Les gangs de Jamaïque par Thibault Ehrengardt – réédition

Les sorties des livres Jamaica Insula, sont pour tout amateur de reggae, et pour son île de naissance, la Jamaïque, une véritable mine d’informations qui font voyager, frissonner, et mêlent mille émotions.


L'ouvrage Les gangs de Jamaïque n’échappe pas à la règle, et le titre à été victime de son succès, pour les retardataires, il y a eu une seconde édition sortie cette année, certains pourront même dire avoir de la chance puisque cette deuxième semonce à été augmentée de 4 chapitres (appendices très instructifs).

Ce livre pourrait être digne d’un scénario d’un Tarantino ou encore d’un John Woo de par la noirceur et la violence qui en transpire. Si l’espérance de vie en Jamaïque est de 76 ans (82 en France Ndlr), elle diminue quasiment de moitié de par l’appartenance à un gang avec une espérance de 37 ans. Il faut dire qu’avec plus de 1500 meurtres par an, l’île est considérée comme le 4ème plus dangereux pays au monde (derrière 3 pays d’Amérique Latine).

C’est l’occasion de se familiariser avec des personnages qui peuvent se trouver  attachants ou inquiétants,   avec I-Locks un vendeur de ganja à moins de 1 euro le sachet. S’il n’a pas de taxe par les dons du quartier, il doit se méfier des policiers en hélicoptères qui cherchent les fameux champs, comme le chantait John Holt dans une célèbre chanson.

Il y a aussi Duane, un Don du quartier qui organise des gogos (soirées très très ‘chaudes’). Un homme qui faisait partie de Kingston uptown et qu’un drame familial a fait basculer dans la délinquance. On découvrira aussi les « supers flics », Adams, Trinity ou encore Sacha, la flic, qui d’après les collègues en a dans le pantalon et qui écoute à fond du Vybz Kartel (écroué pour meurtre, cela ne s’invente pas !). Avec Bramma et Rico, même s’ils sont gangs ennemis, ils ont les mêmes valeurs du filon de l’amour et protection du quartier. Ici, ni vol, ni viol et on ne sort les armes qu’en cas d’extrême nécessité, presque le paradis sur terre, un paroxysme complet.

 

Et si les armes sont cachées le jour, elles sortent la nuit le temps des affaires ou pour un cliché et exhiber sa force de feu, mais toujours le visage caché. Et il faut dire que  les policiers ont fort à faire car aux M16 qu’ils possèdent (fusil d’assaut US qui tirent entre 750 et 900 coups/mn et popularisé par les chansons de Lone Ranger "M16"  et Sammy Dread  "Rude Boy AKA Bad Boy Fire M16"), les gangs répliquent pour la plupart, par des AK 40 (fusil d’assaut de l’ex URSS qui tirent 600 coups/mn).

On découvre les différents ghettos dont le plus célèbre, celui de Trenchtown (Kingston 12), celui de Bob Marley et qui a vu naître le reggae au milieu de la violence. Certains artistes ayant même (eu) des liens étroits avec certains gangs, faut-il nommer Big Youth, Sizzla, ou encore Leroy Smart. Waxteen, un Don de Chancery Lane explique que la vie c’est avant tout de l’éducation et il organise  des concours d’orthographe avec les jeunes du quartiers, un dur au coeur tendre.

A Tivoni Garden, épicentre du crime en Jamaïque, le Don Dudus (fils du non moins célébre don Jim Brown) a eu lieu un gros affrontement entre 76 gunsmen et 20 policiers du temps de Seaga. Grosse controverse avec le coronation market pour savoir qui avait tué des innocents lors de ce débordement, malheureusement trop fréquent.

 


Les armes sont sources de  fantasmes, tant pour les gangs que pour les chanteurs, Garnett Silk, celui que l’on voyait comme le nouveau Bob Marley, est décédé après avoir accidentellement mis le feu chez lui en tirant dans une bonbonne de gaz. Selon une légende urbaine, c’est ce même pistolet qui aurait tué Nitty Gritty (par un autre Dj Super Cat). De sales histoires traînent autour de Luciano, Tenor Saw, Buju Banton et bien d’autres, mais peut-on leur en vouloir, Garnett Silk ne chantait-il pas "a man is a man" ?

Thibault Erhrengardt nous plonge au milieu de toutes ces histoires et bien d’autres encore, il a pu suivre les patrouilles de police pour s’immerger dans ces quartiers aux réputations sulfureuses et a pu rencontrer plusieurs chefs de gangs.

Les gangs de Jamaïque, un livre dont vous ne ressortirez pas indemne, l’île des Caraïbes est bien loin d’un paradis, même si sa musique nous transporte jusqu’à Zion !

Jamaica insula n°5
A5 - 148 pages - réédition 2019
www.dreadeditions.com
disponible ici

 



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