Déjà le 8e album des gallois qui, cette fois, auront pris leur temps avant d’effectuer leur retour discographique. Un délai peu étonnant, parce qu’il faut bien reconnaître que les Stereophonics mènent leur carrière à un rythme de sénateur depuis déjà de nombreuses années, en proposant des albums qui se ressemblent de plus en plus, la fraîcheur en moins. Sans remettre en cause les qualités du groupe, au premier rang desquelles la voix de Kelly Jones, qui a cette capacité de transformer des compositions anodines en chansons attachantes, le groupe se contente du minimum syndical depuis déjà quelques temps. Et aussi sympa que puisse être leur son, la lassitude pointe clairement le bout de son nez. Et puis un premier single, « In a moment », est venu nous titiller les esgourdes, et notre intérêt par la même occasion.
La chanson nous rappelle pourquoi on accroche à la musique du groupe : pour sa capacité à pondre des chansons mélancoliques super accrocheuses que l’on envie tellement à nos voisins britanniques. Un riff simple mais bien amené, suffisamment heavy pour ne pas tomber dans le pathos, des paroles chantées sobrement mais avec conviction, il n’en faut finalement pas plus pour que l’on tombe de nouveau sous le charme et que l’on s’intéresse de plus près à ce Graffiti on the Train au titre mystérieux. D’où vient-il ce titre d’ailleurs ? De jeunes gens que Kelly Jones a surpris sur son toit et qui ont souhaité le rassurer rapidement : ils ne venaient pas le cambrioler, mais taguer les trains auxquels ils pouvaient accéder par les toits ! De cette anecdote est venue l’histoire d’un jeune homme qui tague les trains pour écrire à sa copine et qui tombe du train le jour où il la demande en mariage. Et zou, un voyage initiatique et les changements d’ambiances qui vont avec ! Car alors que le premier extrait aurait pu laisser penser à un retour aux sources, l’album s’avère étonnament varié, voire fourre-tout, pour ne pas dire franchement inégal.
Ce 8e effort comporte indéniablement son lot de bons moments, avec notamment la chanson titre, du Stereophonics pur jus fort agréable, « Catacomb » et son côté plus remuant, ou la superbe « Violins and Tambourines », magnifiée par des arrangements de cordes bien trouvés. Le compositeur de bandes originales David Arnold a collaboré avec le groupe et son apport donne un petit rendu cinématographique au titre tout à fait bienvenu. Mais pour ces quelques instants de grâce, on aura droit à de l’anecdotique, comme « Take me » ou le blues fainéant de « Been caught cheating » qui n'apportera pas d’eau au moulin. Même le 2e single, « Indian Summer », s’avère terriblement niais et à côté de la plaque. Certes, Stereophonics n'a jamais été un groupe génial, mais suffisamment doué pour pondre des chansons et albums de grande qualité. Ils auraient ainsi largement pu éviter ce genre de travers. Ce n’est donc pas encore avec cet album que le groupe nous montrera de nouveau son meilleur visage, malgré quelques titres très réussis qui nous laissent espérer un éventuel véritable retour en forme. Un jour, peut-être...
6,5/10