Tom Morello au Hellfest 2024 : Une performance engagée et explosive

Tom Morello - Vendredi 28 juin - Mainstage 1 - 20h30

S’il y avait bien une figure emblématique du rock  à ne pas rater aujourd’hui, Tom Morello serait sûrement le grand favori. En plus d’être le guitariste du mythique groupe Rage Against The Machine, le musicien est également l’exemple parfait de l’artiste militant. En effet, il est aussi connu pour son activisme pro environnemental, anti-système/gouvernement, pour le droit des travailleurs et ses prises de positions en faveur de la Palestine. Le set de Tom était donc pour toutes ces raisons un moment particulièrement attendu du festival. 

Toutefois, il faut dire que Tom Morello a toujours aussi une certaine forme de contradiction. Le personnage fait toujours un peu parler de lui. Et les exemples sont nombreux : la commercialisation de son image rebelle à des fins lucratives (publicités avec sa musique), le prix des places excessives de ses concerts, ou ses partenariats avec des labels de grandes multinationales... 

Cependant, à l'écouter lors de la conférence de presse avant le concert, l'Américain semble véritablement engagé et convaincu. Pour lui, la musique demeure un moyen d'exprimer ses convictions. En effet, l'artiste a toujours maintenu une ligne directrice claire : “Si je dois dénoncer quelque chose auquel je crois et qui déplairait à mon label ou à "l'Establishment, je n'hésiterais pas une seule seconde à le faire”.

Dans tous les cas, si le personnage est parfois source de polémique, nous avons hâte d’entendre la performance et la musique du bonhomme en live. Il aurait été fou de ne pas aller voir Tom Morello. Et cela malgré notre déchirure à l’idée de rater le black metal de haute volée de Satyricon qui passait également sous la Temple au même moment. 

Le set reprend un best-of de la carrière de Tom Morello, que ce soit en solo, avec Audioslave ou évidemment avec Rage Against The Machine (RATM). Tout de suite, l’artiste solo reçoit un accueil des plus chaleureux de la part du public. Comme annoncé en conférence de presse, l’artiste débute son show par une chanson qui vient tout juste de sortir. “Soldier in the Army of Love”. Une chanson bien punchy que Tom a écrite avec son fils. On sent d'ailleurs l'artiste vraiment fier de jouer cette chanson. Histoire de dire que l’avenir du rock ‘n’ roll est "entre de bonnes mains". En tout cas, la patte et le son du guitariste sont tout de suite reconnaissables. Et ça envoie vraiment bien niveau son. 

Après un petit medley RATM, le guitariste continue avec le tube “Gossip” qu’il a écrit en featuring avec les Italiens de Maneskin. C’est d’ailleurs peut être actuellement la chanson de sa carrière perso la plus streamée et populaire de son set. Pourtant pas de chance pour Tom. Après avoir joué avec son accordage pour faire le show lors du medley, il se retrouve à jouer avec une guitare complètement désaccordée. Certains diront que c’est rock n roll, mais d’autres (comme nous) diront que c’était quand même du grand n’importe quoi, voire même l'horreur ! A part peut-être, on en convient, la partie solo avec sa pédale whammy, qui permet de tricher un peu. On entendra d’ailleurs très souvent ce type de solo, et ce son vraiment unique à la Morello pendant son set.

Cependant, nos oreilles vont être sauvées, car Tom change de guitare et prend sa légendaire "Arm the Homeless" bleue, bien accordée cette fois. C’est vraiment l'instrument emblématique de Tom. Une guitare sans marque, taguée, et faite sur mesure qui symbolise l’identité de musicien activiste. 

Tom Morello enchaîne alors avec des chansons à succès de sa carrière solo, comme “Let’s Get This Party Started” en collaboration avec Bring Me The Horizon. L’artiste continue de faire le spectacle en produisant des sonorités uniques en manipulant simplement le câble jack, qu'il retire de la guitare. Il produit alors des sons bien strident en frappant l'embout du jack sur sa main. Il faut le dire, Morello ne se contente pas de jouer ses chansons, il offre véritablement une performance captivante et unique sur scène.

Crédit Photo : Denis Adam

Après avoir joué “Hold the Line” et “One Man Revolution, Tom Morello continue à interagir avec le public en proposant de composer en direct une chanson pour le Hellfest. Peut-être que c'était un peu préparé, mais la réaction du public montre que c'est un succès. Ensuite, c'est "Kick Out The Jams", une reprise du groupe punk MC5 souvent interprétée par Rage Against the Machine qui retentit. Morello en profite pour faire passer quelques messages politiques. Cette chanson capture parfaitement l’esprit contestataire et rebelle des années 1960. Des messages anti-Trump sont d'ailleurs diffusés sur les écrans en arrière-plan de la scène.

Un moment fort du set survient lorsque Tom Morello joue “Like a Stone”, rendant hommage à son défunt ami d’Audioslave, Chris Cornell. Le public accueille ce moment avec beaucoup d’émotion, alors que le chanteur défunt est mis en avant sur les écrans. C’est peu après cette chanson que Tom en profite pour nous montrer l’arrière de sa guitare, sur lesquelles est inscrite l'inscription “Ceasefire”. Un appel au cessez-le-feu à Gaza, qui est un moment encore très mémorable de son show pour faire passer un message fort aux festivaliers. Il faut le dire, Tom Morello trouve toujours le bon équilibre entre messages politiques subtils et bon rock ‘n’ roll. Et on peut saluer que l’artiste arrive à être très engagé et militant sans faire toutefois une croisade politique et des discours à n’en plus finir.

Crédit photo : Sara Jisr @Groovymochi

Peut-être que l'un des points faibles du set réside dans le fait que les chansons ne sont pas souvent chantées. Tom ou l'un de ses musiciens s'essaient parfois au micro. Mais la plupart du temps, le spectacle est quand même axé sur la performance instrumentale. En effet, la majorité des chanteurs des titres de Morello sont des invités ou des membres de ses anciens groupes. Ces derniers ne sont donc pas présents sur scène. Les chansons, notamment les reprises sont d'ailleurs souvent raccourcies pour éviter certaines parties chantées. 

Cependant, c’est sûrement la seule critique à faire ce soir à Tom Morello, tant il a réussi à enflammer la Mainstage. Une foule en délire notamment sur la dernière chanson que Morello présente comme une célèbre “chanson de funk française”. Personne ne croit à la blague, c’est bien une version karaoké de "Killing in the Name" qui va conclure le show.  Le public saute alors et danse dans une ambiance bon-enfant, sur un tube intemporel qui rassemble les générations. La chanson sera suivie du court “Power to the People” de John Lenon, en guise de générique de fin d'un set très réussi.

Si le personnage est parfois critiquable, son show aura fait l’unanimité. Merci Tom Morello ! Quant à l’avenir, reverra-t-on jouer Tom avec son groupe RATM ? L’intéressé a été clair en conférence de presse : “Si vous voulez des infos sur Rage Against The Machine, c’est Rage Against The Machine qui vous les donnera”. Le message est clair : la reformation, ce n’est pas encore d’actualité.

Setlist

Soldier in the Army of Love.
Vigilante Nocturno.
Medley : Testify / Take the Power Back / Freedom / Snakecharmer. (Rage Against the Machine song) --(Instrumental)
GOSSIP. (Måneskin cover)
Let's Get the Party Started
Hold the Line.
Secretariat.
One Man Revolution. (Tom Morello: The Nightwatchman song)
Kick Out The Jams (MC5 cover)
Medley : Bombtrack / Know Your Enemy / Bulls on Parade / Guerilla Radio / Sleep Now in the Fire / Bullet in the Head (RATM)
Like a Stone (Audio Slave song)
The Ghost of Tom Joad (Bruce Springsteen cover)
Killing in the Name (Rage Against the Machine song)
Power to the People (John Lennon cover)

Crédit photos : Denis Adam @d.adam.photography, Sara Jisr/@GroovyMochi 

Reproduction interdite sans l'autorisation du photographe. 



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...