Ragnoutaz : n.f.p Chaleurs et souffrances menstruelles de trois femelles provoquant un comportement hysterico-electro-punk hors-propos. Ety : du vieux norrois « Raggh Njout Aaaaahhhhh » Lit. « ça va saigner!! » Cri poussé par les femmes vikings pour faire peur à l’ennemi. Voici le préambule qui sert de présentation sur leur site web aux trois Ragnoutaz, Z Mohd Farooqi (chanteuse), Patsy Stone (guitare et programmation) et Lady M (basse).
Un rapide coup d’œil à la pochette nous conforte dans notre hypothèse première. Ces Ragnoutaz ont l’air totalement barrées. Fallait oser le coup du tampon. Moi ça m’a fait bien rire. De plus, même si certains ne verront ici que les digressions d’un fan du dirigeable, cette pochette d’un mauvais gout certain me fait penser à celle du premier Led Zeppelin. Sur un prochain EP on aura peut-être un tube de Spasfon… Les titres et les textes enfoncent le clou. Forcement, on pense immanquablement aux Cramps qui avaient déjà utilisé le cycle menstruel comme fond de commerce. Ca n’a pas mal fonctionné pour eux.
Coté musique, on se démarque des autres groupes du moment. C’est bien fou furieux. Ca déboule vite. Un chant hystérique emmène le groupe et le porte à travers une douzaine de titres tous plus foutraques les uns que les autres. Le coté punk rock est (heureusement pour moi) bien plus en avant que le coté électro. Des morceaux comme "There Will Be Blood" envoient furieusement du bois. Ca me renvoie immédiatement à Pravda qui a eu son heure de gloire il ya quelques années en arrière. C’est du bon punk tendance riot girl. De toutes façons, dès qu’il ya une fille un peu énervée qui braille sur des guitares distordues, je suis fan ! Ce "There Will Be Blood" en ouverture annonce bien la couleur : rouge évidemment !
Avec ces Ragnoutaz, on ne s’ennuie pas. Les morceaux sont bien troussés et sortent des sentiers battus. "I’m On The Rag" notamment avec ses guitares punkisantes respire le déjanté. J’aime beaucoup. Les paroles réalistes en français sont du plus bel effet mélangées à l’anglais, majoritaire dans les textes. Pour ceux qui en douteraient encore, le thème de prédilection tourne autour du cul au sens large. On est vraiment dans l’esprit d’une Joan Jett ou d’une Cherie Currie revues à la sauce 21ème siècle.
Certains titres comme "Lexi" sont plutôt dans l’esprit garage sixties. La mélodie est travaillée. C’est super entêtant. "Blow Your Head" ou "Halway" avec cette voie aiguë, rappellent parfois les Trashwomen et leur fabuleux "Perversion" ou encore les Brood, grandes figures du garage girl eighties et nineties. On retrouve avec "Boy Cheerlader" et ses propos très crus, une relecture du classique "Gloria" où les filles égrènent les lettres de leur nom comme dans le morceau original !!! R, A, G, N, O, U, T, A, Z !!!! Marrant.
"Shake It" et "Meat Market" ne sont pas en reste. Ces jeunes Ragnoutaz sont en quête de viande fraiche. Messieurs, qu’attendez-vous pour leur en donner !!! Apparemment, elles en redemandent ! Leur morceau "41 Year Old Woman" est encore un petit brûlot garage punk qui vaut par les cris et les voies ces jeunes filles éplorées et effrayés par une ménopause signifiant leur mort certaine.
Autre corde à leur arc La pop « gainsbougienne ». Malgré son Intro batterie électronique, "Dance and suffer" a tendance à virer rapidement vers des passages chantés en français qui rappellent le grand Serge, La Position Du Tireur Couché (qui après son fabuleux Acapulco annonce pour bientôt la sortie du successeur) ou encore les récemment très populaires Liminanas. Excusez du peu.
Beaucoup de belles promesses a travers ce premier effort pour ces Ragnoutaz qui en plus de talent musicaux sont en train de créer un univers bien barré autour de leur groupe. Cela pourrait bien les aider à sortir du lot pour s’imposer rapidement sur le devant de la scène.
Pour être encore meilleures, une seule solution, virer l’électronique et trouver une batteuse ! Ca y est j’ai réussi à placer ma haine de la machine. Pourquoi faire electro-punk quand on peut être punk a part entière ? N’empêche qu’à l’instar de groupes comme Tu Seras Terriblement Gentille il y a quelques années, ces Ragnoutaz devraient rapidement faire de l’œil et plus si affinité à des écuries comme Born Bad, en général friandes de ce genre de sucreries.
Toutes les photos sont faites par "Léo Photos" et utilisées avec l'aimable autorisation du groupe.
