A l'heure où le live a pratiquement disparu de la circulation parmi la nouvelle génération de la scène dub française, à l'exception notable d'OnDubGround, nous venons aujourd'hui vous faire part de l'apparition récente d'un tout jeune groupe de dub instrumental originaire de Caen, Groundswell Bass Dub.
Petite rectification, le live n'a pas disparu en France, mais il est aujourd'hui pratiqué par des machines (Bisou, Mahom, Panda Dub, Ackboo...) et non plus par des instruments. C'est pourtant de cette manière que le dub a connu un essor incroyable dans l'Hexagone au cours de ces vingt dernières années et que des soirées dub sont organisées aujourd'hui dans toutes les villes de France. N'y voyez absolument pas une critique dans ce que nous venons d'énoncer, simplement un constat.
Par conséquent, quand on s'aperçoit qu'un groupe se met à refaire du dub à la manière d'High Tone, Zenzile ou Kaly Live Dub, Lab°, Improvisators Dub, etc, notre première question est : que diable sont-ils allés faire dans cette galère ? Et sans chanteur ? Et avec des morceaux qui peuvent durer 8 minutes ??!! Pire encore, on ne peut même pas les écouter sur Spotify ! Ne peuvent-ils pas faire comme tout le monde ?
Et même avant qu'on ait écouté quoi que ce soit de Groundswell Bass Dub, on a immédiatement fait le lien avec un autre combo caennais des années 2000, j'ai nommé Guns Of Brixton. Les petits malins auront bien sûr repéré le lien entre le groupe et le morceau des Clash, surtout que les pionniers de la scène dub live française ont toujours assumé leurs influences provenant du mouvement punk de la fin des 70's, qu'il soit anglais ou hexagonal. Et il y a fort à parier que Groundswell Bass Dub s'inscrive dans le sillon de ses prédécesseurs.
C'est tout du moins ce que l'on est en droit de penser avec la parution de leur premier EP éponyme sorti en juin dernier. Cet opus ne bouleverse absolument pas le genre, on n'y remarque pas d'innovation significative, mais il a le mérite de se différencier de la tendance actuelle pour le live machine. Mais à l'instar d'High Tone ou de Kaly Live Dub, l'électronique a toute sa part auprès des instruments avec Groundswell Bass Dub et si l'on devait établir une filiation avec l'un de ces groupes, on opterait pour Kaly Live Dub, tant les similitudes sont flagrantes entre les deux formations. Les samples et sonorités ethno, les lignes de basse, les skanks, les cocottes et autres nappes rock/blues à la guitare, tout rappelle les Lyonnais dans les atmosphères musicales de Groundswell Bass Dub.
Petite confirmation avec le clip très Temple Du Soleil illustrant "Angkor".
Mais ce qui nous touche, c'est que ça faisait un bail qu'on n'avait pas entendu de reverb sur une batterie, vu que les batteurs ont tous disparu de la circulation aujourd'hui dans les groupes de dub. Et que dire des effets à la wha-wha et du picking à la guitare dans "Man Voice" ? Ce morceau constitue une montée en puissance qui atteint son paroxysme avec des samples dignes d'High Tone sur un rythme stepper.
Sur "MIDI", on retrouve des ambiances à la Löbe Radiant Dub System, ce groupe belge qui avait connu son heure de gloire au début des années 2000 et signé chez le Jarring Effects des grandes heures. Les riffs rock et quelques touches electro parsèment ce morceau d'une grande intensité qui précède le très dark "Groundswell" qui rappelle, par moments, les dernières expérimentations de Kaly sur leur chant du cygne, Allaxis.
L'EP se conclut par une longue balade atmosphérique aux relents blues, "Slow Dark", aux allures de bande originale de film, qui pourrait très bien convenir à une épopée de science-fiction ou même un western avec une guitare très Ennio Morricone.
TRACKLIST
1. Angkor
2. Man Voice
3. MIDI
4. Groundswell
5. Slow Dark