Djul, ce nom ne vous dit rien, mais Alpha Blondy, sans doute plus. Julien Lacharme, de son vrai nom, est membre du Solar System qui accompagne la légende du reggae, mais il est également guitariste d'Inuendo, de Nudje, et on en passe. Le guitariste a profité d'avoir un peu de temps libre pour réaliser un projet qui doit trotter dans la tête de nombreux gratteux : un album solo instrumental. Sachant que les principales influences de notre ami se nomment Steve Vai, Joe Satriani, Jimmy Hendrix, Toto ou Led Zeppelin, on comprend mieux. Ses premiers amours sont incontestablement à chercher du côté du rock. Pourtant, Djul s'est rapidement tourné vers d'autres styles, faisant preuve d'un éclectisme qui force le respect : country, jazz manouche, folk, reggae, rock/métal... Autant dire que de la part d'un pareil touche à tout, on epère quelque chose de plus original qu'une simple collection de cavalcades plus ou moins inspirées. Parce que les albums de guitare instrumentale, soyons honnêtes, ça peut vite devenir chiant.
Des cavalcades, il y en a quand même des belles. Sans aller jusqu'à faire de l'ombre à ses illustres modèles, Djul est un sacré putain de guitariste et, puisqu'il s'agit quand même de son projet de A à Z, il se fait plaisir à envoyer quelques descentes de manche ultra-rapides qui auront tôt fait de rassurer les sceptiques : niveau maîtrise, y a pas grand chose à dire (mais on s'en doutait un peu). Et comme déjà précisé, il ne suffit pas d'être un tueur de la 6-cordes pour pondre des compositions qui peuvent prétendre plaire aux non-guitaristes. A ce niveau-là, on est assez vite rassurés également. L'album est un mélange équilibré de titres très orientés guitare (de grande qualité) et de compos plus délirantes. L'excellente "Talk with the devil", avec ses sonorités jazz/funk, a ce qu'il faut pour mettre le sourire à un troupeau de zombies. Chaudement recommandé pour se ballader en ville ou ne pas sombrer dans la déprime dans le métro ! "No one is there" est du même tonneau, et les virtuosités guitaristiques se mêlent parfaitement à une basse endiablée réhaussé par d'excellents cuivres.
Vous l'aurez bien sûr compris, Djul laisse s'exprimer son éclectisme et réalise ici un mid-tempo à base de samples, là fait pleurer sa guitare dans un style plus typique guitar-hero, avant de balancer du groove imparable en veux-tu en voilà. En évitant de s'enfermer dans un style, dans l'esbrouffe technique ou dans des trucs tellement sophistiqués qu'il faut avoir des années de gratte derrière soi pour en capter l'intérêt, le guitariste parvient à sortir un album de guitare instrumentale qui reste agréable du début à la fin, aussi bien pour les amoureux de l'instrument que pour les amoureux de musique. Tout juste peut-on regretter une fin d'album un peu molle, qui manque peut-être d'un titre groovy de plus et préfère se concentrer sur des titres plus conventionnels du "gratteux en roue libre". Mais pour le reste, voici du rock frais et éclectique de la part d'un bonhomme qui se fait plaisir et qui fait plaisir. "Out of bounds", loin des querelles de chapelle.
NB : l'album est d'ores et déjà dispo en digital et srtira le 27 mai en physique.
