Le Disquaire Day, une belle période pour les amateurs de bonnes musique et Patate Records nous proposent cette année une réédition de 1984 avec le trop méconnu Horace Martin et son Watermelon Man qui mettra l’eau à la bouche de plus d’un amoureux de Rub-a-dub (La Grosse Radio vous en fera une chronique prochainement) et un Johnny Clarke, à faire sauter toutes les enceintes avec un superbe Strickly Reggae Music The Blackbeard Years : 1976 – 1986 . Patate records a d’ailleurs sorti en 2019 l’excellent King Tubby meets Blackbeard's Ring Craft Posse qui est fortement recommandé.
Pourquoi Blackbeard ? Tout simplement parce que c’est le surnom de Rodguel Sinclair, producteur jamaicain profilique avec ses labels Hulk et Mister Tipsy avec lesquels il a enregistré, homis Johnny Clarke de grand noms comme Culture, Ronnie Davis, Delroy Wilson, Dennis Brown ou encore Beres Hammond. Il est aussi le frère aîné du DJ Tappa Zuckie.
Sur les 10 ans de collaborations entre le producteur et le chanteur, ils ont su s’adapter au temps qui passe et cet album retrace celui des anneÌes 70, avec le son du Reggae Roots et du Dub, produit dans les studios de King Tubby tandis que l’autre est deÌdieÌe aux anneÌes 80 et au son du Rub a Dub qui reÌsonnait dans les dancehalls de Kingston.
Dès le premier titre, le "Every wondering"», nous sommes pris dans le tourbillon du son qui nous fait vibrer. Bonne ligne de basse bien ronde, riff d’orgue. La voix est cristalline pour cet artiste qui a été deÌsigneÌ 2 anneÌes de suite meilleur artiste de la Jamaïque (1975 et 1976).
Le morceau suivant est un inédit "Strickly reggae music", le bien nommé est LA chanson qui nous fait comprendre pourquoi nous aimons cette musique qui nous transporte, nous fait danser, nous questionne, nous fait grandir. La musique se veut plus sautillante que le premier morceau et les chœurs nous donnent une chair de poule agréable.
Si le reggae nous pousse à réfléchir, il est là aussi pour nous donner de très belles chansons style lover. Johnny Clarke s’en accommode très bien et nous donne ce très beau "You I love" que l’on pourrait très bien sussurer à l’oreille de notre moitié tout comme son "Ride on Girl" que l’on retrouve aussi sur cet album.
Johnny Clarke a pendant longtemps été le poulain (gagnant) de Bunny Lee. Celui-ci lui a fait faire plusieurs reprises de Bob ou des Abyssinians. Avec BlackBeard, il reprend le fameux "Fade Away" cher à Junior Byles. La rythmique en est quelque peu différente avec ce riff sec d’orgue. La voix est tout comme son créateur, chargée d’émotion.
Avec "Apple of my Eyes" on se rend compte de l’étendue vocale de Johnny Clarke et la rythmique rentre inéluctablement dans notre tête tant elle est addictive à ce niveau. la version dub est de tout beauté où tous les instruments passent à la moulinette reverb, tout comme la voix qui part dans des échos pour donner encore plus d’intensité au morceau.
Autre morceau qui aura sa version dub, le très réussi "Can’s stop me » avec sa guitare pédale whaouwhoua, ses riffs d’orgues et ses cuivres. Du grand art. Et que dire de ce que l’on peut considérer comme LE Johnny Clarke, "African Roots" dont tout le monde a entendu au moins une version lors d’une soirée et les paroles….
"African roots Just call me, African roots
Please call me, African roots. Just call me, African roots
I was born and raise in the ghetto With the blood of African roots
(Je suis né et j'ai grandi dans le ghetto avec le sang des racines africaines)
(…)
We've been taken away from Africa more than five hundred years ago
But one thing they didn't take is the roots out of my mind
Nous avons été emmenés d'Afrique Il y a plus de cinq cents ans
(Mais une chose qu'ils n'ont pas prise, les racines viennent de mon esprit)"
Le morceau est suivi de sa version dub est pour les amateurs de bons riddims, je ne peux que recommander les versions Dj par I-Roy avec "African Herbsman", Dillinger avec "African Roots Rock Reggae" ou Clint Eastwood avec "African Roots". Un riddim intemporel.
Avec le dernier morceau "Dont know who to trust" (lui aussi accommodé de sa version Dub), la voix de Johnny Clarke se fait plus grave, ce qui est logique pour un titre où il ne sait à qui faire confiance car les hommes entre eux sont tellement injustes »
La crème des musiciens participent à cette album dont The Aggrovators, The Roots Radics et The Ring Craft Posse qui est en fait un The Blackbeard All Stars avec entre autres Ansel Collins et Robbie Lyn aux claviers et orgues, Bo-Pee Bowen, Dwight Pinkney et Willie Lindo aux guitares, Robbie et Lloyd Parkes aux basses, Sly Dunbar et Mikey Boo à la batterie, Ronald "Nambo" Robinson, David Madden et Dean Fraser aux cuivres.
La pochette donne l’eau à la bouche et met les oreilles en éveil avec un artword travaillé de Manu de Patate Records et les photos sont signées Beth Lesser a qui l’on doit de superbes pochettes dont le Dennis Brown & Gregory Isaacs ‘Judge Not , Lee Perry Arkology et les récents X-tra wicked et Serious Time consacrés à Bobby Digital.
Patate Records nous gâte à l’aube de ce nouvel été par un album qui va bien au-delà de l’âge d’or du reggae. Johnny Clarke, une valeur sûre pour fêter la musique comme il se doit !
Johnny Clarke : Strickly Reggae Music (The Blackbeard Years 1976-86)
Patate Records
Sortie le 20/10/2021
version LP
le 22/06/2020
Sur toutes les plateformes de téléchargements légales
Tracklist :
1- Everyday Wondering
2- Stricly Reggae Music
3- You I love
4- Fade away
5- Apple of my eye
6- Apple of my eye (dub version)
7- Can’t stop me
8- Can’t stop me (dub version)
9- Ride on girl
10- African Roots (Disco mix)
11- Don’t Know who to trust
12- Don’t Know who to trust (dub version)