Il régnait comme un air de famille samedi 23 mars à La Forge tout près de Saint-Etienne. En effet, c'est un peu tout le "gratin" reggae de Sainté qui s'était donné rendez-vous dans cette salle afin de célébrer en musique les vingt ans de carrière de l'enfant du pays, j'ai nommé Brain Damage. Le Stéphanois est actuellement sur les routes pour cet anniversaire, résultat d'une aventure débutée en 1999, mais ce concert était bel et bien le point d'orgue de la tournée. The place to be !
Et pour ce faire, l'auteur de ¡ Ya No Más !, sorti dernièrement (la grosse chronique ici), avait convié quelques-uns de ses potes dubbers pour un plateau 100% dub, avec 50% de live (Brain Damage et Zenzile) et 50% de sound system (O.B.F et Vibronics). C'était autrement dit un large panel du dub actuel qui était représenté, toutes tendances et générations confondues.
A peine entrés dans l'arène, nous apercevons Kobé, ancien membre de Babylon Fighters (l'un des tous premiers groupes de reggae français), Fedayi Pacha (acolyte de Brain Damage au sein d'A.S.S.E il y a une vingtaine d'années), ou encore Mathieu Granjon, l'ex-guitariste rythmique des Dub Inc et même l'ingé lumière de L'Entourloop, sans oublier les centaines d'autres personnes de Saint-Etienne et d'ailleurs qui avaient fait le déplacement pour une soirée pleine de ferveur et d'enthousiasme.
Dès 20 heures, le coup d'envoi était donné par O.B.F et ses deux murs orange. La fameuse sono du crew était ainsi de retour après quelques représentations plus scéniques, dont notamment celle au Nomade Reggae Festival l'été dernier (le gros report ici). Le selecta Rico et l'operator Guillaume étaient donc accompagnés de Shanti D et Sr Wilson au mic ce soir-là ; ne manquait plus que Charlie P pour constituer le trio de MCs plus ou moins "officiel" du crew. O.B.F a ainsi ouvert la soirée pendant une bonne heure, où l'on a pu entendre sélections et autres dubplates, dont un sur le "Real Rock".
A partir de 21 heures, le sound system a cédé la place au live, et plus précisément au live instrumental par l'entremise de Zenzile. Instigateur du mouvement dub en France, au côté de Brain Damage notamment, c'est tout naturellement que le Stéphanois a invité les Angevins pour ces 20 Years Of Dub. Le groupe s'est ainsi plu à revisiter une partie de sa discographie du "Dub Trooper" sur Sachem In Salem à l'indémodable "Anti Bass Neighbourhood" sur Totem en passant par "Icepack Sonar" et son riff de saxo terriblement addictif sur Sound Patrol. On a également pris une grosse claque avec l'interprétation de "Zentown" issu de leur meeting avec High Tone en 2005.
Mais Zenzile était aussi venu présenter son dernier opus en date, un 5+1 (la grosse chronique ici) avec Jay Ree, le chanteur de City Kay, lui aussi présent sur scène pour interpréter quelques morceaux tels que "So Good So Far" ou "Disconnected" aux influences dub techno.
Avec l'arrivée de Brain Damage, la salle, déjà bien remplie avec Zenzile, était pratiquement comble. Il fallait pratiquement jouer des coudes pour se frayer un passage afin de suivre le concert du dubmaker. Un peu à l'instar de Zenzile, Brain Damage en a profité pour jouer certains de ses anciens titres. Mais c'est sur un titre issu de ¡ Ya No Más ! et avec "Liberation Time" en feat. avec Harrison Stafford que le Stéphanois a entamé son concert, histoire de débuter tout en douceur avant de véritablement commencer les hostilités stepper, et plus particulièrement avec le "Fyah Bun" ft Willi Williams immédiatement suivi de son dub. Un dub totalement improvisé également pour une version épique du "Stand By Me" toujours en collaboration avec H. Stafford. On entendra en outre le mythique "Genetic Weapon" qui date des débuts de la carrière de l'artiste et de ses années plus cold et dark avant son tournant roots.
Brain Damage n'oubliera pas de saluer Madu Messenger qui allait intervenir quelques instants plus tard sur le sound system avant de jouer "Armies Of Darkness". Puis il retournera à des riddims plus smooth et instrumentaux issus de ¡ Ya No Más !, comme "Luna Llena", afin de conclure avec légèreté un live maîtrisé qui aura su ravir un public stéphanois conquis.
Dès lors, les massives désertèrent quelque peu La Forge pour les sets suivants, mais l'ambiance fut toujours aussi survoltée pour ces deux protagonistes du sound system que sont Vibronics et O.B.F.
Le Britannique, fidèle à sa réputation enchaînera quelques exclus et gros classiques en compagnie, comme évoqué plus haut, de Madu Messenger. Entre "The Rastaman" ou le bouillant et digital "R.A.S.T.A.F.A.R.I", Vibronics, bien évidemment, rendra hommage à Brain Damage en jouant le fameux "Do U Remember" ft Sir Jean, et extrait de leur travail commun sur Empire Soldiers en 2013.
Et que dire sur une session d'O.B.F qui n'ait déjà été évoqué ? Les Haut-Savoyards ont une fois de plus fait mouche avec leurs riddims an 3000 devant un public plus que déchaîné. Là aussi, les classiques sont tombés en pagaille, dont le "Rub-A-Dub Mood" ou encore le "Sixteen Of Pressure" malgré l'absence de Charlie P pour l'interpréter en live & direct. Cela n'a pas empêché un Shanti D de carrément aller toaster parmi l'assistance. Il est clair que tout le monde était heureux d'être là, cela se lisait sur tous les visages. On mentionnera pour finir un dubplate joué par Rico avec Junior Dread au mic, reflet des dernières grandes influences brésiliennes du crew.