Mon premier contact avec ce nouvel opus de Takana Zion s’est fait par l’intermédiaire du principal single à l’écoute pour le moment : "Emmanuel".
Après ce premier contact au goût de Ragga/Dancehall alléchant, je me faisais un plaisir de pouvoir écouter l’ensemble de ce nouvel album.
Vous pouvez mater la vidéo en question ici :
Avant toute chose, le mieux est encore de revenir rapidement sur la carrière de ce jeune artiste (il doit avoir 26 ou 27 ans tout au plus). Mohamed Mouctar Soumah aka Takana Zion est originaire de Conakry (Guinée).
Bercé par le son des elders (Peter Tosh, Bob Marley, Culture…), il se fait remarquer par Tiken Jah Fakoly au détour d’une petite boutique de disques où il a pris l’habitude de chanter. Apparemment, les deux hommes auraient enregistré l’équivalent de 2 albums sans que ceux-ci ne voient jamais le jour…dommage ! Takana Zion et Tiken Jah Fakoly finissent par s’éloigner.
La seconde rencontre providentielle se fait avec Manjul (touche à tout « Lee Perryen ») installé dans son Humble Ark (qui a dit Black Ark ?!!) à Bamako qui, à l’époque, est en train de réaliser son album dub Jahtiguiya. Takana Zion se voit rallier au projet, puis Manjul réalisera son 1er album Zion Prophet en 2006.
Personnellement, j’ai trouvé ce premier album excellent de A à Z. Takana n’avait selon moi pas volé son surnom de l’époque : « Le Sizzla africain » : riddims tranchants, voix solide et un style singjay efficace (alliant donc passage toasté et chanté, le tout en Français, Anglais, Soussou/Malinké, rien que ça !). Du grand art !
Cet album sort en 2007 sur feu le label Makafresh (Makasound), sorte de gage de qualité !
Takana Zion et Manjul continuent l’aventure avec un second album plus varié dans les styles : Rappel à l’ordre sorti en 2009 où on sent clairement les influences Africaines et Jamaïcaines, notamment avec les 2 invités : Victor Démé et Winston McAnuff.
Puis en 2011 sort Rasta Government. Enregistré en Jamaïque avec l’aide de pointures telles Sly Dunbar (batterie) ou encore Robbie Lyn (clavier, piano, synthétiseur). Cet opus sonne plus jamaïcain qu’africain, plus Roots, même si Takana continue de chanter quelques titres dans sa langue maternelle. Le titre de l’album est aussi révélateur de ce virage « Roots ». On sent une envie de s’internationaliser avec une majorité de titres en anglais.
D’autres albums ont vu le jour, comme Black Mafia vol.I & vol.II en 2008 et 2010, mais ne sont sortis qu’en Guinée (T-T).
En 2012 Takana sort donc son 4ème album international : Kakilambe (dans les bacs le 19 novembre). Le titre nous laisse à penser que par rapport à son 3ème opus, celui-ci sera vraisemblablement plus orienté Afrique que Jamaïque. Après un peu de recherche, j'ai découvert que Kakilambe désigne une danse rituelle africaine et également une rythmique de percussions ; choses que vous retrouverez respectivement dans le clip officiel : "Emmanuel" et dans l’ensemble des tunes de l’album.
Réalisé avec l’aide de Dj Redeyes, entre la France et la Guinée, cet album est le contre-pied absolu de Rasta Government. Il est, dirons-nous, beaucoup plus surprenant, éclectique et beaucoup moins Reggae/Nu Roots. On a donc à faire à un savant mélange , de Musique traditionnelle, de Ragga/Dancehall fortement dopé à l'Electro, de Reggae/Nu Roots et j’en passe.
Les styles musicaux abordés sont tellement nombreux, et pour la plus part assez surprenanst pour un artiste de ce registre, qu’on a parfois du mal à accrocher…
L’ensemble du disque est assez déroutant. Les réalisations sont soignées, mais malgré cela la sauce prend difficilement. Certains morceaux m’ont carrément laissé bouche bée par leur excentricité. "We stronger" et "N krili" sont très electro.
"Ce matin" l’unique titre en français est très léger et sans grande conviction. "Wali" est également un titre très original et à vrai dire je ne me risquerais même pas à le mettre dans une catégorie plus qu’une autre, je vous laisse seul juge.
Les titres plus nerveux, plus orienté Ragga/Dancehall comme "Mama Africa" en featuring avec Sizzla, "Emmanuel", "Mosiah" ou encore le sournois "Abada" (qui commence tout en douceur pour vous réserver de bonnes surprises sur la longueur) sont des valeurs sûres de cet album.
Certains titres downtempo entre Musique traditionnelle et Nyabinghi à la sauce africaine comme "Gongoli" ou encore "Congoh" sont d’une efficacité redoutable.
On retrouve aussi quelques tunes avec de bons riddims bien Reggae/Nu Roots comme "If you love me", "Assali" ou encore le plus pop "Jah children".
Bon, vous l’aurez compris, je n’ai pas vraiment accroché avec ce nouvel album de Takana Zion. Très éclectique, les surprises sont nombreuses et variées tout au long de l’écoute, et parfois à la limite du grand-écart. Heureusement, certains titres solides sont là pour conserver un certain équilibre. Il en ressort donc un album qui oscille entre créativité musicale (que l'on aime ou pas) et grande déconcertation pour les habitués de Takana Zion.
Malgré tout, cet opus permet de mettre encore un peu plus en avant la voix aussi puissante que magnifique de Takana Zion et son habilité naturelle à s’adapter à toute sorte de style (et pour le coup il touche vraiment à tous les styles !). Ecoutez-le et faites-vous votre propre avis !
Tracklist :
01 - Abala
02 - Assali feat. Aïcha Koné
03 - Wali
04 - Aminata
05 - Gongoli
06 - Ce matin
07 - Jah Children
08 - Mama Africa feat. Sizzla
09 - Congoh
10 - Mosiah
11 - We stronger
12 - If you love me
13 - N krili
14 - Yirindinn houmba
15 - Kounakeli
16 - Emmanuel