Bhopal’s Flowers, fondé en juillet 2011, a srti son 3e album en février 2013, soit à peine plus d’un an et demi plus tard… Une erreur dans l’énoncé ? Plutôt le signe d’une hyper-activité débordante. C’est sûr que le quintet emmené par Lionel Pezzano (qui a déjà largement fourbi ses armes au sein d’autres combos) ne perd pas de temps et a déjà largement roulé sa bosse sur les routes de France, en plus de retourner régulièrement en studio pour essayer de nouvelles choses. Concrètement, le groupe nous propose un rock/pop avec des influences électro mais n’hésite pas à aller piocher ici et là (ska, post-punk, rockabilly…), en faisant notamment appel à un clavier et, plus étonnant mais fort agréable, à une section cuivre. Beaucoup de bonne volonté, de travail, d’envie… pour un résultat qui possède les défauts de ses qualités. A moins que ce ne soit l’inverse ?
Commençons par les qualités : le groupe a notamment fourni un gros effort sur les arrangements. Que ce soit quelques notes de piano judicieusement placées pour relever un riff de guitare avant que le synthé ne vienne mettre un gros peps sur le refrain (« Neopepsico »), ou l’apport des cuivres qui savent aussi bien se faire festifs (« Hollywood Scene », « Girls dancing rock’n roll ») que langoureux (« Finally »), voire des petites percus sympas et toujours des sons de synthés adaptés à l’ambiance du moment. Autre grande force, cette capacité de passer d’un registre àl’autre sans que l’on ressente jamais de cassure ou de côté fourre-tout. Passer d’un titre purement rock’n roll à un titre en mode pop british années 80 (« Christmas falls »), c’est étonnant. Et le plus étonnant c’est que ça fonctionne. Nul doute que le groupe a beaucoup bossé. Mais comme on l’a dit, il y a également plusieurs sujets qui fâchent.
Le premier est sûrement le plus délicat : les mélodies manquent du relief nécessaire pour réellement marquer. Le tout s’écoute agréablement, mais manque de mordant, malgré quelques trucs un peu plus couillus ici et là, comme ce break sur fond de guitare distordue qui fait du bien sur « Man manoeuvred split ». A ce titre, la voix de Lionel Pezzano manque de patate pour s’imposer, d’autant plus qu’elle est très régulièrement ponctuée d’effets en tous genres qui finissent par devenir too much. Ensuite, la production est assez faiblarde. Certes, on se doute bien que le groupe n’a pas des moyens énormes, mais le mix a un peu été fait avec les pieds, ce qui nuit d’autant plus à des chansons sympathiques mais loin d’être mémorables. Bhopal’s Flowers n’en dispose pas moins d’une certaine aisance, mais on se demande tout de même s’il n’aurait pas mieux fait de prendre davantage son temps au lieu de ruer dans les brancards, afin de travailler plus calmement sur ses compositions.
Au final, ce Daydreamers, s’il ne possède pas la maturité que l’on pourrait attendre d’un 3e album, n’est pas désagréable à écouter, et nous laisse penser que le groupe pourrait même nous réserver quelques surprises. Mais il doit davantage être considéré comme le premier véritable album du groupe qui, on l’espère, se servira de cette expérience pour prendre le recul nécessaire afin de se remettre en question. En l’état, Bhopal Flowers a de nombreux défauts à corriger, mais reste un groupe sympathique dont on guettera les prochaines aventures avec une certaine curiosité.
6,5/10