C’était le 21 décembre dernier je crois, dans cette salle maudite dont on chuchote le nom à voix basse en faisant des signes de croix… La Scène Bastille.
Nom de D…, cette histoire est tellement invraisemblable que j’ai peine à y croire moi-même ! Pourtant, j’e n’ai pas rêvé, je suis sûr que je n’ai pas rêvé…
Je les ai vu je vous dit…
Je les ai vu comme je vous vois. Mais bon sang, comment vais-je vous décrire ces êtres improbables, aux noms parfois à la limite du prononçable (comme celui du bassiste: Tsjalke), capables de transformer une loge de salle de concert, en bar-brasserie Nîmois un jour de féria?
Comment vais-je surtout vous donner un aperçu, ne serait-il que fugace, de ce qu’ils sont capables de produire en terme de prestation scénique? Comment pourrais-je restituer avec un tant soit peu de fidélité leur potentiel hypnotique totalement hors du commun ?
Car ces garçons vous captent, vous aspirent lentement, lentement, patiemment. A mesure qu’ils déroulent leur set maléfique, vous vous oubliez peu à peu.
Les rythmes atypiques comme sur Amused (le chef-d’oeuvre), s’installent dans vos cadences intimes, s’invitent en vous, prennent possession de vous, et n’en sortent que pour laisser place au suivant. Vous leur appartenez.
Et n’allez surtout pas imaginer, vous qui avez écouté Digitally passed on et qui y avez décelé à juste titre des accents prog-rock, que vous allez assister à un concert d’intellos blasés, jouissant de leur savoir et corsetés dans leurs structures de musiciens autistes. Non… Que non. Vous allez retrouver les morceaux que vous avez adoré (Amused, Scrambler, Embrace, Past verb) armés d’une rage et d’une énergie que vous ne pouviez même pas leur soupçonner.
Vous verrez du Rock.
Vous verrez Tsjalke (comment fait-il cet animal pour faire tout ce qu’il fait sur scène?) les cheveux embrasés, distribuant la rondeur et la puissance sous vos pieds et jusque dans vos cages thoraciques gonflées à bloc, à l’aide d’ une basse sortie des enfers.
Vous verrez aussi, si vous avez le temps, Johan , dont vous n’apercevrez guère que les mains, armées de baguettes véloces comme des fées, exécutant dans leurs forêt de cymbales un mystérieux sabbat expiatoire.
Et vous le regarderez, celui là, Erik, les yeux pratiquement toujours clos, ventiler ses arpèges magiques avec l’intraitabilité d’un métronome; vous le regarderez et vous vous demanderez si c’est bien de ses doigts que sortent ces sons aériens et souples, langoureux et perçants comme le chant du cristal. De ses mains sortent des serpents qui vous hypnotisent.
Et puis vous regarderez beaucoup enfin ce Ralph, le chanteur, le sorcier en chef. Vous verrez comme il disparaît dans les fumées de cigarettes (Oui, ils clopent allègrement sur scène) les flashes éléctriques et les stridences colorées, pour réapparaître devant son micro au gré d’une accalmie sonique, ou devant le piano pour une soudaine ballade enchanteresse. Vous verrez comme il saît vous emmener où il veut, quand il veut, avec cette lueur maligne dans l’oeil, l’étincelle des fous (celle des génies peut-être?)…
Vous me trouvez trop élogieux, hein? Vous vous dites que j’en fais des caisses? Qu’importe… Moi et quelques autres (trop peu nombreux), nous avons vu. Nous avons vu et nous gardons en nous la magie de ce concert du 21 decembre.
Et une chose est sûre, c’est que si vous avez la chance de pouvoir les voir en France, n’hésitez pas. Allez y, courrez y, soyez là et vous verrez… Vous verrez des magiciens, il n’y a pas d’autre mot. Vous verrez Sweet Assembler, et vous n’en reviendrez pas.
Je les ai vu je vous dit…
Concert du 21 decembre 2007- Cosmos
Liens:
Sweet Assembler.com
Discographie:
0.1 (2004)
Digitally passed on (2006)