Formé par des amis de longue date, Luca Santucci et Ben Fitzegerald, le duo anglais, après avoir bénéficié de très bonnes critiques outre atlantique, débarque enfin en France avec leur album éponyme, Stubborn Heart.
Sorte de catharsis pour tous les cœurs brisés, Stubborn Heart joue la carte de l'émotion étouffée et fragile plutôt que de miser comme beaucoup de groupes électro pop sur le côté dansant des beats synthétiques.
L'album mérite il pour autant tous ces éloges?
Oui et non. Certes, on a affaire à un album de bonne facture mais il reste tout de même perfectible. Ne serait-ce que par son début, trop mou et pas assez immersif; ce qui est bien dommageable puisque le groupe ne dérogera jamais à la règle qu'il semble s'être fixé : de la retenue, encore de la retenue, toujours de la retenue. On ne sort pas forcément gagnant à ce petit jeu là. Ainsi, on zappera sans vergogne les trois premières pistes, pour peu que l'on n'ait pas encore tout simplement arrêté la galette. Heureusement, le quatrième titre, "Interpol", réussit enfin à nous accrocher avec sa basse électro venue d'ailleurs et son ambiance nébuleuse.
Et le reste suit plutôt bien avec un trio gagnant niché au coeur de l'album. "It's not that easy" est sombre et torturé, d'une beauté noire incandescente; et est probablement le meilleur morceau du disque. S'ensuit "Starting Block" et son superbe beat, rehaussé par des mélodies toutes en finesse et une voix qui devient vite entêtante, oscillant sans sourciller des mediums aux aigus. On reprend son souffle le temps d'une instru aussi planante que boudeuse avec "Blow", seulement voilà, ni un "Head On" ni un "To Catch a Spark" n'arriveront à vraiment faire remonter la sauce. On se sépare toutefois en bons termes avec un "Need Someone" honnête quoiqu'un chouïa plus convenu que le reste.
Le groupe aurait sûrement gagné à ne pas tout miser sur l'émotion et la retenue, tant l'ensemble peine à convaincre. Un peu plus d'énergie, de rage, de passion aurait pu être bénéfique.
Rappelons nous toute de même qu'il s'agit d'un premier album. Alors, s'agit-il d'un révélation ?
Non. En tout cas pas aujourd'hui. Une révélation prochaine ? C'est tout à fait possible, et même probable, car le projet est intéressant, et au bout de quelques écoutes, vraiment plaisant. Il n'y a plus qu'à trouver ce petit plus qui semble manquer sur certains titres, et ne pas hésiter par ailleurs à pimenter l'affaire ça et là.
En bref, pour tous les amoureux de musique électro planante et plaintive comme ont pu nous en servir Craig Armstrong, Tindersticks, ou dans une autre mesure PVT, n'hésitez pas à jeter une oreille sur ce Stubborn Heart qui gagne non pas par KO, mais aux points.
