Ah qu'il est beau et doux le mélange des genres, aussi bien géniteur d'improbables sonorités bruitistes que de cocktails dont on ne soupçonnait pas la voluptueuse puissance.
AsOne décide donc de mêler de la poésie récitée (mais peut-être pourrait on plus simplement dire Slam) avec une belle voix soul ainsi que des beats légèrement electro, le tout saupoudré de guitares indus acérées.
Bref, autant dire que c'est un peu le mélange des mélanges. Se décrivant comme trip-hop, le groupe ne peut pourtant pas prétendre à une sonorité typique de ce style, ce qui n'est d'ailleurs pas un mal. Ceci étant dit, que donne la recette?
Dire que l'ensemble est fluctuant tient de l'euphémisme. Ne serait-ce que par certains mélanges ratés, à savoir une voix soul sur des gros accords de force saturés ("Heras et Ben et Ablass") qui manque tout de même d'un peu de pêche, ou bien l'omniprésence parfois incongrue de la voix parlée (avec un de ces accent à couper au couteau, pas étonnant que les anglais se foutent de notre gueule !) qu'on aurait aimé plus discrète.
Ces petits défauts viennent donc gâcher quelque peu l'écoute de morceaux dans l'ensemble bien sympathiques, quoiqu encore un peu immatures ("Ode to music", le morceau de début de groupe par excellence). Mais que reste-il donc à sauver me direz vous?
Il suffit d'écouter le titre éponyme "AsOne" pour se rendre bien compte de tout le potentiel du groupe. Ambiance vénéneuse, voix ensorcelante parfaitement contrebalancée par la musique, on sent à travers ce titre un véritable style, une belle patte artistique.
Même chose avec un "Brain Disorder" casse-gueule mais assumé jusqu'aux bouts des ongles. Tant mieux, la folie ne connaît pas la pudeur.
En résumé, le groupe aurait sûrement gagné à condenser cet EP bien trop long ou LP largement trop court et ne garder que les morceaux les plus aboutis. Tant pis, on se dit que ce n'est que le début, et que notre curiosité a quand même été sacrément titillée.