Samuel Clayton Jr : Disparition du vrai Rasta rocket

En Revelation 21:4, il est écrit « Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu.» que l’on peut retrouver plus ou moins dans les chansons "Emmanuel" de Dennis Brown ou encore "No fear" de Midnite.

L’année 2020  aura vraiment été une année sombre pour le monde et l’univers musical n’a pas été épargné. Sam Clayton Jr a fait partie des disparus de ce satané virus, un 1er avril, on aurait préféré un joke.

Retour sur un saint homme qui a été l’un des vrais ‘rasta rockets’, aux Jeux Olympiques de Calgary en 1988, catégorie bobsleigh. Il n’a d’ailleurs pas soutenu le célèbre film de Walt Disney, car celui-ci ne reflétait pas sa vie réelle.

Samuel Clayton Jr est le fils du grand Sam Clayton qui a repris le flambeau du groupe Mystic revelation of Rastafari à la mort en 1976 de Count Ossie. Samuel Clayton Jr a d’ailleurs enregistré les derniers albums de ce groupe mythique, Bongo Man a Come,  Inward I  et  Carried Beyond  car après sa carrière sportive, stoppée pour blessure, Samuel Clayton Jr est devenu ingénieur du son.

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Il a par ailleurs grandi à New York où il a travaillé avec les Rolling Stones. Et en 1997, il s’est installé définitivement en France, plus précisément à Saint-Etienne par amour et a beaucoup œuvré pour de nombreux artistes, tant locaux, que nationaux ou internationaux.

On peut même dire que Samuel Clayton Jr est l’élément révélateur des talentueux Duc Inc où il enregistre leur album Dans le décor  qui les fera vraiment connaître du grand public, tout comme les productions de Tiken Jah Fakoly ou Takana Zion avec les albums Rasta governement, Kakilambé, et  Good life . Il a eu une forte influence et a collaboré avec Broussaï, Soul Sonics sur Feelin’, Datune, Sebastien Sturm, Christophe Rigaud, Naâman sur son Deep Rockers, back a yard . Côté international on peut citer, entre autre Omar Perry et de nombreux albums de Steel Pulse dont le dernier Mass manipulation, album qui a même été nommé pour les reggae Grammy Award 2020.

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Samuel Clayton Jr, Martin "Brain Damage" Nathan en compagnie de l'ami de toujours de Sam.


Passionné, il aime faire rencontrer les artistes entre eux, fait des allers-retours France/Jamaïque pour des connexions qui démontrent que la France aime le reggae (même si celui-ci reste pour la majorité underground) comme en témoigne Tchong Libo de Broussaï :
 

« On a rencontré Sam en 2004 à une résidence musicale avec Mystic Révélation of Rastafari, on a d’ailleurs collaboré avec certains de ses membres pour notre 1er album Insurrection, que Sam a mixé et masterisé. En 2012, il nous reçoit à Kingston en Jamaïque, où on enregistre au studio Harry J pendant 1 mois, l’album Kingston Town.
Il fera les prises sons, le mixage et le mastering. Il nous fera même jouer en festival et à la télé nationale jamaïcaine...  et Il nous fera aussi rencontrer Steel Pulse avec notre collaboration sur le titre « Live Up ». On sent vraiment le respect qu’inspirait Sam Clayton Jr ».

Samuel Clayton Jr apparait en tout début de clip. 

Sam  Clayton Jr aimait dire à  chaque artiste « Hey guys, I will tell you a story ». Toujours à l'écoute derrière ce côté nounours,  il aimait que les artistes parlent de leurs inspirations musicales avant de travailler leurs albums pour pouvoir faire ressortir le meilleur tout en gardant bien l’identité musicale de chacun d’entre eux.

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Samuel Clayton Jr, Martin "Brain Damage" Nathan et le légendaire ras Mickael.


Samuel Clayton Jr, travaillait aussi depuis 2002 avec le groupe dub Stephanois Brain Damage. Il a été provisoirement l’ingénieur son de Brain Damage depuis cette année-là, Il a présenté au groupe Learoy Green qui figure sur l’album Ashes to ashes et ils ont réalisé ensemble Spoken Dub Manifesto Samuel  présente au groupe  la japonaise Emiko Ota, et prête même sa voix pour le titre "Rathid".

On le retrouve aussi aux commandes en 2016 sur le double album Talk the Talk (avec les grands Horace Andy, Kiddus I, Winston McAnuff, Willi Williams et Ras Michael). Avec Martin Nathan (le producteur et compositeur de Brain Damage), il s'étaient envolés pour la Jamaïque pour le nouveau disque du groupe, avec le légendaire Big Youth, mais l’histoire en a voulu autrement comme en témoigne avec grande émotion Martin :
 

« Les mots me manquent encore pour parler des événements récents… Pour résumer, nous nous sommes envolés ensemble, Sam et moi, pour Kingston, dans l’idée de faire les prises de voix du prochain album Brain Damage meets Big Youth. Nous sommes tombés malades également ensemble, dans l’avion, probablement.  Je ne rentrerai pas dans les détails. J’ai pu rentrer en France et guérir. Pas lui.
Je pense ne pas encore réaliser pleinement combien il va me manquer, personnellement et professionnellement. Nous sommes nombreux dans ce cas-là, Sam était une personnalité hors du commun. Son travail d’ambassadeur du reggae en France ne pourra pas être effectué par qui que ce soit, en tout cas pas de cette manière-là. 
De mon côté, à sa demande, je me suis juré de produire coûte que couûe cet album avec Big Youth et les enregistrements, les derniers effectués par Sam, donc, sont exceptionnels.
C’est le dernier cadeau qu’il nous offre. ».

 

Tout comme le Valley of Jeosaphat  d’Augustus Pablo, ou le No nuclear war de Peter Tosh, à coup sûr, ce Brain Damage meets Big Youth sonnera comme le testament de Samuel Claytor Jr, comme l’ultime pièce maîtresse d’une œuvre bien remplie et c’est avec beaucoup d’émotion que nous l’écouterons.

Nos sincères condoléances à sa famille, ses amis et artistes nombreux qui ont eu la chance de côtoyer un tel homme rempli de bonté et une pensée particulière pour sa femme, Annie.

R.I.P. Samuel.

Article réalisé avec les aides précieuses de Wadada, Tchong Libo (Broussaï) et  Martin Nathan (Brain Damage)

Crédits photos Wasaru avec l’aimable autorisation de Martin Nathan (Brain Damage)



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