Give To Reggae Music Project – Projet solidaire

Les vétérans du reggae et la crise sanitaire.

Face à la crise sanitaire due au Covid 19 bloquant le monde artistique, beaucoup d’artistes se retrouvent dans le besoin et même dans une situation d’urgence. Pourtant pionniers d’un style musical, certains vétérans du reggae n’arrivent plus à s’en sortir ou vont très vite rencontrer des difficultés. Heureusement, il existe encore des personnes très impliquées qui œuvrent afin de leur venir en aide. C’est le cas de l’association Cultural Roots Artists United associée au Wata Faya Crew et à différents médias sociaux.

Nous avons donc pris le téléphone et discuté avec Redjee, le guitariste du band pour qu’il nous éclaire sur le projet intitulé " Give To Reggae Music Project ".

LGR : Salut Redjee. Je te contacte comme convenu pour discuter avec toi du projet en collaboration avec le Cultural Roots Artists United qui veut aider et mettre en lumière les vétérans du milieu reggae qui se retrouvent face à cette pandémie mondiale dans de grandes difficultés. Tu peux-nous en parler un peu plus stp ?

Redjee : Ce projet émane de Cultural Roots Artists United qui en fait est une branche de l’association Cultural Mystic Roots. Le site internet vient tout juste d’être mis en route.


Visitez le site web en cliquant ici


Logo Cultural Roots Artists United

LGR : Si nous avons bien tout suivi, ce projet consiste à continuer à véhiculer la musique et faire en sorte que les vétérans du reggae, ceux-là même qui ont fait beaucoup pour le milieu du reggae et qui ont inspiré de nombreux artistes ne tombent pas dans l’oubli ?

Redjee : Oui, je vais essayer de te faire un petit résumé rapide.

Cultural Roots Artists United fait du booking et du management. Ceux sont deux nanas, Sonia et Aleh qui depuis des années bossent avec des artistes Jamaïcains et notamment des vétérans. Elles ont une culture qui est très roots et elles défendent vraiment ça.

Le but de la manœuvre en gros, c’est : Étant donné la crise sanitaire que l’on traverse, tous les artistes qu’elle représentent ne peuvent plus tourner. Ce projet a démarré de la sorte en fait.

Pour la plupart, ce sont des vieux pour le dire vulgairement et qui pour la plupart n’ont pas d’autres moyens, d’autres ressources que les concerts. La situation permet de mettre ça en lumière. De se rendre compte que ces gars-là, s’ils ne tournent pas, ils n’ont pas d’argent qui rentre alors que beaucoup d’autres artistes continuent à percevoir de l’argent par d’autres biais.

Comme on se le disait le dernier coup, c’est une histoire avec les royalties, ils se sont bien fait enflés, il y a 40 ou 50 ans. Quand je vois Junior Byles qui est SDF à Kingston alors qu’il a écrit une des plus belles chansons de l’histoire du reggae avec " Fade Away ", c’est juste catastrophique, hallucinant et dramatique.

Pour parler concrètement. Avec Wata Faya Crew, on s’est associé à cette action et nous notre job, c’est de composer des riddims et permettre aux vétérans de chanter dessus et essayer d’en faire des vidéos. Le but est aussi de maintenir la connexion entre eux et le public. Au-delà de ça, plus spirituellement, de maintenir cet équilibre que le reggae nous apporte, il nous permet de relativiser et puis continuer à véhiculer des vibrations positives.

Ce qui est bon à savoir, c’est que tout ça, c’est sur la base du bénévolat, volontariat, du militantisme.


Logo Give To Reggae Music Project

LGR : Vous avez mis en place une collecte de fonds via des liens ?

Redjee : Oui, exactement. Ce sera accessible via le site internet et par des liens sur plusieurs plateformes. Même si c’est un projet… Ça fait un moment que l’on est dessus mais ça démarre tout juste. Les dons, on ne va pas faire n’importe quoi non plus, tu vois ? Il faut que l’on discute de ça mais on ne peut pas donner à un et pas à l’autre, ce sera plus sous forme d’actions et pourquoi pas aller sur le terrain aussi.

Il y a des artistes qui sont réellement dans le besoin, on parlait de Junior Byles par exemple. Si on peut aider directement, mais-là, je te parle de récupérer de l’argent et puis pouvoir acheter à manger ou payer un loyer pendant quelques temps à ces personnes ou même finir de payer une maison. Je te donne cet exemple parce que je pense à Horsemouth qui est une grande figure quand même. Il y a quelques mois, il disait qu’il allait se retrouver dehors parce qu’il n’arrive plus à payer sa maison. C’est un truc de dingue !!! En plus, sa maison, ce n’est pas la grosse résidence, tu vois ? Ces mecs-là, ils vieillissent aussi, ils n’ont plus la force d’aller au studio, du coup, il n’y a plus rien qui rentre.

Pour contribuer et aider cette bonne initiative

Par Paypal en rentrant cette adresse : givetoreggaemusic@gmail.com
 Via Hello Asso
Via Gofundme

LGR : Tu me parlais des dons et de faire des actions concrètes avec les fonds.

Redjee : Oui, voilà. C’est en allant aussi sur place, recueillir aussi des témoignages, essayer de les mettre sous forme de petites vidéos, essayer de répandre cette idée-là. Que ces mecs là, ils ont fait ça et ils en sont là aujourd’hui.

Qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce que c’est normal ? Est-ce que l’on ne peut pas leur venir en aide ?

Après, ces fonds-là peuvent aussi servir à payer du studio, à payer des montages vidéo. Pour le moment, on fait tout nous-même, donc c’est gratuit. Mais aussi pour que ça se répande un maximum, il faut des gars qui s’y connaissent pour toucher le maximum de personnes. Du coup, peut-être que ça demande aussi les moyens. Cette caisse-là, elle va nous permettre de réaliser le maximum de choses possibles en fait.

LGR : Les possibilités sont nombreuses en tout cas.

Redjee : Après, il suffit de… On ne peut pas non plus être… Parce que bon, on pourrait aussi faire le voyage là-bas... On ne peut pas non-plus jouer les arrivistes dire : " Ici, vous avez besoin de ci ou de ça ". Non, ce n’est pas possible, il faut aussi être sur place, vraiment voir et se rendre compte de la situation sur place et voir quelles actions peuvent être mises en place.

LGR : Tu m’as dit que vous partagiez vos riddims avec des figures du reggae, vous avez déjà des retours ?

Redjee : On a déjà le teaser qui a été publié. C’est le premier riddim que l’on a fait et qui s'intitule le "Give Riddim". Dessus, on peut y voir les artistes qui ont pour l’instant rejoint le mouvement. Y’a Myton, Kiddus I pour lequel on attend encore les voix, il a juste pour l’instant enregistré cette vidéo. Y’a la version entière de Saxman, celle de Kushart, de Jah Bami et Jah Defender de Trinidad. On en a des autres en route aussi. On aimerait que cela devienne un album, du genre une compilation. Essayer de vendre ça et les bénéfices retourneront là-bas. Pourquoi pas faire du mershandising autour de ça, des t-shirts et des choses comme ça. Récolter des fonds avec nos moyens.


Artwork - Give To Reggae Music Project


LGR : L’idée et l’initiative sont bonnes.

Redjee : Yes, carrément et elle n’est pas polluée et ça me plait. Y’a toujours eu des initiatives comme ça mais y’a toujours des intérêts, des conflits d’intérêt, des histoires de copinage. Du genre, si ces artistes chantent sur ces riddims alors que le projet est porté par une association qui fait aussi du booking, ça peut être vu comme de la concurrence. Alors que l’idée, c’est vraiment de fédérer, se rassembler.

La crise, elle est énorme. Comme je te disais l’autre coup, il y a un côté positif à ça. C’est que l’on peut s’assoir et regarder la situation telle qu’elle est et se rendre compte de leur condition de vie et des répercussions de cette crise. Des artistes que l’on kiffe, grâce à qui, on a fait nos rencontres. Je crois qu’à un moment donné, il y a une reconnaissance à avoir que ce soit du côté du public ou même des musiciens ou des acteurs du reggae vis à vis de ça.
 

Teaser projet 
Give To Reggae Music Project


LGR : Du coup, on peut déjà avoir un avant-goût de ça dans le teaser ?

Redjee : Yes. Dans ce petit teaser, on y voit un peu les acteurs du mouvement reggae qui ont rejoint le mouvement.  Il y a Kiddus I qui nous a envoyé cette vidéo. Il y aussi Cédric Myton, Kushart, The Scientist, Jerry Johnson, Addis Pablo, Jah Bami et Saxman le saxophoniste. Ce ne sont pas forcément des chanteurs, ça peut-être aussi des musiciens.

Le truc, il n’est pas fermé et au contraire même, j’ai envie de dire. La volonté, c’est de fédérer tout ça, tous les acteurs dans le paysage reggae et de mettre en lumière cette situation. Souvent je dis à la manière du Buena Vista Social Club, ce qu’ils ont fait, il y a quelques années, où en fait, ils ont fait découvrir aux gens d’où venait la salsa. Avec des vieux qui avait presque un pied dans la tombe et qui ont eu une reconnaissance sur le tard, mais au moins, il y a eu une éducation qui a été faite et pour moi, c’est important. C’est un peu rendre à César ce qui est à César.

LGR : Ce sont les pionniers.

Redjee : Bah ouais, c’est ça. Il faut arriver à ce que les gens prennent conscience de ça et nous ça nous tient à cœur à la vue de la situation.

LGR : Merci beaucoup Redjee. On va faire le maximum pour vous aider.
 

Et vous, vous faites quoi pour préserver une partie de la mémoire du reggae ?



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