table et on remarquera dès la première phrase la belle métaphore pleine de sens "nos hôpitaux sont malades", un comble pour un établissement médical que d'être malade.
Par le prisme du problème médical et sanitaire grandissant en Afrique, Alpha Blondy revient sur sa thématique ouverte dès le premier titre de cet album puisque ce sont une fois de plus les politiciens (Africains ici) qui sont ouvertement critiqués. En effet, au delà d'implorer leur pitié "pour nos villages", on rappelle qu'ils choississent, eux, d'aller se faire soigner en Europe tandis que leurs compatriotes sont reçus dans des conditions déplorables. Chanson très reggae, à l'ancienne, et agréable à écouter de surcroît, la phrase d'accroche vous restera vite en tête.
Le message peut paraître désuet car répété des dizaines de fois, mais qu'il est facile de critiquer à distance lorsque l'on est tranquillement assis dans son canapé et qu'en cas d'overdose de chips ou de coca, le samu peut nous réponde au téléphone et nous prendre en charge.
En afrique, pas de samu, pas d'hôpital, pas d'infrastructure.
L'égalité humaine passe aussi par l'égalité sanitaire, il est temps de soigner nos hôpitaux, tous nos hôpitaux...
7. "Les païens".
Est-il besoin de dire que la thématique religieuse est ici abordée avec ce titre reggae électro, imprégné de la foi de l'artiste?
Au-delà de tout ce brouhaha et de toutes ces promesses politiques, pour Alpha Blondy, il existe une langue universelle, celle de la foi. Patchwork de citations religieuses, ce morceau est surtout une ode à la tolérance et la l'universalité et c'est l'artiste lui-même qui en parle le mieux.
« Ma mère était musulmane, mon père chrétien mais il n’y a qu’un Dieu. C’est écrit dans le Coran : Ne laissez personne vous diviser. Il s’adresse aussi bien aux juifs, aux chrétiens qu’aux musulmans. Et aujourd’hui on assiste à quoi ? A une division. Je tenais à revenir à ce Dieu unique. On doit se conformer aux prescriptions de ce Dieu qui nous unit. C’est un Dieu d’amour non pas un Dieu de division. La seule chose vraie aujourd’hui c’est l’amour de Dieu. »
Les afficionados d'Alpha Blondy ne seront pas surpris de cette omniprésence de la foi de l'artiste puisqu'il nous y a habitués au fil de sa discographie , Jah Glory (Gloire à dieu) affirmait le titre de son premier disque, alors que Jérusalem était le nom de son quatrième. La spiritualité a toujours été très présente
chez lui et il convient d'aller au delà du message purement religieux pour s'arrêter sur le caractère universel. Il s'agit ici d'un message d'amour, de réunification des peuples, quelle que soit leur origine, leur couleur de peau ou leur croyance religieuse.
8. "Les cigarettes."
Retour aux rythmes Reggae à l'ancienne que nous connaissons bien avec Alpha Blondy qui nous livre ici un morceau très entraînant empreint de vécu. En effet, il semble avoir atteint le point de non retour et critique ici la cigarette (grosse surprise au vu du titre non?) à coups de mots et de métaphores.
Un titre qui rappelle le "arrêter la clope" que Renaud avait aussi senti nécessaire de chanter, comme un passage obligé d'un chanteur fumeur dont l'âge avance, ils se rendent compte du mal que la cigarette a fait à leur corps et tentent une mise en garde. Comment les contredire, surtout quand c'est musicalement bien amené?...
"Je me tue à petit feu...."
9. "Whole lotta Love."
Que les rockeurs amoureux de Reggae qui n'ont jamais sû sur quelle chaise s'asseoir se contentent : Alpha Blondy nous livre ici une formidable reprise de Led Zeppelin, formidable mariage entre le reggae et le rock pour revisiter un titre que nous avions déjà su aimer.
En conservant la mélodie pour l'adapter sur une portée Reggae, Alpha réussit son premier pari de l'album au niveau des reprises...
Habitué des reprises puisque beaucoup de ses albums en comportent, Alpha Blondy se livre donc ici à l'exercice de la reprise rock, comme un manque pour lui qui se disait depuis longtemps "Amoureux de rock anglais".
10. "Oté fê"
L'introduction très rock et l'utilisation de la guitare électrique tout au long du morceau font parfaitement le pont avec le morceau précédent, comme pour opérer un retour en douceur au reggae africain pur. Cette fois, c'est du Wolof (dialecte le plus parlé au Sénégal) que nous entendons au coeur d'un morceau dicté par Youssou N'Dour.
Ce titre est central au sein de l'album puisqu'il réunit plein de thématiques et une fois encore Alpha Blondy donne la parole à ses collègues, à ses frères. Youssou N'Dour dit de ce morceau :
"'Ce titre est important, il signifie : Ils ne veulent pas. Ils ne veulent pas que les africains s’unissent, car dans ce cas-là il sera bien plus difficile de piller nos matières premières... »
Un nouveau message d'Unité enrobé de critique politique adressé, entre autre, à une Afrique qui devrait s'unir...
11. "Je suis venu te dire que je m'en vais".
Exercice de reprise, Volume 2. C'est ici à Serge Gainsbourg qu'Alpha s'attaque avec une nouvelle très belle reprise Reggae pour un chanteur disparu qu'il adorait comme il le dit lui-même.
"Serge Gainsbourg c’est parce que je l’ai toujours aimé et beaucoup apprécié. J’ai la chance de l’avoir rencontré au Printemps de Bourges en 1987, je me souviens de discussions enflammées sur le reggae..."
Un hommage donc, comme un préparation à la fin de l'album... déjà.
12. Black Hole.
Comprenez donc trou noir pour le dernier morceau de cet album.
Le morceau s'ouvre sur un cocorico puis un décompte de fusée avant de laisser la place à un reggae entraînant, rythmée à la flute de pan.
Chanson assez philosophique sur la condition humaine et le chemin que nous avons à parcourir, considérant celui que nous avons déjà parcouru.
Comme une invitation à regarder vers le ciel, vers le soleil. Le soleil, lui qui "s'élève hors du trou noir" (The sun is rising high from a black hole).
Une dernière introspection proposée par Alpha Blondy avant de refermer la page Human Race.... A moins de lire le livre une seconde fois?
Lien d'écoute de l'album sur une plateforme légale.
Morceau avec Kanou disponible en vidéo :
C'est encore une fois un album complet que nous offre Alpha Blondy pour venir clôre l'été et peut-être le faire perdurer à base de soleil dans nos coeurs et nos oreilles.
Petit bémol tout de même, certains morceaux se veulent un peu trop répétitifs bien que musicalement très riches...
À 65 ans, Alpha Blondy continue de nous éblouir en studio comme en live et selon ses dires, il n’est pas prêt de prendre sa retraite...
"[...] Donner de l’amour et en recevoir est mon moteur, dans ma musique mais aussi dans ma vie. Et tant que Dieu me donnera la force je serai là. »
Alpha Blondy
Human Race
Sortie le 31 août
Label : Wagram Music/ W Lab
Promo Rise Up