Tu vois, Tuco, le monde se divise en deux. Il y'a les purs, les durs, les tatoués; les rockers et punks de la première heure qui savent balancer la sauce quand il faut. Et pis de l'autre côté, y'a les hipsters branchouilles biberonnés au rock électro bien dansant façon Friendly Fires.
Eh bien sache que désormais mon cher Tuco, le monde devra se diviser en trois, parce que Mnemotechnic est passé par là avec son Awards ravageur.
Ravageur, il l'est. Que ce soit dans l'agressivité frontale d'un "Pills", le beat disco et dansant de "Dear brittle lights", ou la nervosité indie rock que ne renierait pas Bloc Party. Et il n'y aura pas de pitié pour les faibles. Ici, on joue au quitte ou double. A peine terminées les deux petites instrus de l'album pour reprendre son souffle que la séance de baffes sonores reprend, tout cela sans aucune baisse de régime. L'album est ainsi viscéralement tordu par son besoin d'urgence.
Il n'y a qu’à jeter une oreille sur "Penny For Belief" pour se rendre compte de toute cette tension qui in fine lasse l'auditeur. Awards est un ride en ligne droite qui ne supporterait sûrement aucun retard. Il est malpoli, dans le sens où il n'a que faire de vous embarquer dans son sillon. Il fera avec ou sans vous. Alors au bout d'un moment, ce martèlement constant fini par assommer plus qu'autre chose, et même la voix de chat étranglé du chanteur ne pourra vous sortir de votre engourdissement auditif.
Heureusement, il reste des outro dantesques comme celle d'Empty Page, et l'album affiche sans aucun doute une belle maturité. Le son est propre, soigné et personnel.
C'est donc un projet qui tient la route, avec une main de fer dans un gant d'acier. Espérons simplement qu'avec le temps, Mnemotechnic calme un peu ses ardeurs sans pour autant renier ses ambitions et continue de nous surprendre en évitant au passage de nous exploser gentiment la tête.