13 mars 2020… Alerte COVID ! On ferme tout ! Fini les concerts ! Rideau ! Comme les autres artistes, les Limiñanas sont au tapis. Fauchés dans une tournée avec le combo L’Epée aux côtés d’Anton Newcombe et Emmanuelle Seigner. Confinés à Cabestany ! Lionel et Marie ne se laissent pas abattre et se lancent dans un nouveau projet en compagnie de Laurent Garnier, qu’on ne présente plus dans le paysage électro français…
Quelques 18 mois se sont écoulés, l’album De Pelicula est sorti il y a quelques semaines et dans le monde réel on tente de retourner à un semblant de vie comme avant. Retour dans les salles obscures autorisé. Et à part un contrôle discret des précieux sésames sanitaires, une fois entré dans l’enceinte du Trabendo, retour dans un monde qui ressemble étrangement à celui que l’on a eu tendance à oublier pendant un an et demi.
On croise beaucoup de tête qui garnissaient déjà le dance floor de la Cigale ou du Trianon pour les concerts de l’Epée en décembre 2019. On se retrouve en famille. On boit un coup, on tombe les masques. Et dès 19h30, on peut retrouver Lionel Limiñana himself en train de passer des disques en guise de première partie. Heureux d’être là, il nous confiera préférer passer des disques en salle plutôt que d’être en proie à une attente parfois trop longue en loge. Vers 20h30, il quitte la cabine de DJ et, quelques minutes plus tard, le voilà prêt à en découdre sur scène armé de sa fidèle Telecaster noire. C’est parti…
Et disons le tout de suite afin de poser les bases, ce soir nous allons assister à un concert de rock ‘n’ roll. Pour cette collaboration avec Laurent Garnier, nous avons vraiment l’impression que le génie de l’électro s’est immiscé dans l’univers garage rock « velvetien » des Limiñanas. C’est vraiment autour de la musique répétitive et du riff que les nouveaux titres sont construits. Ici le beat ne sera pas assuré par une machine, mais par Marie et ses futs secondée par Mikey et sa Precision bass rouge.
Le concert s’ouvre sur deux morceaux du nouvel album. Cela pose les bases. Tout le monde sur scène semble ravi d’être là. Et cet enthousiasme est communicatif. Le Trabendo sold-out remue et frissonne de plaisir. Pour beaucoup de gens, c’est le premier retour en concert comme dans « la vie d’avant » et il est vrai que les premiers riffs de guitare ont une saveur toute particulière.
Le set est construit très intelligemment, bien équilibré entre les titres du nouvel album et les désormais classiques du groupe comme "Istanbul Is Sleepy" qui nous permet de retrouver au chant le petit nouveau du groupe Edi Pistolas, ex leader du groupe chilien Panico.
Pas de Laurent Garnier sur scène pour chanter le début de "Juliette dans la caravane"… Tant pis, Renaud suppléera à merveille. Le groupe est en place avec Lionel et Marie positionnés comme depuis quelques années en chefs d’orchestre au centre de la scène. "The Gift", enregistrée sur l’album Shadow People avec la collaboration Peter Hook (Joy Division et New Order) fera monter la tension d’un cran.
Placée en milieu de set, "Crank", reprise d’un titre garage punk de Lionel avec un de ses précédents groupe les Beach Bitches, ralliera tous les suffrages tant son énergie est communicative. Puis "Que Calor" embrasera définitivement le Trabendo. Le titre, premier extrait de l’album De Pelicula est fédérateur et Edi y donne le meilleur de lui-même. On en redemande…
Et on n’est pas déçu. "Au début c’était le début", titre chanté sur l’album par l’ami Bertrand Belin est un petit bijou, les paroles sont finement ciselées et le titre capte immédiatement l’auditoire dès la première écoute. Facile après d’enfoncer le clou en balançant "Ghost Rider", un classique de la période L’Epée.
Pour finir le set et bien rappeler l’entente cordiale entre les Limiñanas et Garnier autour de groupe comme Can, "Steeplechase" fera le boulot avec un final qui mettra tout le public en transe. N’étais-ce pas là, le but recherché ? Mission accomplie ! Les Limiñanas peuvent partir rassurés, cette release party est un succès… Mais le combo n’a pas encore tout dit. Les voilà qui reviennent pour goûter au plaisir de jouer devant une salle conquise.
"Tigre du Bengale", un titre de la première heure ouvre le bal avant qu’Ivan lâche sa guitare rose à pois multicolores pour s’avancer sur le devant de la scène et se muer en chanteur sur "Teenage Kicks", une cover des Undertones. Un standard punk qui va mettre le public du Trabendo sur les rotules.
Pour redescendre un petit peu, Marie va quitter ses futs et se charger elle-même des vocaux de "Je M’En Vais". Un moment très cool du concert. En espérant que cela donne envie à Lionel de l’imiter, lui qui pour l’instant ne prend pas le micro sur scène alors qui sa voix grave fait merveille sur vinyle.
Mais revenons au show. Pour plagier Bertrand Belin, « à la fin c’est la fin » et la fin chez les Limiñanas, rime souvent avec un "Train Creep a Loopin’" de feu. Ce soir au Trabendo, on ne dérogera pas à la règle. Les sept mercenaires sur scène envoient du gros son, poussent les amplis dans leurs derniers retranchements, la pédale fuzz Big Muff Sovtek de Lionel tourne à fond. Heureusement que la solidité de ces effets n’est plus à démontrer tant elle est soumise à rude épreuve.
Résultats des courses, les Limiñanas ont rassuré les fans de la première heure, conquis les nouveaux venus et au final nous ont délivré une belle dose de musique rock ‘n’ roll. Merci les Limiñanas et bon retour à Cabestany. Ah, pour ceux qui auraient loupé le show, séance de rattrapage à Paris le 6 décembre au Trianon !