Selon Galien de Pergame, après le coït, tous les animaux - ou presque - sont tristes. Même constat après ce concert d’Animal Triste ; le public de la Maroquinerie a paru effectivement fort chagriné. C’est que ces amateurs de gros son en demandaient encore ! Ce fut moins le cas de votre serviteur, qui, s’il a apprécié la fougue des Normands et le charisme de leur frontman Yannick Marais, a quand même failli y laisser ses tympans… Mais qu’on se rassure, Animal Triste, dont les membres se proclament “enfants du rock", est véritablement un groupe taillé pour les aficionados de LGR et des résistants du genre à rallumer la flamme avec leur son brut de décoffrage !
Aña - aka Amandine Fontaine-Rebière & David Fontaine - officiait en première partie, invité par Animal Triste. Un duo basse / batterie qui distille une musique portée par la voix lancinante d’Amandine. Malgré une frappe à coup de mailloches plutôt sévère de la part de David, l’ambiance est assez froide. Ça se réchauffe lorsqu’au milieu du set, ils se mettent à échanger leurs instruments. Amandine semble plus à l’aise à la batterie et David arrive à tirer partie de l’impressionnant pédalier, avec un belle maitrise d’un jeu en accords. Tous deux trouvent véritablement leur rythme et la sauce prend pour le public, même si l’interaction avec ce dernier se limite à un “vous êtes très beaux” de la part d’Amandine.
Animal Triste, combo de potes rouenais issus de formations diverses (La Maison Tellier, Radiosofa, Darko et Dallas) se revendique post-punk, et l’est d’entrée de jeu du point de vue du volume sonore ! De notre place habituelle, à côté de l’enceinte de droite, on doit d’abord reculer de quelques mètres. Puis carrément monter sur la coursive qui court le long du fond de la salle, pour finir dos au mur à ressentir les coups de boutoir sonores. Ça joue très très fort, mais Yannick Marais au chant parvient dès le premier titre à surfer sur la vague sonore de ses cinq compères. Si tu tiens à tes esgourdes chroniqueur, t’avais qu’à pas oublier tes bouchons ! Trois guitares tonitruantes, associées à un duo rythmique fracassant, ça envoie du watt.
On avait lu dans une brève de Télérama annonçant le concert, que nos animaux pas tristes se réclamaient entre autres de Nick Cave. C’est sans doute vrai pour le chant habité de Yannick Marais, mais en live, on opterait plutôt pour une autre de leur référence, les Black Rebel Motorcycle Club. Yannick nous le confirme en précisant que sur “Tell Me How Bad I Am”, Peter Hayes était effectivement de la partie. Une autre influence pointe le bout de son museau dès le troisième titre, Springsteen le Boss himself dont il livre une superbe version de “Dancing in the Dark”. Une basse, plombée forcément, introduit un “Mary Full Of Grace” où il est question d’un feu qui brûle, forcément aussi…
“Sky Is Something New” qui suit, donnera un peu de mou à nos bouchons d’oreille. Les guitares se mettent en retrait du clavier de David Faisques, pour mieux revenir en force. Yannick Marais vit tellement l’histoire qu’il chante, qu’il en martyrise violemment son épaisse chevelure. D’énormes coups de grosse caisse bastonnant un riff entêtant lancent le brûlot suivant, un blues rock déviant qui atomise la Maroq’ et la place en orbite noisy. Et on ne descendra pas avant le rappel, “Amor bay” faisant figure de ballade à la Jeff Buckley, tellement la batterie s’efface. Mais Yannick Marais rassure le public ; “On va pas se quitter là dessus !” et nos normands de repartir de plus bel avec un “Darkette” endiablé !
Set List
Machine Love
Out Of Luck
Dancing In The Dark
Mary Full Of Grace
Sky Is Something New
Tell Me How Bad I Am
Vapoline
Afterlife
Shake Shake Shake
Evil
Play God
————
Amor Bay
Darkette