Redlight n’est pas un groupe de rock. Pas vraiment. Pourtant, ils ont tout à fait leur place parmi nous. Redlight est surtout un groupe à l’identité bien forgée. A l’instar d’Everlast, qui a trouvé son style en redécouvrant le blues, les musiciens laissent ici s’exprimer plusieurs approches différentes de la musique pour un résultat très séduisant car d’une grande maturité. Electro-hip-hop avec une pointe de rock (le grain du chanteur fait même carrément penser à Eddie Vedder de Pearl Jam par moments) et quelques autres trucs, les marseillais pratiquent leur style avec sérieux et dévotion. Leurs premières réalisations montraient déjà une forte personnalité, mais n’étaient pas exemptes de petits défauts de jeunesse. Avec Astronauts le bien nommé, c’est véritablement vers d’autres cieux que le groupe s’est élevé. L’album tient ses promesses, et s’il n’intéressera peut-être pas les puristes d’AC/DC (encore que « I am revenge » pourrait leur faire bouger la tête), devrait taper dans l’œil et les esgourdes de beaucoup d’autres. Ce deuxième album, qui sort après une longue attente, sera disponible le 21 janvier chez M and O Records. La progression est flagrante, et les promesses pour la suite n’en sont que plus belles.
Parvenir à s’exprimer musicalement, définir son style quand on choisit de laisser s’exprimer des influences variées, ça implique de trouver un équilibre. Difficile de trouver le meilleur compromis, de proposer quelque chose d’original sans oublier de pondre de bonnes chansons ! Pourtant, sur leur 3e réalisation, les Redlight ont atteint cet objectif et ont touché en plein cœur de la cible. De leur cible, celle qu’ils s’étaient choisis. En tous cas je ne vois pas d’autre explication. Oui, je connais mal ce groupe, jamais pris le temps d’écouter vraiment, par contre y a des potes qui en causent depuis longtemps, comme quoi les gars sont bons et qu’ils ont un gros potentiel. C’est vrai, pour sortir ce Astronauts, fallait du talent et du boulot. Car on a là indéniablement droit à des chansons dont le côté épuré parvient à faire ressortir les mélodies. Ces mélodies qui habitent un chant implacable, parfois plus parlé que chanté bien que jamais réellement rappé (pas de façon conventionnelle en tout cas).
Les allergiques au hip-hop peuvent respirer, il n’y aura pas nécessairement de problème d’incompatibilité. Car à l’instar d’un dEUS (en moins barré tout de même), Redlight se ballade volontiers, et un titre aussi implacable que « Take a sit » peut côtoyer sans problèmes une chanson pop et ses arrangements aux vents comme « This world ». Bien sûr, entre les deux, il y aura eu ce qu’il faut pour que la transition s’opère naturellement. Notamment « Snowline », peut-être le titre le plus marquant car le moins attendu. Cette montée en puissance plaintive de près de 7 minutes et son solo sur fond d’ambiance western détonnent de façon bienvenue après une entrée en matière efficace (« Faulty Track », le très électro « Charlie Chaplin disco mobile », le single "Dust"...).
Histoire de finir en beauté, Redlight sort les guitares sur « I am revenge », déjà cité, et surtout un « Backward Evolution » tout en rage froide, avant de préparer son départ vers l’espace en revenant à un ton plus doux sur la chanson titre « Astronauts ». L’acoustique « Comet » laisse l’auditeur se relaxer tranquillement maintenant qu’il a décollé. Mais attention messieurs, nous risquons de devenir de plus en plus exigeants. Après un 2e album de cette tenue (même la pochette claque !), il va falloir concrétiser nos rêves les plus fous. Faire des putains de concerts, attirer de plus en plus de monde, et quand ce sera fait, sortir un 3e album qui montrera la même marge de progression que celle enregistrée ici. Car maintenant que vous êtes partis, il va falloir s’élever jusqu’au bout, très haut dans les étoiles.