Et de trois ! Pour la troisième année consécutive, le canal reggae de La Grosse Radio avait établi ses quartiers dans la petite localité de Verjux, en Saône-et-Loire (71), dans laquelle se déroule le désormais fameux Verjux Saône System, festival familial et chaleureux, rendez-vous incontournable des habitants du village et d'ailleurs à la mi-juin.
Cette année, l'événement se déroulait le samedi 15 juin et La Grosse Radio était donc présente pour vous le faire vivre en intégralité de vingt heures à trois heures du matin. Sept heures de show et ce n'est pas le déluge tombé dans l'après-midi, détrempant complètement le site, qui allait intimider le public, puisque celui-ci, s'est, une fois de plus, déplacé en nombre. En effet, jeunes et moins jeunes, bandes de potes et familles, fans de reggae ou pas, tout un chacun se côtoie dans un esprit convivial afin de venir applaudir les artistes venus fouler la scène.
Et de ce point de vue-là, le Verjux Saône System aura encore proposé une programmation riche et ambitieuse. Après Danakil, Skarra Mucci, YaniSs Odua ou encore Le Peuple de l'Herbe les années précédentes, ce fut au tour de Pierpoljak, Nuttea, Innavibe et les habitués de Brothers Vibes de former le line-up du Verjux Saône System, quatorzième du nom.
On saluera donc cette belle initiative du festival de constituer un plateau composé de deux figures qui ont installé le reggae en France et de deux groupes qui incarnent la nouvelle génération. Ainsi, c'est tout le reggae français qui s'est retrouvé résumé à travers le Verjux Saône System. Né via les sound systems à Paris dans les 80's, le reggae a conquis tout le territoire pour s'établir plusieurs décennies plus tard dans une petite commune rurale de province.
Les massives qui commençaient à affluer à partir de vingt heures, après avoir déposé leur obole (on rappelle que l'entrée est à prix libre et que les bénéfices récoltés servent à financer la classe verte de l'école village et une école au Burkina-Faso), pouvaient aller s'abreuver, soit en basses auprès du Natural Hi Fi Sound System qui sonorisait la soirée, soit en bières à la buvette. Pendant ce temps, Bigoud, organisateur du Verjux Saône System, s'entretenait en live & direct avec Mallis de La Grosse Radio afin de présenter le festival.
>> Ecoutez le podcast de l'interview de Bigoud sur La Grosse Radio au VERJUX SAONE SYSTEM
C'est alors qu'Innavibe a ouvert les hostilités avec leur reggae/ragga/dancehall/hip-hop (et que sais-je encore). Vous l'avez compris, c'était donc une bonne mise en bouche avant l'arrivée de Nuttea, les Lyonnais ayant ainsi préparé le terrain pour le Guadeloupéen. Phrasé hip-hop et skank reggae, l'alchimie était toute trouvée afin de séduire un public encore timide à cet horaire avancé, mais qui prêtait tout de même une oreille attentive au son du crew. Les tunes, tantôt hip-hop ("Working Class", Facho 2.0"), tantôt reggae ("Rising") témoignent donc de l'intérêt du groupe pour les deux genres. Pas de DJ, c'est par conséquent un hip-hop instrumental qui nous a été servi par Innavibe ; on signalera un jeu solide de la part des musiciens avec une section rythmique qui a bien tenu la route et surtout un clavier omniprésent. On aura beaucoup gardé les yeux sur lui durant le concert, qu'on ait apprécié des touches à la Jackie Mittoo sur les morceaux reggae ou des accroches hip-hop. Mais le clou du spectacle restera pour nous le dub façon stepper sur "Only Love" avec pléthore d'effets inhérents au genre et qui nous aura définitivement transporté alors que la nuit tombait sur Verjux.
>> Ecoutez le podcast du LIVE d'INNAVIBE sur La Grosse Radio au VERJUX SAONE SYSTEM
>> Ecoutez le podcast de l'interview d'INNAVIBE sur La Grosse Radio au VERJUX SAONE SYSTEM
Mister Reggae Music alias Nuttea aka Daddy Nuttea ou bien "L'Agitateur", appelez-le comme vous voulez, mais c'est bien l'auteur de Paris Kingston Paris qui a succédé à Innavibe afin d'introduire une double session consacrée aux pionniers du reggae français. Backé ce soir-là par l'un des membres de Brothers Vibes, Nuttea a envoyé tous ses tubes ou presque, ceux qui ont fait sa réputation parmi le grand public au tournant des années 90/2000. Nous disons bien "grand public", puisque cela faisait déjà belle lurette que le toaster avait construit sa renommée avec un flow mitraillette s'inspirant autant de Yellowman que de Papa San. Nuttea a donc vidé le chargeur devant les massives de Verjux qui reprenaient en chœur les lyrics de "Millénaire", "L'Agitateur" ou "Elle te rend dingue" ou qui répondaient à son cri de guerre "Kang Kang Beng Beng". Ça se lisait sur son visage qu'il était heureux d'être ici, prenant beaucoup de plaisir à danser ou à descendre dans le crash pour partager la vibe au plus près avec les spectateurs ; un beau moment de communion en somme, dont l'apothéose sera portée par l'interprétation a capella du classique d'Harry Belafonte, "Jamaica Farewell". Seule ombre au tableau de ce show bien mené, un temps de set trop court (environ 3/4 d'heures) ; en effet, quelques minutes supplémentaires auraient pu être mises à profit pour découvrir en live ce que valaient les deux singles, "Pull Up Selecta" (voir ici) et "L'Interview" (voir ici), prémices de son prochain album.
>> Ecoutez le podcast du LIVE de NUTTEA sur La Grosse Radio au VERJUX SAONE SYSTEM
Aux dires de certains, le concert de Pierpoljak était l'un des meilleurs du Verjux Saône System, toutes éditions confondues. Il faut bien admettre que PK était lui aussi très heureux d'être présent à Verjux au côté de son pote Nuttea. Mais aussi et surtout du fait des réactions immensément positives de la part du public. Ce dernier était venu en masse pour Pierpoljak et il le lui a bien rendu en échangeant souvent avec lui pour parler rhum ou de la pluie et du beau temps par exemple (on rappelle qu'il avait plu ce jour-là à Verjux). La chaleur n'étant pas au rendez-vous, pas de Chapeau De Paille donc pour le General Indigo, mais c'était une autre chaleur qui régnait durant le set de l'artiste. Chaleur communicative donc, rapport à ce que nous avons dit plus haut, mais aussi chaleur musicale avec des musiciens de grande classe pour accompagner le chanteur (dont Junior à la basse et Thomas Broussard à la guitare). Ainsi, Pierpoljak partagera lui aussi tous ses tubes d'il y a une vingtaine d'années, de "Je sais pas jouer" au "Mec Bien" en passant par "Cultivateur Moderne" ou "Police", à l'instar d'un certain Nuttea qui finira par rejoindre PK sur scène pour un freestyle. Il ne pouvait en être autrement de toute façon et la réunion de ces deux compères qui ont participé à la création du reggae en France était belle à voir. Tout un symbole !
Pierpoljak reviendra ensuite pour un rappel en interprétant notamment le très beau "Maman", métaphore de tout ce moment d'amour, de fraternité et de convivialité passé entre l'artiste et son public.
>> Ecoutez le podcast du LIVE de PIERPOLJAK sur La Grosse Radio au VERJUX SAONE SYSTEM
Pour finir, ce sont les incontournables Brothers Vibes qui nous ont fait part de leur rub-a-dub styleee. En effet, depuis plusieurs années déjà, les deux acolytes manceaux que sont Flava Di et Bongo Léni ont pris pour habitude de clôturer tout en raggamuffin le Verjux Saône System. Et une fois encore, c'est backé par Selecta Binghi que les Brothers ont distribué leurs Vibes. Des vibes positives et conscientes pour clore une soirée placée sous le signe du partage. C'est donc tout naturellement qu'on les entendra avec "Donne Ça" sur le Judaintown Riddim. Et en guise de riddims classiques, les Brothers Vibes se poseront sur le "Sixteen Tons Of Pressure" d'O.B.F et ils rendront hommage au "Easy" de Dennis Brown. Malgré l'horaire plus qu'avancé, il était plus de deux heures du matin, les massives étaient encore nombreux pour répondre au son des Brothers Vibes et les écouter "Passer Un Message".
>> Ecoutez le podcast du LIVE des BROTHERS VIBES sur La Grosse Radio au VERJUX SAONE SYSTEM
Un immense BIG UP à Bigoud et à toute l'équipe du Verjux Saône System pour leur accueil au top !!
BIG UP également à tous les artistes présents ce soir-là !!
Crédit photos : Live-i-Pix