L’EP de Lisatyd, c’est mortel et c’est pas de la merde

Avec une esthétique emo et un univers grungy, Lisatyd accepte ses sentiments effondristes tout en développant une énergie communicative. Pas le temps d'haleter, ce premier EP intense et tourbillonnant est façonné en forme de grosse réussite.

Bruitistes mélodiques, les quatre musicien·ne·s ont su s'inspirer des plus désespérés des années grunge (Kurt, si tu nous entends) et transcender la substance gélatineuse du mazout du garage en béton velu. Tant qu'à offrir au monde médusé une première production artistique, autant tout montrer. Et c'est d'autant plus réussi qu'iels savent tout faire.

Un catalogue des années 90

Du chant pâteux d'un crooner désabusé (« Everything is Awesome », rien à voir avec la BO du film Lego) à la ballade fuzz (« Take It Back »), en passant par le punk hardo-mélodique (« Toad Man ») et le stoner sombre (« German Dinosaur »), chaque titre est un gentil coup de fouet qui fait circuler le sang. Les 7 morceaux de cet EP (il existe des albums longs plus courts que ça !) en font entendre de toutes les couleurs à nos oreilles, mais en conservant la même palette. Le groupe sait se forger une identité : une structure carrée, une montée en puissance et un final en forme de suspense.

Alors on est balotté en tous sens, entre l'indus grandiloquent et ses réverbérations synthétiques sur le sombre et planant « Cut ». On tourne, hagard, sur les boucles hypnotiques d'un grunge fracassant avec « Repeat ».

Un second degré qui réchauffe

On est traîné dans l'ambiance rétro punk d'un monde actuel en ruines, mais sans nostalgie ni mièvrerie. Une fin du monde maquillée en début de soirée grâce à des effets tellement ajustés qu'on ne les sent plus, des rythmes si bien trouvés qu'on ne sait plus si on danse ou si on médite (ouais, je médite seulement sur des riffs). Une chose est sûre : c'est trop bon et trop intense pour s'arrêter à une seule écoute !

Lisatyd est à la fois désabusé (le nom du groupe est l'acronyme de « life is shit and then you die », déso pas déso je vous divulgâche la fin) et débordant d'énergie, désespéré mais souriant, dessinant un espoir en forme de pogo.